Eliezer Ben Yehuda – le père de l’hébreu moderne
Ces jours-ci, l’Académie de la langue hébraique a approuvé de nouveaux mots.
Dans la société juive traditionnelle, savoir lire et écrire a été l’héritage de tout un peuple, celui du « peuple du livre », de la nation qui a offert au monde les premières Saintes Écritures.
Le retour à la terre d’Israël a provoqué chez les pionniers une émotion intense, des débordements d’enthousiasme.
Le phénomène le plus passionnant des Juifs sionistes a été de ressusciter la langue de leurs ancêtres, celle des rois David et Salomon et des prophètes. Venus de pays différents, d’Europe, d’Afrique et d’Asie, ils ont cherché à trouver un langage commun et à se faire comprendre Durant des siècles, l’hébreu n’a été utilisé que par les érudits et les kabbalistes. Les Juifs s’en servent surtout pour leurs prières et ne comprennent pas toujours le sens des mots. Ils parlent entre eux la langue nationale du pays, mais aussi le yiddish, le ladino (judéo-espagnol) ou le judéo-arabe de l’Afrique du Nord.
Cependant, le vocabulaire de la Bible ne comprend que 7704 mots. Une grande partie des termes sont anciens et demeurent archaïques. Comment faire pour utiliser une langue morte dans un pays nouveau et dans un monde moderne ? Qui accepterait de relever ce grand défi ? Qui sera le pionnier de l’étude comparative et historique de la langue hébraïque ? Le champion de la linguistique qui fabriquera des milliers de termes pour désigner des idées, des objets nouveaux, des mots scientifiques et techniques, qui créera des règles de grammaire, et pourrait les imposer à toute une nation ? Nous sommes en 1879. Mac-Mahon vient de démissionner et Jules Grévy est président de la République. Jules Ferry instaure les lois scolaires. Maupassant publie Boule de suif et Dostoïevski Les frères Karamazov. À Saint-Pétersbourg, J. L. Kantor publie un premier quotidien en hébreu, Hayom (le Jour). En Palestine, deux journaux en hébreu paraissent : Hahavatselet (la Tulipe) et Halevanon (le Liban). Ce dernier est distribué en même temps à Paris et à Berlin.
À Paris, à la faculté de médecine, on remarque un étudiant juif très préoccupé par la question de la renaissance de l’hébreu. Son diagnostic est simple : « Les Juifs ne peuvent être un peuple vivant que s’ils reparlent hébreu dans leur propre pays. » On ne donne aucune importance à ses propos. Ils sont irréalisables, ancrés probablement dans l’imaginaire de l’élève juif. Et pourtant, le jeune étudiant entêté poursuit avec acharnement ses recherches linguistiques et s’inscrit à la Sorbonne. Il souhaite ardemment éveiller la langue qui somnole dans les livres sacrés de sa léthargie plusieurs fois séculaire. Cette pensée ne le quitte pas, c’est une véritable obsession. L’amour pour l’hébreu accapare tout le champ de sa conscience. L’histoire qui va suivre est absolument fabuleuse.
Eliezer Itzhak Perlman est né le 7 janvier 1858 dans un village de Lituanie, à Luzhky. Le père, Yehouda Leibl, est un religieux pieux du courant hassidim. Il s’inspire des croyances et principes de la Kabbale et privilégie la prière plutôt que l’étude de la Thora et du Talmud. Il meurt alors qu’Eliezer, son fils aîné, n’a que 5 ans. Orphelin, Eliezer est hébergé chez son oncle, Naphtali Hertz Jonas. Il habite la capitale, Vilnius, devenue l’enjeu des guerres russo-polonaises. Eliezer étudie dans une Yeshiva puis dans un lycée laïc. Son oncle lui enseigne l’hébreu, et sa charmante cousine, Deborah, le russe et le français. Il est très doué pour les langues et Deborah l’aime éperdument. Sa compagne lui apporte un confort, un souffle d’inspiration.
