Qui choisir pour diriger l’Etat d’Israël ?
Dans quelques jours nous irons une fois encore aux bureaux de vote pour choisir un leader et une nouvelle coalition. Devant la multiplication des partis et l’absence d’idéologie et de stratégie, les Israéliens iront aux urnes dans l’indifférence et la lassitude, et surtout avec un certain dégoût de la politique et des démagogues. Une fois encore, la campagne électorale est peu honorable. Les leaders politiques ont offert un spectacle médiocre en préférant les messages creux, les coups-bas et vulgaires et des promesses vides de sens, populistes et irréalisables. De ce fait, l’idéologie s’est effacée devant un dilemme focalisé toujours sur un seul choix : être ou ne pas être avec Bibi.
Un phénomène sans précédent depuis la renaissance de l’Etat d’Israël car depuis 1948 à ce jour aucun homme politique israélien n’a été tant admiré et populaire mais également si détesté.
Si la majorité écrasante des électeurs du Likoud, des partis religieux et les ultraorthodoxes ne souhaitent pas changer Nétanyahou et iront probablement avec lui jusqu’au bout ; à gauche et au centre, la situation est complexe, incertaine et bien floue car elle dépend des caprices des partis arabes. Toutes les tentatives de former un bloc homogène, harmonieux et stable contre Netanyahou n’ont pas réussi à ce jour.
Un véritable leader devrait avoir une vision claire, la capacité de guider, d’influencer et de motiver, inspirer confiance et surtout donner l’exemple.
Une nation sans leadership ne pourra jamais résister aux conséquences d’un fléau, d’une attaque militaire, d’une pandémie ou une catastrophe naturelle majeure, puis à rétablir rapidement sa capacité de fonctionner normalement et de relever les défis en cours.
Selon les derniers sondages, qui malheureusement ne sont pas toujours fiables, aucun bloc n’est capable de former une prochaine coalition viable, et tout pronostic reste hasardeux. Dans ce nouveau cirque politique, toutes les acrobaties n’ont guère de filets de secours.
Dans cette campagne, comme d’ailleurs dans toutes les précédentes, aucune distinction nette existe entre l’important et l’insignifiant, l’essentiel et la futilité, le faux et le vrai. L’électeur demeure très embarrassé et dans la plus complète perplexité.
En réalité, deux camps s’affrontent. Une véritable confrontation idéologique entre celle de Lapid et Gantz qui préconisent une claire séparation entre la religion et l’Etat. Un Etat laïc et libéral égal à tous les pays démocratiques de la planète qui œuvra de concert avec la société des nations pour aboutir à un compromis territorial et la création d’un Etat palestinien indépendant. La question de savoir si nous vivons dans un Etat normal comme tous les autres pays ? On peut aussi s’interroger si le peuple du Livre n’a plus de spécificité ?
Durant une seule année au pouvoir le gouvernement Bennet-Lapid a tenté de calmer les esprits, de contourner les problèmes, et d’arrondir les angles. Sans faire de vagues, il a réussi à renforcer les relations diplomatiques et à consolider les liens avec les Etats-Unis. La visite du président Herzog à la Maison Blanche confirme ce rapprochement mais aussi pose la question sur l’intervention du président Biden dans la campagne électorale une semaine avant le jour du vote.
Le gouvernement Lapid-Gantz s’est rangé avec les pays occidentaux contre l’invasion russe en Ukraine. Il a retardé la signature d’un accord avec l’Iran sur son projet nucléaire et a conclu avec le Liban un accord sur le partage des eaux économiques. On lui reprochera des concessions inutiles et un manque de transparence dans les décisions gouvernementales. Dans le combat contre le terrorisme palestinien et l’incitation à la haine on constate qu’ils se poursuivent quotidiennement et de plus belle à Jérusalem, à Djénine, à Naplouse et ailleurs. Il semble que l’Autorité palestinienne se moque éperdument des accords sécuritaires conclus avec Tsahal et le Shin Beit.
