Risques d’escalade sur le plateau du Golan 

La tension monte dans le nord du pays malgré les dernières représailles ponctuelles de Tsahal contre des positions syriennes suite à de nombreux tirs d’obus tombés en territoire israélien.

De toute évidence, Assad, Nasrallah et les Ayatollahs iraniens ainsi que les différents groupes terroristes souhaitent l’escalade et tentent par tous les moyens d’éclipser leurs échecs et leurs pertes dans la guerre civile interminable et sans issue qui dure depuis six ans.

Leur but est de provoquer Tsahal et de focaliser l’attention internationale sur le Golan « occupé » par Israël depuis 50 ans, et surtout d’exercer de fortes pressions pour que l’État Juif se retire de ce plateau stratégique.

Dans son dernier discours, Nasrallah menaçait d’envoyer des milliers de combattants d’Irak, du Yémen, d’Afghanistan et d’Iran.

Il prédit que la nouvelle confrontation avec Israël sera différente que celle de l’été 2006.

Depuis 1992, Nasrallah fait la pluie et le beau temps dans le pays du Cèdre et dicte l’ordre du jour politique. Au fil des ans, il est devenu une grande vedette, la superstar de toutes les chaînes de télévision de la région, y compris celles d’Israël.

Arrogant et irresponsable, Nasrallah est un homme dangereux. Ce grand serviteur de l’Iran, focalise son combat islamique contre Israël en espérant voir un jour flotter l’étendard chiite sur les minarets des mosquées du Mont du Temple et sur tous les édifices de Jérusalem.

Nasrallah dirige une puissante milice armée chiite installée à nos frontières malgré la présence d’observateurs insouciants de l’ONU. Nous devrions prendre au sérieux ses discours car Nasrallah est un mégalomane dont les objectifs troublent et risquent d’embraser toute la région.

Le Hezbollah est un satellite actif de Téhéran, une composante centrale de la dissuasion iranienne formant une stratégie offensive contre Israël. Il est considéré comme sa première ligne de défense dans le conflit général avec l’Etat juif. Il a simulé dans des manœuvres défensives et offensives une conquête de certaines zones de la Haute Galilée. Des officiers iraniens des Gardiens de la Révolution supervisent ses troupes. Le Hezbollah a aussi commencé à préparer les habitants du Sud-Liban à la possibilité d’une nouvelle guerre.

De ce fait, et à partir des leçons tirées de la guerre de 2006, le Hezbollah a achevé avec l’aide d’experts iraniens de nouveaux tunnels dans la zone sud du fleuve Litani. Désormais, ils sont équipés de réseaux de communication sophistiqués et des arrangements logistiques doivent permettre aux combattants d’y passer de longues périodes. Des tunnels similaires ont été également construits près de la frontière syrienne. La présence d’officiers iraniens et la visite récente du ministre syrien de la Défense sur le plateau du Golan prouve que la Syrie, le Hezbollah et Téhéran planifient ensemble des attaques contre les habitants israéliens du Golan et de Haute-Galilée.

Dans ce contexte, il est bien regrettable d’entendre le Président Macron dire que « Bachar el Assad n’est pas l’ennemi de la France ». Assad n’est-il plus le boucher de Damas, celui qui a massacré son peuple par arme chimique ? Qui a provoqué l’exode de millions de réfugiés, dont une partie a trouvé refuge en Europe ?

La guerre civile en Syrie et en Irak a causé de nombreuses pertes humaines au Hezbollah et aux légions étrangères et pour redonner confiance à ses troupes, Nasrallah est capable, avec l’appui de l’Iran, d’ouvrir un nouveau front.

Il est clair qu’Israël n’a pas l’intention de se retirer du Golan et une entente existe déjà sur ce sujet avec l’administration Trump. Ce plateau stratégique et tactique de 67 km de long et de 25 km de large, a été conquis en juin 1967 par le feu et par le sang, et à la suite d’un harcèlement de tirs de canons syriens sur les villages de la région. L’expérience de la guerre de Kippour nous enseigne qu’une force stationnée sur le mont Hermon (les yeux et les oreilles d’Israël) peut empêcher une percée syrienne ou libanaise et transformer une tête de pont en souricière.

En plus, les sources d’eau qui alimentent l’Etat juif  sont concentrées dans la partie septentrionale des hauteurs du Golan. La sécurité de ces sources dépend d’une présence physique et de l’épaulement du Hermon. Le 14 décembre 1981, la Knesset avait décidé, à l’initiative de Menahem Begin, d’annexer le plateau du Golan. Une loi sur ce sujet est toujours en vigueur.

Pour toutes ces raisons et ces atouts stratégiques, et face à la guerre en Syrie et la faiblesse du régime syrien, un retrait du Golan n’est pas à l’ordre du jour ni une vraie normalisation avec Damas dans un proche avenir.

Depuis la Seconde guerre du Liban, la donne géopolitique a changé complètement avec une présence russe et américaine, et un front arabe sunnite qui combat contre l’Iran chiite.

La politique israélienne est limpide et repose sur des lignes rouges que nos ennemis ne devraient pas franchir. Israël ne tolérera plus de tirs sur son territoire. Il ne permettra pas un changement d’équilibre des forces ni de nouvelles armes sophistiquées à son détriment.

Pour appliquer cette politique nous disposons de leviers diplomatiques avec la Russie de Poutine et avec l’Amérique de Trump. Nous possédons aussi une haute et performante technologie et des services très efficaces de Renseignement militaire.

Nous ne souhaitons pas l’escalade et nous essayons par tous les moyens de l’éviter. Nous ne souhaitons pas non plus un retour à la période d’avant juin 1967, aux attentats terroristes et aux bombardements contre les villages et les kibboutz installés le long du lac de Tibériade. Nous prenons des mesures nécessaires et préventives, l’armée israélienne renforce ses effectifs pour se défendre. Un canal a été creusé ainsi qu’une nouvelle barrière de sécurité d’une longueur de 60 km, équipée de caméras, de radars et de points d’observation. Une nouvelle barrière est aussi construite face au Hezbollah le long de la frontière libanaise.

Le plateau du Golan a été calme durant plusieurs décennies et les pays occidentaux ainsi que les Russes devraient agir avec détermination pour qu’il ne se transforme pas en plaque tournante du terrorisme international, pour devenir après un territoire dominé par les Nasrallah et les Ayatollahs iraniens.

Freddy Eytan

 


Pour citer cet article :

Freddy Eytan, « Risques d’escalade sur le plateau du Golan », Le CAPE de Jérusalem, publié le 26 juin 2017 : http://jcpa-lecape.org/risques-escalade-sur-le-plateau-du-golan/


N.B. : Sauf mention, toutes nos illustrations sont libres de droits.