La légende raconte qu’Eliezer a été un jour ébloui par une lumière qui a jailli brusquement, en plein jour. Il a entendu soudain une voix mystérieuse lui dire : « C’est toi, Eliezer Ben Yehuda, qui seul ressuscitera la langue hébraïque dans la terre de tes ancêtres… ». La voix grave et vibrante et le nouveau nom attribué bourdonnent sans cesse dans ses oreilles. Il est accablé jour et nuit par cette sensation, qui l’empêche souvent de dormir. Fragile, sensible, il finit par tomber grièvement malade. Il souffre terriblement de la tuberculose pulmonaire. Après un long séjour à l’hôpital, Deborah, qui est à ses côtés, l’encourage à partir étudier la médecine à Paris. Elle lui promet avec insistance de le joindre un jour en France. Ils décident de correspondre régulièrement et se quittent tristement. Eliezer part en train pour Paris. Il a 21 ans. Un jeune homme maigre, au visage allongé garni d’une petite barbiche impériale. Habillé impeccablement, il porte de fines lunettes à la monture argentée. Il découvre avec un énorme plaisir le charme de la ville lumière et s’installe dans un petit appartement du 15e arrondissement. Enchanté d’étudier la culture juive à la Sorbonne et d’enseigner l’hébreu à l’Alliance Israélite Universelle. Mais les moments de joie et d’allégresse s’effacent brusquement, et Eliezer tombe à nouveau malade. Son médecin lui suggère de partir en Algérie pour se faire soigner. Le climat chaud lui sera favorable. Après une courte convalescence dans un sanatorium, il retourne à Paris et publie dans le journal Hashahar (l’Aurore), son premier article en hébreu. Il l’intitule : « Question importante » et signe pour la première fois : Eliezer Ben Yehuda, «Fils de Juda ».
Une nouvelle page s’ouvre, pleine d’espérance. Ben Yehuda décide d’immigrer en Palestine et jure de n’y parler qu’en langue hébraïque. Désormais, Eliezer ne s’exprimera qu’en hébreu, à la maison, au café, avec les passants dans la rue et partout ailleurs.
Quelques mois après, Deborah Jonas décide de faire le voyage pour rejoindre son ami d’enfance. Ils se rencontrent au Caire. Se marient pour le meilleur et pour le pire, et prennent le bateau à destination du port de Jaffa. La longue nuit de miel sera lumineuse et purement hébraïque… Neuf mois plus tard, leur premier fils naît à Jérusalem. C’est le premier enfant « hébreu » natif du pays. Un vrai « sabra ». Ses parents ne lui parlent qu’en hébreu et il semble être très heureux. Le jeune Ben Tsion (fils de Sion) n’entendra aucune autre langue à la maison. De nouveaux mots sont nés. De nouvelles expressions et allocutions sont créées. Ben Yehuda encourage son entourage et ses amis à ne parler qu’en hébreu. Il leur dit avec orgueil: «Voyez-vous, je souffrais terriblement de la maladie mais depuis que je parle hébreu, me voilà guéri ».
Les pionniers deviennent rapidement des hébraïsants fanatiques. Quand Feyga Perlman, la vieille maman d’Eliezer, arrive à Jérusalem pour rencontrer après tant d’années sa famille, elle ne peut communiquer avec son fils. Eliezer refuse obstinément de lui adresser la parole dans sa langue maternelle, le russe. Chagrinée par le comportement bizarre et choquant de son fils, elle considère l’hébreu comme du charabia…
Ce fanatisme pour la langue est extrême et souvent inhumain. On raconte que certaines infirmières refusent même d’apporter assistance aux malades lorsqu’on s’adresse à elles en langue étrangère.
Les immigrants hébraïsants diffèrent de ces colons venus en Amérique, au Canada ou en Afrique pour conquérir les ressources naturelles et se précipiter vers la ruée vers l’or. Les pionniers sionistes ne cherchent pas le Pérou ni l’Eldorado. Leur idéal est ailleurs. L’hébreu ne représente pas seulement un langage, un moyen de communiquer. C’est plus vaste, plus profond et plus symbolique. L’usage de la langue vivante de la Bible reflète un ensemble de nouveaux projets, un comportement unique et heureux devant la nouvelle société renaissante, et face à l’Histoire qui s’écrit au pas de course. L’influence du père de l’hébreu moderne se propage rapidement dans tout le pays. Au début du XXe siècle vivent en Palestine plus de 85 000 Juifs ; une mosaïque de gens : des Ashkénazes, des Séfarades, des laïcs et religieux, des citadins, des paysans et des membres de kibboutz. L’adoption de l’hébreu se fait à plus large échelle dans les nouvelles localités et surtout dans la région de Tel-Aviv. À Jérusalem, à Safed, dans les quartiers traditionalistes et pieux, on refuse obstinément d’abandonner les anciens dialectes communautaires comme le yiddish ou le ladino.
