L’Iran, Israël et l’exemple nord-coréen
Une fois encore, sans surprise, les négociations entre l’Iran et les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne se sont achevées sans aucun résultat ; un échec dont Israël a éte tenu pour responsable.
Le chef de la délégation iranienne, Saïd Jailli, a accusé implicitement Israël d’être responsable des difficultés en cours. Selon ses propos, Israël agit dans les coulisses pour faire pression sur les pays occidentaux et saboter tout compromis.
Ce genre d’accusation et le prétexte qu’elle induit ne sont pas nouveaux. Les prédécesseurs de Jailli ont toujours accusé Israël d’être responsable de l’impasse diplomatique entre l’Occident et l’Iran. Dans un article publié en janvier 2012 dans le New York Times, nous pouvons lire que le seul moyen d’assouplir les positions de Téhéran dans le domaine nucléaire serait la création d’une zone exempte d’armes nucléaires ; en clair : braquer les projecteurs sur Israël… Fort heureusement, l’administration américaine a bien compris le message et a refusé de tenir une conférence internationale sur ce sujet. Le président Obama avait bien compris que devant les turbulences au Moyen-Orient et le tournant négatif pris par le “printemps arabe” le but de cette conférence n’était plus propice ni productif.
Il faut dire que l’idée même selon laquelle la détermination de l’Iran à acquérir des armes nucléaires serait liée à Israël est complètement fausse et erronée.
La République islamique a renouvelé son programme nucléaire dans les années 1980 suite à l’expérience amère de la guerre Iran-Irak (1980-1988), pendant laquelle l’armée iranienne a été attaquée à plusieurs reprises, notamment par des armes chimiques utilisées par Saddam Hussein.
Après cette guerre qui a duré 8 longues années et a fait plus d’un million de victimes, Téhéran a cherché par tous les moyens à acquérir des armes nucléaires. Sa volonté était de devenir la première puissance du Moyen-Orient après la chute du régime irakien.
Cette aspiration de l’Iran à l’hégémonie régionale reste d’actualité et le rôle des Gardiens de la Révolution est crucial pour atteindre cet objectif. Le Bahreïn, par exemple, est décrit par des responsables iraniens comme l’une de leurs provinces… tandis que des milliers de soldats des Gardiens de la Révolution sont déployés sur le sol syrien afin d’empêcher la chute de Bachar el-Assad.
En réalité, l’ambition de l’Iran pour acquérir des armes nucléaires n’a plus pour objectif qu’elles deviennent un moyen de dissuasion, mais un moyen de répondre à ses aspirations régionales au Moyen-Orient. Les efforts de Jailli et de certains observateurs et chercheurs occidentaux pour détourner l’attention sur Israël ne changeront en rien la motivation iranienne de franchir la ligne rouge et de devenir, tôt ou tard, une puissance nucléaire.
Soulignons que le comportement nord-coréen et la retenue des réactions occidentales influencent considérablement le dialogue présent entre l’Iran et les pays concernés. Rappelons que la Corée du Nord a expulsé les inspecteurs de l’AIEA, elle a produit du plutonium enrichi de qualité militaire, et elle a effectué trois essais atomiques. Le monde occidental n’a réagi qu’avec de nouvelles sanctions. Aujourd’hui, la Corée du Nord menace les Etats-Unis par l’arme atomique et donc chaque diplomate qui tente de dialoguer avec son homologue iranien devrait prendre en compte que le pays des ayatollahs pourrait facilement se retirer de tout éventuel accord. L’Iran trouvera toujours des prétextes et des excuses et se présentera toujours comme un “bouc émissaire” face à Israël.
Dore Gold