M. le Président Trump, voici un véritable plan de relance économique pour les Palestiniens
Des milliards de dollars accordés à l’Autorité palestinienne par les pays donateurs se sont évaporés en raison du manque de transparence, de la corruption et d’une inefficacité à gérer les affaires. Malgré tous les efforts financiers investis en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, la situation dans ces régions palestiniennes s’est considérablement aggravée.
Dans ce contexte, et à la veille de la visite du président Donald Trump en Israël, Washington devrait jouer un rôle de premier plan pour relancer le processus de paix et permettre aux Palestiniens et aux Israéliens de parvenir à un accord.
Pour désamorcer l’environnement hostile, il est de la plus haute importance que les États-Unis proposent un plan de relance économique amélioré et efficace. Il ne s’agit pas de parvenir seulement à la signature d’un nouveau document, mais plutôt d’un programme réaliste et concret visant à améliorer les infrastructures palestiniennes.
1. Nouvelles routes et chemins de fer en Cisjordanie et dans la bande Gaza : Il est indispensable de rénover l’infrastructure des transports pour permettre un meilleur contact entre les différentes parties des Territoires et un lien direct avec Amman, capitale de la Jordanie.
2. Construire des centrales électriques en collaboration avec Israël : Elles seront alimentées par les sites du gaz offshore installés en Méditerranée.
3. Construire des ports et aéroports : pour des raisons de sécurité, les États-Unis, de concert avec Israël, assureraient leur sécurité.
4. Logement : améliorer le visage urbain des villes et villages palestiniens construits sans aucune infrastructure adéquate. Soulignons que la bande de Gaza est l’une des régions les plus denses du monde. La seule façon de survivre à l’explosion démographique est de reconstruire Gaza tel « un nouvel Hong Kong » en démantelant les camps de réfugiés existants et en construisant un complexe moderne de tours et immeubles avec des jardins d’enfants, écoles, aires de jeux, cliniques de santé, hôpitaux et services municipaux. Il est inconcevable qu’un réfugié palestinien vivant dans son propre pays soit en 2017 toujours considéré comme réfugié. Des plans alternatifs ont aussi exploré la possibilité de construire des îles artificielles en Méditerranée reliées par des ponts.
5. Approvisionnement en eau : un tiers de l’eau des villes palestiniennes est perdue en raison d’une mauvaise gestion et d’absence de canalisation adéquate. Les puits d’eau non-autorisés prolifèrent, conduisant à la salinisation ou à l’effondrement des aquifères. De nouvelles usines de dessalement peuvent être construites, financées par un fonds conjoint USA- Emirats du golfe.
6. Traitement des eaux usées : les eaux usées ont atteint l’aquifère profond et ont pollué la plupart des puits en Cisjordanie et à Gaza. Elles ont également pénétré dans l’aquifère israélien. La pollution a atteint des proportions catastrophiques mettant en danger la mer Morte. Il est donc nécessaire de construire des stations d’épuration afin de recycler les eaux résiduaires utilisées dans l’agriculture au lieu d’utiliser l’eau douce courante. Il est aussi impératif de maîtriser les eaux usées qui fuient vers la vallée du Jourdain, la mer Morte et le désert du Néguev. Une technologie efficace existe mais elle n’est pas exploitée en raison de considérations politiques palestiniennes.
7. Santé : créer un nouveau système de santé complet pour tous les résidents. Construire de nouveaux hôpitaux le long des lignes de démarcation avec Israël tout en réhabilitant ceux existants à Gaza et en Cisjordanie.
8. Tourisme : Encourager la création de réseaux hôteliers autour de sites religieux et des sites touristiques en Cisjordanie, le long de la rive du Jourdain et à Gaza. Une attention particulière devrait être accordée à Bethléem et Qasr al-Yahoud.
Il est bien entendu essentiel qu’Israël devra être un partenaire à part entière dans leur planification de tous ces projets.
Suite aux échecs précédents, et après avoir étudié toutes les options envisageables, nous constatons que la meilleure solution politique et économique à long terme pour consolider le futur statut de la Cisjordanie et de la bande de Gaza est la création d’une confédération reliant la Cisjordanie et la Jordanie. Cette approche pragmatique offrira une profondeur économique et géostratégique à la Jordanie et aux Palestiniens et une solution viable au conflit israélo-palestinien.
Depuis les accords d’Oslo signés en septembre 1993, la Cisjordanie et la bande de Gaza ont reçu une aide internationale considérable pour maintenir les territoires administrés par l’Autorité palestinienne (AP). En 2016, le Département de recherche au sein du Congrès américain a affirmé que l’AP était « parmi les plus grands bénéficiaires par habitant de l’aide étrangère octroyée à tous les pays de la planète. ». Pourtant, des milliards de dollars apportés par les pays donateurs se sont évaporés en raison du manque de transparence, de corruption et d’inefficacité.
La mauvaise gestion a été aggravée par le détournement des fonds et des objectifs. Au lieu de servir l’économie palestinienne, ces sommes fabuleuses ont été destinées aux infrastructures terroristes et aux salaires pour les familles des auteurs des attentats. Durant l’année 2016, le montant s’élevait à plus de 300 millions de dollars. Il n’est donc pas surprenant que, malgré tout l’argent versé par les donateurs pour améliorer la vie des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, la situation se soit au contraire détériorée. La croissance économique s’est ralentie depuis de nombreuses années.