Eliezer Ben Yehuda poursuit ses recherches avec une passion intense. Il se consacre, corps et âme, à enrichir la langue hébraïque. Son travail incessant, effectué dans un cadre modeste et inconfortable, provoque une rechute de la tuberculose dont il avait souffert dans son adolescence. La maladie le ronge et l’affaiblit terriblement. Debout, couvert d’un lourd manteau qui écrase ses étroites épaules, les jambes tremblantes et courbé sur son pupitre, il surmonte péniblement les toussotements qui irritent continuellement ses poumons et son gosier. Malgré les douleurs intenses, il redouble d’ardeur au travail, dans l’activité incessante de l’esprit. Il sent avec angoisse que la maladie l’accaparera jusqu’à la fin de ses jours. Il craint terriblement de ne pouvoir accomplir sa tâche, cette mission sacrée. Il a l’impression que les journées deviennent plus courtes, rétrécissent volontairement. Il tente par tous les moyens de s’accrocher à la vie et surtout au labeur quotidien. Soutenu par une volonté de fer, il fouille les archives, les livres anciens, dépouille les anciens mots bibliques et assemble des mots et des expressions des Cantiques et des Psaumes. Il souhaite composer un dictionnaire pratique de l’hébreu moderne. Il fonde un journal Hatsvi (le cerf, la gazelle, qui symbolise, selon le livre de Daniel, la beauté, la gloire et l’honneur – et aujourd’hui « la rapidité » de la Poste israélienne…) Dans ses articles, il appelle la population à ne parler qu’en hébreu, avec la prononciation séfarade… Cet appel provoque un tollé général de la part des ultra-orthodoxes venus des pays de l’Est, et surtout des ashkénazes parlant uniquement le yiddish. Ils proclameront l’excommunication de Ben Yehuda et le dénonceront au gouverneur ottoman, l’accusant de perturbateur et de révolutionnaire. Ben Yehuda est arrêté et son journal est saisi. Le père de l’hébreu moderne ne sera relâché qu’après une intervention énergique du Baron Edmond de Rothschild, de passage en Palestine. Ainsi, pour la première fois depuis son arrivée, Ben Yehuda rompt sa promesse de ne parler qu’hébreu. Brisé et humilié par son arrestation et désirant poursuivre à tout prix ses travaux, il est contraint de parler français avec le célèbre philanthrope. Le baron admire la détermination du linguiste : il paie la caution aux autorités turques, et encourage Ben Yehuda à achever son dictionnaire. Il l’invite à venir à Paris pour compléter ses recherches.
Cependant, Deborah, l’épouse d’Eliezer, est elle aussi frappée par la tuberculose. C’est un être faible qui succombe sous la maladie. Avant de mourir, elle écrit une lettre émouvante à sa jeune soeur Biella, vivant en Europe, et lui dit : « Ma très chère soeur, il ne me reste que quelques jours à vivre, mon dernier souhait est que tu viennes, ici, à Jérusalem, pour être auprès de mon cher mari adoré, mon prince, Eliezer Ben Yehuda, et de notre adorable fils, Ben Tsion. » La jeune soeur exauce le souhait. Quelques semaines après, elle débarque en Palestine munie d’un dévouement exemplaire. Elle encourage Eliezer à surmonter sa détresse et sa maladie et l’assiste dans ses travaux de recherches. Il choisit pour elle un joli prénom hébraïque, Hemda, qui veut dire : «ma chérie» et l’épouse six mois plus tard. Ils formeront un couple heureux et auront dans les années à venir 4 enfants.
