Proclamation de l’Etat palestinien : la flagrante manipulation

Les Américains s’opposent à la proclamation d’un Etat palestinien car il s’agit d’une violation des accords d’Oslo – Toutefois, Salam Fayyad a trouvé une issue et selon lui l’Etat palestinien existe  déjà puisque Arafat l’a proclamé en 1988.

Récemment, le chef de l’exécutif palestinien, Salam Fayyad, a déclaré lors d’une interview sur la 2ème chaîne de la télévision israélienne, qu’il souhaite l’établissement  d’un Etat palestinien, mais préfère ne pas le proclamer unilatéralement.

S’adressant à un public israélien il a probablement tenté d’apaiser les esprits et dissiper les craintes des Israéliens de le voir prochainement sur les écrans avec Mahmoud Abbas   proclamer solennellement  d’un balcon de Ramallah la création d’un Etat palestinien à l’intérieur des lignes de 1967 et dont la capitale serait Jérusalem.

Est-il possible que Fayyad a abandonné la solution unilatérale ? A-t-il fait allusion que la voie à un Etat et à des frontières reconnues passe d’abord par des négociations ?

Afin de répondre à ces questions, il faudrait examiner attentivement la formulation précise des propos de Fayyad. Il a déclaré effectivement que les Palestiniens ne sont pas intéressés à faire une proclamation unilatérale « supplémentaire ». Dans une interview accordée le 18 novembre dernier au journal saoudien « Asharq Al-Awsat », Fayyad s’explique plus: « je dis toujours que nous devrions nous concentrer non pas sur la proclamation mais sur la construction de l’Etat, puisque la proclamation de l’Etat a déjà été faite en Algérie en 1988 ».

En d’autres termes, selon Fayyad, l’Etat palestinien existe déjà et il n’y a nul besoin d’une nouvelle proclamation à ce sujet en 2011. Il rappelle qu’Arafat a proclamé la création de l’Etat palestinien le 15 novembre 1988 lors de la réunion du Conseil national palestinien à Alger.

Apparemment, tout ce dont l’Autorité palestinienne a besoin actuellement est la reconnaissance de l’Etat palestinien existant. Fayyad peut rejeter les plaintes de Washington sur le comportement unilatéral en faisant valoir que les Palestiniens eux-mêmes ne souhaitent  pas la proclamer de sorte qu’ils n’ont pas agi d’une façon inappropriée. Fayyad ne pourrait  assumer la responsabilité sur la reconnaissance de la part d’autres pays.

Il est à noter que si Israël ou les Palestiniens avaient agi unilatéralement et initié un changement du statut juridique de la Cisjordanie, cela aurait été une violation substantielle de l’engagement principal des accords d’Oslo. En apparence, en se basant  sur la proclamation d’Arafat en 1988,

Fayyad tente de faire une entorse juridique pour pouvoir contourner l’obstacle de l’engagement palestinien fait dans les années 90.

Cependant, des défaillances importantes apparaissent dans les arguments de Fayyad. En 1988, l’OLP était installé à Tunis et n’avait aucun contrôle de toute sorte sur aucune zone géographique – ce qui constitue une des conditions préalables à la reconnaissance d’un Etat selon le droit international.

Bien que l’année suivante depuis cette fameuse proclamation, 95 pays ont reconnu le nouvel Etat, beaucoup d’entre eux ont émis des réserves, et notamment l’Union soviétique, clairement alliée de l’OLP, qui a affirmé qu’elle « reconnaissait la proclamation de l’Etat palestinien, mais pas l’Etat lui-même. »

Des porte-parole palestiniens rappellent souvent  que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté le 15 décembre 1988 une résolution  rappelant la proclamation de l’Etat palestinien par le Conseil national palestinien et 104 pays ont voté pour.

La résolution a changé le titre du nom indicatif de l’observateur de l’OLP à l’ONU en « Palestine » Toutefois, la résolution souligne qu’il ne faut pas voir dans ce changement une modification substantielle dans les pouvoirs et fonctions de l’OLP dans le cadre des Nations Unies. En d’autres termes, les mesures prises par l’ONU suite à la déclaration de 1988 ont été purement symboliques.

La question la plus difficile à laquelle Fayad doit répondre est comment peut-il affirmer que l’Etat a été proclamé en 1988, alors que les Palestiniens eux-mêmes ont menacé de le faire dans les années suivantes?

De nombreux dirigeants palestiniens affirment que l’accord intérimaire signé avec Israël a expiré le 4 mai 1999. Selon cette affirmation, Abou Alla, président du parlement palestinien a écrit qu’en raison du vide juridique créé suite à l’expiration de l’accord, les Palestiniens devraient proclamer la création de l’Etat indépendant en 1999, mais finalement cette idée a été abandonnée. En 2008, suite à la déclaration de l’indépendance du Kosovo, les Palestiniens ont à nouveau soulevé l’idée de la déclaration de l’indépendance d’un Etat palestinien.

Prof. James Crawford de l’université Cambridge, expert international sur la question de la reconnaissance de nouveaux Etats, a écrit dans son dernier livre sur ce sujet que le souhait de certains membres de l’OLP d’initier une proclamation unilatérale prouve qu’ils pensent que la déclaration de 1988 est défaillante et n’est pas complète.

Il convient de rappeler que le 24 novembre 2000, Abou Mazen lui-même a déclaré devant l’Assemblée générale de l’ONU que Jérusalem serait selon lui la « capitale de notre futur Etat ». En février 2009, devant le  Parlement européen il a également fait allusion au futur “but ultime”.

La stratégie palestinienne présente un défi pour l’Etat d’Israël. Comment doit-on réagir lorsque l’Argentine, le Brésil ou la Bolivie reconnaissent l’Etat palestinien ? Où que fait-on quand dix pays veulent améliorer le statut des représentants de l’OLP dans leurs capitales ?

La réponse est claire et rien ne se fait de lui-même, l’évolution des choses sont le résultat des pressions constantes exercées par l’Autorité palestinienne afin de pouvoir gagner une reconnaissance diplomatique. En fait, le site Internet du ministère des Affaires étrangères du Brésil reconnaît que sa reconnaissance n’était qu’une réaction à une lettre de demande adressée au Président Lula le 24 novembre dernier  par Abou Mazen.

Israël peut prendre une série de mesures en réponse à la nouvelle stratégie palestinienne. Il est évident qu’Israël doit agir devant les chancelleries qui souhaitent reconnaître l’Autorité palestinienne comme Etat. Mais ces pays ne sont qu’un seul objectif. Israël devrait neutraliser ces tentatives de la base et dissuader l’Autorité palestinienne, responsable principale, d’abandonner ses manigances, sinon nous serions témoins dans les prochaines semaine d’une nouvelle escalade.