Pour le bloc de droite représenté par Nétanyahou, l’Etat d’Israël devra mettre en priorité son histoire trimillénaire et sa judaïté. Affirmer clairement sa spécificité comme l’Etat-nation du peuple juif en se basant sur un « triangle de fer » avec une puissance militaire, économique et diplomatique. La paix avec les Palestiniens ne se fera qu’après avoir achevé les Accords d’Abraham avec tous les pays arabes et d’ici là les relations avec les Palestiniens se dérouleront sans aucun compromis majeur.
Durant toutes les années au pouvoir, Nétanyahou avait réussi dans plusieurs plans et domaines mais a échoué dans les relations humaines et dans sa conduite avec ses adversaires. Certes, le pouvoir est l’aphrodisiaque absolu mais Nétanyahou a préféré diviser pour régner tout en écartant les dauphins, les amis et ses militants. Il a permis aux extrémistes des débats houleux et une violence verbale dangereuse en affaiblissant le pouvoir juridique.
Malgré toutes les bévues et en dépit d’un comportement orgueilleux et parfois peu honorable, les réussites et les succès de Nétanyahou sont sans doute plus importantes et prévalent sur ses échecs.
Il a transformé Israël en un Etat puissant militairement et économiquement. Il a encouragé la technologie de pointe, développé les moyens de communication, les investissements étrangers et la compétition des marchés. Certes, tout n’est pas parfait et un grand fossé se creuse entre riches et pauvres.
Sur le plan social, Nétanyahou a suivi les pas de Menahem Begin en effaçant toute discrimination et en offrant aux « orientaux » une place honorable dans la direction du pays. Ainsi, il a pu obtenir leur sympathie et leur confiance dans les campagnes électorales… Nétanyahou, l’ashkénaze devient le leader, l’idole des couches populaires séfarades.
Dans la gestion des affaires diplomatiques et militaires, Nétanyahou s’est montré très prudent en avançant à tâtons. Ses prédécesseurs se sont aventurés dans des guerres et ont pris sans succès des décisions unilatérales. En revanche, Nétanyahou a été pionnier dans le combat contre le projet nucléaire iranien. Il a permis au Mossad des opérations spectaculaires et à Tsahal des raids audacieux en Syrie. Il a également œuvré discrètement pour la normalisation avec les Emirats du golfe, le Maroc et le Soudan tout en négligeant une solution avec les Palestiniens. Comment peut-on ignorer notre proche voisin ? Fidèle à maintenir la souveraineté d’Israël sur la vallée du Jourdain en garantissant des frontières sûres et défendables, Nétanyahou ne s’est pas retiré d’une seule parcelle de la Judée et de la Samarie et a résisté aux fortes pressions de la communauté internationale.
Aujourd’hui, la société israélienne est plus que jamais déchirée avec un fort nombre d’indécis et d’absentéistes qui grandit à chaque échéance. Tous les espoirs fondés se sont rapidement estompés dans la rancœur.
Il est temps de redonner confiance dans l’avenir et cessons de semer la division et la zizanie et de faire naître la discorde et des disputes inutiles. Tout en demeurant chacun dans son propre camp idéologique, nous devrions être unis pour pouvoir relever les défis et affronter les menaces. Soulignons, une fois encore, que nous sommes toujours en état de guerre et nos ennemis se réjouissent toujours quand Israël est en crise et plongé dans la division.
En l’absence de réforme, il est clair que ce cinquième round électoral ne pourra pas changer l’échiquier politique et il est possible que nous irons aux urnes pour une sixième fois. Cette situation est anormale et ne peut plus durer. Nous devrions donc mettre un terme définitif à ce manège prolongée et intenable pour pouvoir garantir une stabilité gouvernementale à long terme.
En conclusion, chacun et chacune devra bien réfléchir avant d’aller aux urnes pour enfin voter utile. Nous sommes tous responsables pour garantir un plus bel avenir aux générations futures.