En 1905, le premier lycée hébraïque, Herzlia, ouvre ses portes en grande pompe à Tel-Aviv, suivi de la construction de l’université de Jérusalem sur le mont Scopus. C’est aussi le déclenchement de la «la guerre des langues » à l’occasion de l’ouverture du Technion, l’école des études supérieures de technologie et de mathématiques, à Haïfa. Une bataille sans merci est lancée entre les Yékim (germanophiles) et les partisans de Ben Yehuda. Ces derniers gagneront haut la main. Ils prouveront que même les matières scientifiques, la physique, la chimie et les mathématiques peuvent être étudiées en hébreu. Grâce à son obstination et à son dévouement exceptionnel, Ben Yehuda réussit à faire triompher l’usage de l’hébreu moderne à travers tout le pays. Il introduit également l’étude de la Bible pour les laïcs et simplifie les mots et les textes compliqués écrits en araméen. Rappelons que l’hébreu s’écrit de droite à gauche et ne comporte que des consonnes, soit 22 lettres. Lorsqu’on leur ajoute un point, certaines lettres changent de valeur et de prononciation. Par exemple, un mot hébraïque de trois lettres peut avoir plusieurs significations différentes selon les voyelles adjointes : sefer, signifie livre, sofer : écrivain. Sapar: coiffeur. Siper : il a raconté. Safar : il a compté. Sfar : la frontière. Dans la Genèse, c’est une ville d’Arabie. Contrairement à l’arabe, les lettres ne sont jamais liées. L’écriture carrée est celle de la Bible et des textes imprimés. La cursive, dont l’existence est beaucoup plus récente, correspond à l’écriture manuscrite.
Lorsque la Première guerre mondiale éclate et que les Turcs se joignent aux Allemands dans leur combat en Palestine, Ben Yehuda se sent menacé et craint de ne pouvoir accomplir son dictionnaire. Que faire pour fuir et sauver le nouveau lexique, l’œuvre monumentale ? Des amis de la famille, installés confortablement à New York, lui suggèrent de venir en Amérique. Mais comment réaliser ce voyage en pleine guerre mondiale ? Il trouve une solution originale. Son épouse, ses enfants et lui-même traversent d’abord la péninsule du Sinaï avec un groupe de voyageurs pour arriver au Caire. C’est sur des dromadaires qu’il transporte sa petite famille et ses nombreux documents. Après de longues journées pénibles et poussiéreuses dans les chemins de sable et les dunes du désert, la caravane arrive enfin au Caire. Après un bref repos, la famille Ben Yehuda poursuit son long périple en bateau jusqu’à New York. Eliezer retrouve le cadre universitaire et les grandes bibliothèques.
Avec l’aide financière de ses amis américains, il s’installe confortablement à Manhattan. Son appartement est situé près de la gigantesque bibliothèque publique de la cité, à l’angle de la 42e rue. Polyglotte, bourreau de travail et très pointilleux, Ben Yehuda passe de nombreuses heures à compulser les livres et à fouiller dans les rayons interminables toutes sortes d’anciennes paperasses. Il consulte les encyclopédies, examine les documents et feuillette des milliers de pages de carnets et journaux. Il prend d’innombrables notes. Chaque jour, il étudie les différents aspects de la langue hébraïque, tourne le mot biblique, à haute voix et dans tous les sens des valeurs d’emploi. Il recherche l’étymologie, compare les termes hébraïques avec chaque langue latine et anglo-saxonne ; cherche le synonyme et son antonyme et compose une nouvelle orthographe. Il invente des mots et les définit dans un langage concis et facile. La formule de la définition est correcte, exacte et toujours limpide. Il crée le nom du dictionnaire en hébreu, et l’appelle désormais Milone, exprimant en un seul mot « un recueil d’un million de mots ». Il invente le mot journal Iton. Et s’inspire du français pour formuler en hébreu le mot avion : avirone (Avir signifie air).
