40 ans après la guerre de Kippour et 20 ans après les Accords d’Oslo : vérités historiques et réflexions
Le général Moshé Dayan, ministre de la Défense, déclarait en avril 1973 : « Je ne crois pas que dans les dix prochaines années, une nouvelle guerre éclatera avec les Arabes ». La guerre de Kippour fut déclenchée brusquement quelques mois plus tard, et Dayan évoqua dans une allusion biblique la fin du troisième Temple. En dépit de certaines informations alarmantes et d’un sérieux avertissement du roi Hussein de Jordanie sur un éventuel conflit armé, les Arabes ont surpris l’Etat juif pour la première fois. En ce jour du Grand Pardon les Israéliens ont vu la mort en face !
La confiance aveugle des généraux, le mépris de l’adversaire après sa forte humiliation lors de la guerre des Six Jours et l’indifférence du gouvernement face aux menaces éventuelles ont plongé le pays dans un mécontentement profond et une amère frustration. Ce fut « un tremblement de terre » qui nous guette jusqu’à ce jour, 40 ans après. Pourtant, la victoire militaire fut acquise grâce à notre foi inébranlable, notre courage et notre solidarité exemplaire. Les combats acharnés menés avec brio par le général David Elazar ont stupéfait tous les états-majors étrangers. Après 18 jours de combat, les chars de Tsahal étaient arrivés à 101 km du Caire et à 40 km de Damas !
La méconnaissance des intentions réelles de l’ennemi fut une nouvelle fois mise à l’épreuve, 20 ans plus tard, avec la signature sur la pelouse de la Maison Blanche des Accords d’Oslo.
Le général Yitzhak Rabin, héros de la guerre des Six Jours, avait signé ces accords sans aucun enthousiasme, conscient qu’ils seraient tôt ou tard bafoués par Yasser Arafat. Pour illustrer son immense dilemme et les grands risques encourus, il évoquait comme métaphore le fromage de Gruyère : cet accord comportait des manquements… Rabin a perdu la vie, assassiné par un fanatique juif ! Un crime lâche et abominable mais qui, hélas, n’aurait pas changé le cours de l’Histoire s’il avait poursuivi son mandat jusqu’au bout ! Arafat est venu avec ses troupes de Tunis en triomphateur et nous lui avions permis de s’installer à nos portes sans réellement penser au lendemain. Manipulateur et rusé comme un vieux renard, Arafat nous a bercés d’illusions ; en fait il souhaitait réaliser son pieux rêve en s’acharnant sur le va-tout de toute la Palestine ! Il aurait lancé son Intifada meurtrière même si Rabin était encore au pouvoir.
La gravité des accords d’Oslo réside dans la naïveté sincère des dirigeants de l’époque, en particulier Shimon Pérès et Bill Clinton. Ils pensaient que la page avec les Palestiniens était définitivement tournée et que le Proche-Orient avait enfin changé de visage. Ils avaient mis la charrue avant les bœufs et dans ce TGV de la paix, ils ont brûlé de nombreuses étapes sans s’arrêter dans les stations de la réflexion et de l’évaluation des faits. Le cérémonial a éclipsé la réalité sur le terrain et les vagues d’attentats par des bombes humaines ont plongé les Israéliens dans l’insécurité, l’anxiété et le désespoir.
La vision romantique d’un nouveau Proche-Orient idyllique et d’un marché commun riche et fructueux n’est hélas pas pour demain.
En reprenant aujourd’hui le processus de paix avec les Palestiniens nous devrions toujours nous souvenir des deux événements historiques qui ont bouleversé notre société et la donne géopolitique. Chaque décision gouvernementale, pour la guerre comme pour la paix, devrait être minutieusement étudiée et réfléchie exclusivement à l’aune de nos propres intérêts. Dans le contexte historique du Moyen-Orient notre devoir est surtout de dissiper toutes les illusions et de s’opposer farouchement aux utopies.
Freddy Eytan
Retrouvez cet article sur Le Ptit Hebdo, le site de l’UPJF, du B’nai B’rith, The Métropolitain et sur Terre d’Israël