En conséquence, l’AP souffre d’un sous-développement, d’une pauvreté alarmante, de problèmes de logement, de chômage, de manque de soins médicaux adéquats, d’établissements scolaires délabrés, d’infrastructures catastrophiques, de risques écologiques et environnementaux dus à la pollution des sources d’eau et des aquifères.
Tous ces maux de la société palestinienne sont devenus des prétextes et des armes pour les organisations islamiques radicales. Désormais, elles profitent de cette situation intenable pour inciter une grande partie de la population à la haine d’Israël, des Juifs et de l’Occident, et des États-Unis, en particulier.
Les organisations terroristes internationales, leurs militants et les Etats qui les soutiennent ont surtout exploité cette situation dans la bande de Gaza. La branche militaire du Hamas collabore étroitement avec Daesh dans le nord du Sinaï en lui fournissant armes, formation des troupes, et une assistance médicale. Pis encore, le Hamas continue de recevoir des armes, missiles et roquettes iraniennes, destinés à frapper les villes et villages israéliens. Alors qu’Israël autorise chaque jour l’entrée de plus de 900 camions avec des marchandises via le passage frontalier de la bande de Gaza, et se trouve dans l’obligation d’imposer des restrictions sécuritaires.
La stratégie à adopter serait donc de réduire les tensions politiques et militaires dans la région, et de pouvoir créer un climat d’entente et de dialogue et de coopération dans le cadre d’une confiance mutuelle. Cela facilitera la participation des deux parties à un véritable processus de coopération et permettra enfin à instaurer une paix viable entre les Palestiniens et Israéliens.
Selon nous, l’administration Trump est bien placée aujourd’hui pour le faire dans ce sens. Pour désamorcer l’environnement hostile, et écarter les extrémistes de tous bords, et tous les saboteurs de la coexistence entre les deux peuples, il est de la plus haute importance que les États-Unis proposent sans délai, un plan de relance économique.
Au départ, il est primordial que l’administration Trump nomme un coordinateur de haut rang, dont la responsabilité sera de diriger le plan de relance conçu en tandem par son équipe et des homologues palestiniens. Les États-Unis devront présenter un fonds qui sera investi au cours des prochaines années pour créer une nouvelle croissance et des emplois. Tous les projets seraient mis en œuvre par des entreprises américaines travaillant main dans la main avec des sous-traitants locaux.
Il est essentiel qu’Israël soit un partenaire à part entière dans la planification de cette initiative. Israël a des problèmes de sécurité vitaux dans la zone C en Cisjordanie où sont présentes des installations de défense vitales. Il existe suffisamment d’espace dans les zones A et B pour pouvoir relancer de nouvelles constructions. Les donateurs européens n’ont pas toujours été conscients de ces intérêts.
Mais il existe également des considérations plus globales. Ces dernières années, les marchandises venant de l’Ouest ont atteint les ports israéliens, où elles sont ensuite renvoyées vers la Cisjordanie et la Jordanie, puis vers l’Est vers le monde arabe. La planification économique doit tenir compte de cette dimension régionale. À l’avenir, il est concevable que le triangle Israël-Cisjordanie-Jordanie puisse servir de centre économique régional.
Après avoir examiné un certain nombre de solutions de rechange, il est clair pour nous que la meilleure solution politique et économique à long terme pour le futur statut de la Cisjordanie et de la bande de Gaza est la création d’une confédération reliant la Cisjordanie et la Jordanie. Cela fournira une profondeur économique et géostratégique à la Jordanie et aux Palestiniens et une solution viable au conflit israélo-palestinien.
Enfin, les projets envisagés dans la bande de Gaza auront des répercussions également sur le nord du Sinaï, où l’Égypte souffre sur le plan sécuritaire. Ainsi, à un certain stade, les préoccupations de l’Egypte et de la Jordanie devront être prises en considération à mesure que cette initiative prendra corps et âme.
La mise en œuvre de ce plan permettra de créer un nouveau climat de confiance, encouragera les Palestiniens qui pourront coexister sans contrainte avec leurs voisins israéliens grâce aux bons services de l’Administration Trump.
Cette relance du processus de paix par le biais économique désamorcera les conflits existant entre Israël et les Palestiniens, et répondra aux souhaits et aux buts des États-Unis dans la région. Il entraînera certainement un impact profond sur la sécurité nationale des États-Unis. Il fournira également des gages pour contrer toute nouvelle expansion iranienne dans la région avec le soutien actif de la Russie. Les avantages d’une telle initiative seront énormes par rapport aux risques d’une confrontation armée.
En conclusion, la réalisation de ce nouveau plan Marshall serait la seule garantie à pouvoir stabiliser la région et la coexistence entre les Palestiniens et les Israéliens.
Shimon Shapira et Jacques Neriah
Pour citer cet article :
Shimon Shapira et Jacques Neriah, « M. le Président Trump, voici un véritable plan de relance économique pour les Palestiniens », Le CAPE de Jérusalem, publié le 18 mai 2017 : http://jcpa-lecape.org/trump-voici-un-veritable-plan-marshall-relance-economique-palestiniens/