Petit à petit, il commence à ranger les nouveaux mots hébraïques dans un ordre convenu et donne une définition précise à chaque entrée de sa longue nouvelle liste. En 1918, après l’instauration du Mandat britannique en Palestine, Ben Yehuda retourne à Jérusalem avec sa famille. Il est satisfait : plus de la moitié de la population parle et écrit en hébreu. Les enseignes des rues, les magasins et les cafés ainsi que les affiches sont également en hébreu. De nouveaux journaux apparaissent, dont le journal indépendant et libéral Haaretz.
Ben Yehuda met l’accent sur l’hébreu facile, destiné aux nouveaux immigrants. Il publie des ouvrages et un premier journal pour enfants, Olam Katon (le monde du petit). Il fonde avec ses amis écrivains et journalistes le premier Comité de la promotion de la langue hébraïque. L’académie est née. Des nouveaux prénoms y sont créés, qui n’ont rien de biblique, de yiddish ou de judéo-espagnol. On change les anciens noms soit en traduisant le nom de famille, soit en conservant une ressemblance phonétique ou en adoptant des patronymes hébraïques. Les dirigeants sionistes du pays donnent l’exemple et font le premier pas : Gryn en Ben Gourion, Shertok en Sharett, Shemashlewitz en Ben Tsvi etc. En novembre 1922, les autorités britanniques reconnaissent l’hébreu comme la langue officielle des Juifs de Palestine. Ben Yehuda est comblé. Son rêve commence à se réaliser mais il n’est pas complètement satisfait, car son dictionnaire n’est pas encore achevé. Plusieurs volumes restent encore à compléter. Un mois plus tard, le génie linguiste est à bout de souffle. Il s’éteint le 21 décembre 1922, jour de Hanouka, la fête des Lumières.
Eliezer Ben Yehuda est inhumé au Mont des Oliviers qui surplombe la veille ville de Jérusalem. Des milliers de personnes assistent aux funérailles et les organisations juives décrètent trois jours de deuil dans le pays. Son épouse, Hemda, et son fils aîné, Ben Tsion, exauceront son dernier souhait. Ils achèveront ensemble les derniers volumes du Dictionnaire complet de l’hébreu ancien et moderne. Il ne sera publié, avec ses 16 volumes et sa longue introduction, que 37 ans après la mort de Ben Yehuda, en 1959. Ce monumental ouvrage n’a pas pu être publié avant en raison de la Deuxième guerre mondiale et de celle de l’Indépendance d’Israël.
Ben Tsion, son fils, change son nom en Itamar Ben Avi (fils de mon père) et devient un journaliste et un orateur célèbre. Rédacteur en chef du journal Havatselet, il facilite la tâche des journalistes et des correspondants étrangers en leur proposant d’écrire l’hébreu en latin…
Ben Avi meurt en 1943. Comme son père Eliezer, il n’aura pas eu cette chance inouïe de participer à la joie et l’allégresse de la création de l’État d’Israël en 1948. Depuis, l’hébreu a évolué rapidement dans la société israélienne, constituée principalement d’immigrants. L’hébreu est devenu la langue officielle de tout un peuple, mais on remarque que dans certains milieux, en particulier chez les originaires de l’ex-Union Soviétique, le russe, leur langue maternelle, est toujours dominant. L’hébreu, comme toutes les langues, s’adapte aussi aux nouvelles mutations et inventions et trouve de nouveaux mots et termes, mais aussi sa propre « langue verte». L’argot israélien est utilisé non seulement par les malfaiteurs, mais aussi par les militaires et les jeunes. Il est utilisé vulgairement dans les feuilletons de télévision. Hélas, les nouvelles générations sont de plus en plus soumises à l’influence de l’anglais et les anglicismes sont trop nombreux. Ils sont souvent employés dans la société de consommation. L’hébreu a perdu de son impact originel, il est mal parlé et écrit et il risque d’être sur son déclin.
Si Eliezer Ben Yehuda, le père légendaire de la langue hébraïque moderne, l’homme qui a consacré toute sa vie à la renaissance de l’hébreu, pouvait observer la situation actuelle, il se retournerait dans sa tombe…
Extraits du livre de Freddy Eytan “les 18 qui ont fait Israel” paru en novembre 2007 aux éditions Alphée- Jean-Paul Bertrand.