Tsunami ou tempête diplomatique ?
Le mois de septembre approche à pas de course et la question est de savoir si l’ONU votera la proclamation d’un Etat palestinien.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas est devant trois options : premièrement, il peut choisir d’adopter la tactique utilisée par la plupart des nouveaux Etats et proclamer l’indépendance dans son fief à Ramallah.
En 2008, les membres du parlement de Pristina au Kosovo ont voté une déclaration d’indépendance qui a ensuite conduit à la reconnaissance de 60 pays. Dans la même procédure, en 2002, le Timor Ouest a obtenu aussi son indépendance.
A l’heure actuelle, Mahmoud Abbas n’a aucune intention de déclarer lui-même et unilatéralement la création de son propre Etat. Dans une interview au Newsweek, Abbas dit: “si je pars à l’ONU, je n’ai pas l’intention de retourner à Ramallah et proclamer l’indépendance dans des zones que l’ONU désignerait pour mon futur Etat car cela provoquera un conflit dans la région”. Abbas préfère demeurer passif. Il souhaite que la communauté internationale lui offre sur un plateau un Etat palestinien. Il ne veut prendre aucun risque.
Dernièrement, les dirigeants palestiniens ont choisi d’adopter une voie différente. Ils déposeront avant septembre une requête à l’ONU pour pouvoir devenir membre à part entière de l’organisation internationale sans pour autant proclamer leur indépendance. Le 16 mai 2011, dans un article d’opinion publié dans les colonnes du New York Times et intitulé « Accepter les Palestiniens à l’ONU » Abbas avance l’argument qui favorise la position des Palestiniens face à Israël et il précise : « La Palestine sera en mesure de négocier la reconnaissance de son statut à l’ONU dont le territoire a été occupé militairement par un autre Etat ».
Le 11 juin dernier, le négociateur palestinien, Saeb Erekat, a confirmé dans une interview à la deuxième chaîne de télévision israélienne qu’il aspire effectivement à obtenir son adhésion à l’ONU. Cependant, pour qu’un pays soit membre des Nations-Unies, il lui faudrait d’abord obtenir l’approbation du Conseil de sécurité.
Le 22 mai dernier, dans son discours devant l’AIPAC, le président Obama a été sur ce sujet très clair: ” Je refuse d’adhérer aux initiatives palestiniennes car aucun vote à l’ONU ne pourra créer un Etat palestinien indépendant ».
Dans ce contexte, il semble que les Etats-Unis s’opposeront à l’adhésion des Palestiniens à l’ONU. Ainsi, les Palestiniens pourront choisir l’option Kosovo mais ce pays n’a pas réussi à devenir membre de l’ONU en raison du veto russe au Conseil de sécurité.
L’argument souvent exprimé par l’A.P est qu’Arafat a déjà proclamé l’Etat palestinien le 15 novembre 1988. En fait, il s’agissait d’un « Etat virtuel ».
A l’époque, il n’existait aucun signe de souveraineté dans une aucune partie du territoire. Par ailleurs, Arafat a menacé à plusieurs reprises de déclarer unilatéralement la création d’un Etat. Il a fait ainsi en mai 1999, lors des pourparlers sur la poursuite de l’accord intérimaire expiré. Des contradictions existent donc, car on ne peut à la fois menacer de proclamer un futur Etat, alors qu’il a été déjà déclaré en 1988 ?
La troisième option serait de présenter la requête palestinienne devant l’Assemblée générale des Nations-Unies plutôt que de subir un échec face aux obstacles prévus au Conseil de sécurité.
Certes, les déclarations n’ont qu’une valeur déclarative et ne sont pas contraignantes selon le droit international, mais l’implication d’une résolution à l’Assemblée générale pourrait agir directement sur le processus en cours.
Le but de cet effort est de fixer préalablement les lignes d’avant juin 1967 comme frontières définitives. Rappelons que les Accords d’Oslo se sont abstenus de définir le tracé des frontières et cette question est toujours à l’ordre du jour et non résolue. Toutefois, la partie palestinienne pourra affirmer que toute présence israélienne au-delà de ces lignes ne se situe pas dans des territoires disputés mais sur une terre palestinienne.
Bien que le statut juridique ne changera en rien la réalité sur le terrain, il est probable que les conditions politiques alimentées et véhiculées par
certains médias internationaux pourront varier considérablement. Des journaux prestigieux tels que le New York Times, le Monde, ou le Times londonien pourront sélectionner des titres trompeurs à savoir que ” l’ONU a fondé l’Etat palestinien”. Dans ce cas précis, Israël se trouverait devant un sérieux défi politique.
Cela s’accentuera encore plus si dans le cadre de l’Assemblée générale, l’OLP réussira à élever son statut d’observateur non-étatique comme cela existe avec la Ligue arabe, à un statut d’observateur étatique tel que cela a été acquis avec le Vatican.
En dépit de toutes les contraintes et malgré toutes les difficultés, ce scénario n’est toujours pas comme certains le prévoit, un tsunami diplomatique dévastateur, mais il serait plutôt une tempête que l’on pourrait gérer à l’aide d’un programme israélien approprié.
Il est toujours possible que Mahmoud Abbas renonce à l’option onusienne en tentant de minimiser son importance. Il se trouvera alors confronté aux attentes de la rue palestinienne qui est convaincu que leur Etat sera proclamé et fondé en septembre. Cela provoquera chez eux une terrible déception et elle bouleversera sans doute l’avenir politique de Mahmoud Abbas.
Dans tous les cas, l’Etat d’Israël devrait se préparer à des agitations et des manifestations violentes sur le terrain, bien que les Palestiniens préfèrent ne pas rééditer les scénarios précédents comme la deuxième intifada en septembre 2000. Pour toutes ces raisons et d’autres, les dirigeants palestiniens cherchent une issue raisonnable pour pouvoir trouver une meilleure solution à leurs aspirations irréelles. Enfin, devant tous les caprices des Palestiniens espérons que les Israéliens ne seront pas obligés de payer le lourd tribut.