La médiation russe face à l’initiative française

freddy_eytanAu moment où le G20 se réunissait à Hangzhou, en Chine, et à l’approche de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations-Unies, Vladimir Poutine et François Hollande sont en compétition pour obtenir la priorité et le privilège de relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens.

Alors que Donald Trump et Hillary Clinton se battent pour arracher chaque voix afin de gagner l’élection présidentielle, il semble que le président en exercice, Barack Obama, a renoncé à toute nouvelle médiation sérieuse pour trouver une solution équitable au problème palestinien, bien qu’il serait capable à la dernière minute de ne pas imposer son véto à une résolution pro-palestinienne.

C’est clair, quatre mois avant de quitter définitivement la Maison Blanche, Obama constate que le bilan de toutes ses interventions au Moyen-Orient est bien médiocre, et qu’aucun des dossiers brûlants – Syrien, Daesh, Kurde, et Palestinien – n’a reçu à ce jour de remède efficace de sa part. L’insouciance d’Obama est sans doute flagrante et décevante, mais il est bien regrettable que l’indifférence américaine joue essentiellement en faveur des Russes.

Dans ce contexte géopolitique troublant, Vladimir Poutine avance ses pions et marque des points. Son intervention en Syrie n’est plus contestée, bien au contraire, Américains et Européens se trouvent dans l’obligation de le consulter et de collaborer étroitement avec lui pour combattre surtout Daesh, tout en laissant le régime de Bachar el-Assad en place.

La Turquie d’Erdogan, qui s’est lancée dans une opération terrestre de grande envergure en Syrie, souhaite surtout écraser toute tentative des Kurdes de créer un Etat indépendant au long de sa frontière, comme l’Arabie saoudite Erdogan préfère un arrangement à l’amiable et une collaboration directe avec la Russie plutôt que d’obtenir des Américains des promesses non tenues.

Concernant le dossier palestinien, seule la France persiste et souhaite réunir une conférence internationale à Paris et proposer une nouvelle résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU. Pourtant, le Quartette s’était déjà prononcé sur la question et a même, pour la première fois, condamné l’incitation à la haine et les actes terroristes des Palestiniens.

Mahmoud Abbas, lui, préfère évidement se ranger du côté de Paris et pense que la France de François Hollande serait capable d’imposer un parapluie international. Abbas est satisfait de la position de la France car elle n’exigera pas au préalable, et comme il se doit, l’arrêt total de la violence et la délégitimation de l’Etat Juif. Plus encore, Abbas peut compter sur la France pour continuer à recevoir des fonds et une « aide humanitaire » substantielle.

Cette aide politique, économique, et financière française se poursuit malgré le chaos administratif qui persiste en Cisjordanie, la corruption criante au sein du leadership palestinien, et une Autorité à Ramallah ingouvernable à l’approche d’élections municipales où le Hamas, saboteur de tout accord avec Israël, demeure le grand favori.

Le gouvernement Netanyahou suit de prêt et avec inquiétude le manège des Palestiniens, l’obstination française et l’indifférence américaine. Prêt à rencontrer à tout moment le président Abbas, le Premier ministre israélien préférerait une médiation de la Russie que de s’aventurer dans une initiative élaborée aveuglement par le Quai d’Orsay, alors que la France est plongée dans le syndrome du terrorisme islamique sur son propre territoire.

Il est préférable aussi de négocier sous les auspices de Vladimir Poutine dont nous connaissons à l’avance le franc parlé, que d’entamer un dialogue de sourd hypocrite avec un gouvernement français qui à déjà choisi son camp et ne pourra plus jouer le rôle d’un honnête arbitre.

Freddy Eytan       

 


Freddy Eytan, « La médiation russe face à l’initiative française », Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/la-mediation-russe-face-initiative-francaise/