Les manifestations contre Nétanyahou favorisent-elles la victoire et la libération des otages ?

Freddy Eytan

Par indifférence ou mépris l’opinion mondiale ignore le pogrome du 7 octobre 2023 et braque tous les projecteurs sur « les massacres » de Tsahal dans la bande de Gaza, tandis que des manifestations monstres se déroulent dans le pays réclamant la démission du Premier ministre Nétanyahou. On l’accuse d’être le principal responsable de toutes les bévues et les défaillances, de refuser tout deal avec le Hamas pour la libération des otages, et de poursuivre la guerre pour préserver sa coalition parlementaire. Apparemment une protestation politique est tout à fait légitime dans un pays démocratique surtout quand la gouvernance fonctionne mal et n’a pas de projets précis et adéquats sur la marche à suivre. Malheureusement, les défaillances concernent non seulement le pouvoir politique mais surtout les chefs militaires et les services du renseignement. Il s’agit bien de la plus grande faiblesse et incapacité de Tsahal depuis 1949. Elles sont plus graves encore que les erreurs commises avant la guerre de Kippour de 1973. Toutefois, l’heure n’est pas aux commissions d’enquête, aux règlements de compte ou aux démissions. Dans un pays en guerre, quand chaque jour des soldats tombent, les manifestations de rue sont contreproductives et inadmissibles sur plusieurs plans.

Au départ, les proches des familles des otages manifestaient leur frustration et leur profonde douleur, mais très vite la protestation fraternelle s’est transformée en contestation purement politique orchestrée par des stratèges en communication, en connivence avec des dirigeants de l’opposition et certains médias.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la réunion du cabinet

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la réunion du cabinet (YouTube/@IsraeliPM)

Les familles des otages représentent toutes les composantes de la société israélienne. Leur seul but était d’exercer des pressions sur le gouvernement pour qu’il œuvre, par tous les moyens, à rapatrier leurs proches, détenus dans des conditions inhumaines à Gaza. Hélas, ces familles admirables et courageuses sont tombées dans les pièges de la récupération politique. Ainsi, nous assistons chaque jour à des manifestations monstres et violentes dans les rues de Jérusalem et Tel-Aviv accompagnées de slogans creux, scandaleux, vulgaires et ignobles contre le Premier ministre et sa famille. On a même osé ridiculiser la santé de Nétanyahou au moment où il était en réanimation après une opération chirurgicale.

Une véritable obsession qui accapare les esprits et mobilise les médias. Bien entendu, la presse a le devoir de rapporter les événements mais elle doit aussi respecter les règles et toujours rapporter des informations crédibles et à leur juste proportion. Certains journalistes se comportent souvent comme des inquisiteurs, ils informent, jugent, et condamnent à la fois.  Est-ce le rôle de la presse ? N’est-il pas réservé à la justice ? Aux juges ? Aux tribunaux ?

Les correspondants n’assument plus leurs nobles responsabilités. Généralement, ils ne distinguent plus entre l’important et l’insignifiant, l’essentiel et la futilité, et les événements qu’ils publient ou diffusent sont de priorité secondaire et médiocres.

Les correspondants politiques ont le devoir de rapporter sans aucun scrupule les activités du Premier ministre, d’analyser ou de critiquer sa conduite dans les affaires de l’Etat. Dans un pays qui est en guerre permanente, ils doivent aussi analyser les enjeux du conflit avec les Palestiniens et les menaces des Iraniens, mettre les pendules de l’Histoire à l’heure.

Ces dernières années, on assiste à une disproportion flagrante et grotesque dans le jugement rédactionnel. On néglige l’importance de chaque mot, de chaque parole exprimant une pensée, une opinion ou une idée, d’une façon concise et frappante.

Depuis le 7 octobre quatre chaines de télévision diffusent en permanence des reportages et des débats. Des avocats, blogueurs et intellectuels, des conseillers et stratèges en communication, des militants de droite comme de gauche banalisent le métier du journaliste et diffusent souvent de la propagande ou de fausses nouvelles. Ils transforment le débat en un dialogue de sourds, en une cacophonie désagréable.

Les reportages et les articles sont repris par la presse étrangère et font toujours les manchettes. Nos ennemis et nos détracteurs se réjouissent et se frottent les mains, le Hamas et le Hezbollah crient victoire.  C’est ainsi que nous perdons la bataille de la désinformation en Europe et en Amérique. Le terrible massacre du 7 octobre a été rapidement oublié. Nous sommes devenus les agresseurs et mis au ban de la société des nations. Comment expliquer notre juste cause, notre combat légitime et existentiel contre le fléau du terrorisme quand nous-mêmes nous refusons l’union et la solidarité ?

La haine contre l’Etat juif ne peut s’expliquer seulement par l’ignorance de l’origine du conflit arabo-israélien ni en raison des intérêts économiques mercantiles. Elle est ancrée d’un antisémitisme latent ou virulent qui nous accompagne depuis la nuit des temps.

Certes, depuis la renaissance de l’Etat d’Israël nous sommes capables de nous défendre. Parallèlement, nous devrions aussi œuvrer devant les gouvernements étrangers pour assurer la sécurité des communautés juives de la diaspora. Depuis le 7 octobre 2023, les actes antisémites dans les rues et dans les campus ont augmenté considérablement et les manifestations pro-palestiniennes se multiplient. Le devoir de la communauté internationale est d’agir contre la haine du juif et adopter des lois sévères dans le cadre d’une convention contraignante.

Pour pouvoir gagner toutes les batailles, relever les défis et assurer notre défense dans le pays et en diaspora, nous devrions mettre momentanément nos querelles politiques aux vestiaires. La victoire sera acquise que dans la solidarité et l’union.