La doctrine Trump, les provocations dangereuses et la retenue israélienne
La proclamation du Président Trump sur Jérusalem suscite toujours des protestations et des remous, malgré les clarifications sur la nouvelle stratégie américaine dans le monde, leur veto au Conseil de sécurité, et la prochaine visite du vice-président Pence dans la région.
En réalité, les discours, les condamnations et les diatribes n’ont pas réussi à mobiliser les millions de musulmans dans les rues. Les manifestations dans les capitales furent ponctuelles et passagères.
La colère et la rage des Palestiniens et les promesses du Hamas et du Hezbollah « d’ouvrir les portes de l’enfer » se limitent à des jets de pierres et des coups de poignards, ainsi qu’à des tirs sporadiques de roquettes dont la plupart sont interceptées automatiquement par Dôme de fer.
Les leaders arabo-musulmans réunis en séance extraordinaire à Istanbul comme ceux rassemblés à Ramallah ou Gaza continuent à lancer, sans-cesse, des appels à la lutte armée sans obtenir les échos espérés.
Ils appellent en vain à libérer la « Jérusalem musulmane », et demeurent impuissants face à l’indifférence de leur peuple. Depuis le fameux Printemps arabe, la majorité écrasante de la population arabe est plongée dans le désespoir et la misère, déconnectée des dirigeants, rassasiée des promesses, et écœurée de la corruption, mais surtout effrayée par une riposte foudroyante de Tsahal. Même les tunnels, seul atout stratégique du Hamas, sont dévoilés et explosent au grand jour.
Que reste-t-il donc à faire sinon de parler d’injustice, d’aller pleurnicher à Paris, à la Cour internationale, et aux Nations-Unies, de falsifier l’Histoire et tromper l’opinion et les chancelleries par de grossiers mensonges. L’ambassadeur de France à l’ONU déclare que « Jérusalem est la clef de la paix entre Israéliens et Palestiniens » et que la rupture dans la politique américaine « nous ramène un siècle en arrière. Sans accord sur Jérusalem, il n’y aura pas d’accord de paix ».
Benjamin Nétanyahou et Emmanuel Macron à l’Elysée, le 19 décembre 2017 (GPO)
A quoi sert donc le dialogue ? Les plans de paix et les initiatives nouvelles ? Pourquoi entamer un processus si l’on n’accepte pas, dès le départ, que Jérusalem est en effet la capitale de l’Etat juif ? Par cette position, la France n’encourage-t-elle pas le refus palestinien à toute concession ? Comment sortir de l’impasse justement pour pouvoir mettre un terme à cent ans de conflit ?
En fait, et devant la doctrine Trump, que pourront faire tous les Abbas, Hanié, ou Nasrallah sinon de prononcer des diatribes. Menacer à chaque fois de « rayer l’entité sioniste de la carte et d’éradiquer ce corps étranger et cancéreux du Moyen-Orient arabo-musulman. » C’est pathétique, on entend la même rengaine depuis 1948. Combien de fois peuvent-ils jeter les Juifs à la mer ?
Quant au nouveau sultan ottoman, Erdogan, il est sans doute le dernier à donner des leçons de morale. Comment ose-t-il nous accuser de « terrorisme d’Etat et de tuer de pauvres enfants ? » A-t-il, par sa flagrante mauvaise foi, oublié le génocide arménien ? Le massacre des Kurdes ? Les arrestations d’opposants ? La torture et l’injustice illustrées par les images du film d’Alan Parker, Midnight Express ? L’ardent désir d’ouvrir une ambassade turque à Jérusalem-Est n’est qu’un pieux rêve qui ne sera jamais réalisé tant qu’Israël demeure souverain dans sa propre capitale unifiée.
Certes, il ne faut pas prendre à la légère toutes ces menaces et les tirs quotidiens des roquettes. Tsahal envisage toutes les options et riposte ponctuellement contre des cibles terroristes. C’est clair, aucun gouvernement israélien ne souhaite l’escalade. Nous avons déjà connu plusieurs rounds puis une trêve imposée en obtenant les mêmes résultats. Une nouvelle guerre à Gaza contre le Hamas ou contre le Hezbollah au Liban devrait être la dernière. L’objectif ultime n’est pas seulement de dissuader, de gagner des points, et de reporter sine die une nouvelle confrontation militaire. Le but du prochain round devrait être décisif car chaque bataille doit s’acheminer par une victoire écrasante en mettant KO l’adversaire. Le match nul n’existe pas dans la stratégie militaire. Ce n’est qu’après la victoire que nous pourrions parler d’armistice à long terme.
Rappelons que durant la Première guerre du Golfe, le gouvernement d’Itzhak Shamir avait adopté la politique de la retenue qui fut imposée par l’administration Bush. Shamir a grincé des dents et n’a pas riposté contre les tirs des missiles Scud. Il a laissé aux Américains le champ libre dans leur combat contre le régime de Saddam Hussein. Cette attitude est bien révolue. Aujourd’hui, nous sommes en meilleure posture et nos décisions sont coordonnées parfaitement avec les Américains. Qu’on le veuille ou non, le Président Trump est le leader du monde libre. De nombreux pays dépendent de la diplomatie et de la politique planétaire de l’Amérique, et de ses « caprices » aussi.
Benjamin Nétanyahou et le président Donald Trump, 19 septembre 2017 (GPO)
Le vice-président américain Pence attendu au début de l’année prochaine est le bienvenu en Israel, et pourtant, il est persona non grata chez les Palestiniens. Pourquoi les leaders du Hamas et du Fatah poursuivent-ils leur refus et ratent-ils une fois encore les rendez-vous de l’Histoire ? La raison est simple, ils refusent tout compromis. Ils ne font aucune distinction entre les quartiers Est de Jérusalem, et ceux situés à l’Ouest, pour eux toute la Palestine « de la mer au fleuve » est musulmane.
En réalité et selon la nouvelle doctrine Trump, les Etats-Unis ne considèrent plus le dossier palestinien comme une priorité. Il ne représente pas le cœur de la confrontation au Moyen-Orient. Il existe de nombreux conflits plus importants qui menacent vraiment la paix. Seuls les Etats-Unis peuvent être garants de stabilité dans le monde, et sont les seuls qui pourront servir d’arbitre, investir des fonds, notamment pour faire avancer le processus de paix avec les Arabes. Les Russes, les Chinois et mêmes les Européens le savent parfaitement même si parfois ils ont cette ambition.
En conclusion, les Palestiniens n’ont d’autre alternative que d’accepter la médiation américaine. Ni la campagne de délégitimation, ni les résolutions des Nations-Unies ne peuvent leur apporter une légitimité de vivre côte à côte avec les Israéliens.
Freddy Eytan
Pour citer cet article :
Freddy Eytan, « La doctrine Trump, les provocations dangereuses et la retenue israélienne », Le CAPE de Jérusalem, publié le 19 décembre 2017: http://jcpa-lecape.org/la-doctrine-trump-les-provocations-dangereuses-et-la-retenue-israelienne/