Nos relations avec Washington à la veille de la visite du Président Obama à Jérusalem
A la veille de la visite du Président Barack Obama à Jérusalem, la coopération entre les services de Renseignement des Etats-Unis et d’Israël n’a jamais été aussi étroite. Elle se focalise sur la plus grande des menaces : la nucléarisation de l’Iran.
Le New York Times daté du 8 janvier 2013 révèle l’importance d’un renseignement sensible obtenu par les services israéliens par satellite.
Selon un rapport transmis par Tsahal au Pentagone, on aperçoit des forces syriennes chargeant des bombes contenant des produits chimiques dans des véhicules à proximité d’une base aérienne. Toujours selon ce rapport, ces bombes non conventionnelles auraient pu être lancées en l’espace de deux heures si l’ordre en avait été donné par le Président Assad.
C’est bien grâce à un rapport israélien que le Président Obama a immédiatement entamé des contacts avec la Russie, la Chine, la Turquie et certains pays arabes dans le but d’empêcher l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.
L’article bien fouillé paru dans le New York Times dévoile le caractère spécial des relations stratégiques et sécuritaires qui lie Israël et les Etats-Unis ; un aspect important à rappeler à la veille de la visite du Président Barack Obama en Israël.
Ce cas précis n’est pas exceptionnel et rappelons qu’au cours de la Guerre froide, Israël a fourni aux Etats-Unis des renseignements précieux concernant la performance des systèmes d’armes soviétiques capturées par Tsahal en Egypte. En 1966, Israël avait fourni aux Etats-Unis, grâce au Mossad, un Mig 21 récupéré d’Irak. L’étude de cet appareil fut essentielle pour les combats aériens de l’armée américaine au Vietnam.
Quelques années plus tard, Israël fournit au Pentagone un ensemble de systèmes radar soviétiques. Très satisfait de la prise israélienne, l’ancien chef des services de renseignements de l’armée de l’air américaine, le général George Keegan, avait déclaré : « les Etats-Unis n’auraient jamais réussi à obtenir ces renseignements même avec l’aide de cinq agences de la CIA ». Il avait souligné chaleureusement l’énorme contribution de l’Etat juif à la sécurité des Etats-Unis.
Hélas, tous en Amérique ne partagent pas cet avis et beaucoup sont moins enthousiastes sur ces excellentes relations stratégiques. Les professeurs John Mearsheimer de l’Université de Chicago et Stephen Walt de d’Université d’Harvard prétendent, par exemple, que les temps ont évolué depuis la Guerre froide et que ces relations n’ont aucune importance depuis l’effondrement de l’Union Soviétique. Dans leur ouvrage, ils prétendent que les relations entre les deux pays ne sont basées que sur le lobby pro-israélien à Washington.
Et pourtant, depuis le 11 septembre 2001, les relations sécuritaires entre les Etats-Unis et Israël semblent être plus étroites que jamais, en particulier devant la menace omniprésente du djihad mondial.
Pour combattre et vaincre le terrorisme, il est nécessaire d’obtenir des renseignements précis sur les différentes organisations et leurs commanditaires. Cela exige une coopération étroite des services de renseignements que de nombreux Etats, et notamment Israël, avaient refusé auparavant d’entreprendre.
Selon l’ancien chef de la division de recherche au renseignement militaire de Tsahal, le général de brigade Yossi Kuperwaser, les services israéliens collectent et analysent aussi des renseignements dont les Etats-Unis sont le principal bénéficiaire. Cette coopération entre les deux pays se base sur plusieurs domaines.
Par exemple, des fonctionnaires américains assistaient au dernier lancement de la fusée Arrow 3. L’ampleur des exercices militaires et des manœuvres communes a également atteint des records. Plusieurs délégations du Centre de Formation et de la Doctrine de Combat de l’armée américaine (TRADOC) tirent régulièrement des leçons des récentes opérations de Tsahal en Cisjordanie, au sud-Liban, et dans la Bande de Gaza. Il est fort probable qu’on découvrira un jour que certaines tactiques de combat employées en 2004 dans la bataille de Fallujah en Irak sont inspirées de l’opération de Tsahal à Djénine, en 2002.
Les visites des chefs d’état-major américains en Israël sont désormais plus fréquentes et reflètent l’importance des relations sécuritaires entre les deux pays. En 2007, le commandant des forces américaines en Europe (EUCOM), le général Bantz, a défini l’Etat juif comme « l’allié le plus proche » des Etats-Unis au Moyen-Orient. Et en avril 2010, le premier conseiller à la sécurité nationale du Président Obama, le général James Jones, a précisé avec satisfaction : « Je peux vous dire, grâce à ma riche expérience, que nos relations sécuritaires avec Israël sont importantes pour les Etats-Unis »
Malgré toutes ces déclarations, certains observateurs et universitaires remettent à chaque fois en question cette étroite coopération. Il est clair qu’un renseignement sensible ne sera pas divulgué car il est classé « top secret défense » pour les deux pays, mais nous devrions être vigilants. En fait, la crédibilité du partenaire stratégique repose sur sa capacité à protéger les renseignements les plus confidentiels.
Cependant, des experts militaires américains ont exprimé leur vive inquiétude sur la possible publication un jour de cette étroite et secrète coopération qui, selon eux, pourrait éloigner les dirigeants arabes de Washington. Compte-tenu des préoccupations des Etats arabes sunnites face à la menace iranienne, il est néanmoins peu probable qu’ils refusent la présence d’un navire de guerre américain parce qu’il aurait auparavant visité le port de Haïfa.
D’ailleurs, plusieurs télégrammes diplomatiques américains publiés par Wikileaks révèlent que lors des visites d’officiers supérieurs américains dans des capitales arabes, les pays du Golfe ne se sont pas préoccupés d’Israël, mais de la menace iranienne. En fait, dans un grand nombre de nouveaux conflits de la région, Israël et les pays arabes se trouvent justement dans le même camp.
Dans ce contexte, les observateurs occidentaux qui analysent les conflits du Moyen-Orient devraient prendre en compte les nouvelles réalités de la région et ne plus se baser sur d’anciennes opinions et sur de vieux stéréotypes à chaque fois qu’ils jugent le monde arabe.
Dore Gold