Les prédictions contradictoires sur l’Accord nucléaire avec l’Iran
Dans le contexte de la crise internationale avec la Corée du Nord, il est fort important de rappeler que l’accord nucléaire signé avec l’Iran, le 14 juillet 2015 à Vienne, (JCPOA) était basé sur plusieurs hypothèses.
L’ancien Secrétaire d’État américain, John Kerry, avait alors déclaré que l’Iran n’était qu’à deux mois d’avoir suffisamment de matériel fissile pour fabriquer une bombe atomique, et donc avec cet accord, ce laps de temps pourrait être prolongé d’un an ou plus.
Dans le cadre de cet accord, l’Iran est contraint d’utiliser uniquement des centrifugeuses de première génération (IR-1) pour une période de 10 ans. Cependant, le directeur de l’Energie atomique iranienne, Ali Akbar Saheli, a déjà averti l’Occident que l’Iran pourrait « produire des dizaines de nouvelles centrifugeuses si les pays occidentaux osaient violer leurs engagements ». Dans ce cas précis, le laps de temps pour pouvoir fabriquer une première bombe atomique se réduirait à quatre mois seulement.
Dans ce contexte, il existe plusieurs scénarios qui contredisent complètement les délais présentés lors de la signature de l’Accord de Vienne de juillet 2015.
On nous avait prédit qu’une fois que l’accord entrerait en vigueur, l’Iran modérerait sa politique internationale. Mais voilà que depuis la signature de l’Accord, les déploiements des forces iraniennes en Syrie et ailleurs se sont renforcés. Téhéran poursuit ses transferts d’armes à des éléments radicaux et terroristes du Moyen-Orient, et menace de déstabiliser les régimes voisins. Aucune modération n’est donc à l’horizon.
On nous a aussi prédit que l’Iran abandonnerait son programme atomique à des fins militaires, et que son projet nucléaire serait pacifique. Cette estimation était basée sur un rapport non classifié publié en 2007 par la National Intelligence Estimate (NIE) qui fut d’ailleurs discrédité par la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et Israël. Même l’AIEA (l’Organisation internationale de l’Energie atomique) avait affirmé qu’elle ne pouvait pas dire avec certitude que le programme nucléaire iranien serait totalement abandonné.
Enfin, même l’idée d’installer un système d’inspection robuste pour vérifier les intentions réelles de l’Iran a été rejetée et Téhéran a refusé que des inspecteurs de l’AIEA puissent avoir accès à ses sites militaires. Dans l’attente, l’Iran a été condamné pour avoir testé des missiles balistiques capables de transporter des ogives nucléaires, bafouant ainsi la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Deux ans après la signature de l’Accord, quelle est réellement la situation ? Que sont devenues toutes les promesses et les prédictions concernant l’Accord conclu le 14 juillet 2015 à Vienne ?
Dans une intervention devant le Conseil des Relations extérieures, l’ancien Secrétaire d’État américain, John Kerry, a confié que sans l’accord l’Iran n’était qu’à deux mois de produire une première bombe atomique. Avec l’Accord, a-t-il assuré, nous aurons un laps de temps de plus d’un an. Kerry a précisé que le matériel fissile que possédait l’Iran était suffisant pour construire 10 à 12 bombes atomiques. Avec la mise en œuvre du JCPOA, ce matériel sera réduit, selon lui, « à la fabrication d’une seule bombe ».
Selon le JCPOA, l’Iran est contraint d’utiliser uniquement ses centrifugeuses de première génération, l’IR-1, pendant une période de 10 ans. Or, selon une dépêche de l’AP, il existe une entente entre le P5 + 1 et l’Iran sur le fait que dès le début de la 11ième année, Téhéran pourra commencer à installer des centrifugeuses plus sophistiquées.
Déjà, en janvier 2016, l’Iran a dévoilé sa centrifugeuse IR-8 qui est 15 fois plus performante que l’ancienne centrifugeuse IR-1. La volonté de l’Iran d’aller de l’avant avec son programme nucléaire est également illustrée par sa tentative d’obtenir des tonnes de fibres de carbone.
Récemment, le président iranien, Hasssan Rohani, a averti que le programme nucléaire pourrait être relancé en « quelques heures » si le gouvernement américain imposait de nouvelles sanctions. Rohani a précisé qu’un nouveau programme nucléaire serait « beaucoup plus efficace ». Bien que l’Accord n’ait pas prévu cet éventuel progrès, les menaces de Rohani indiquent qu’il existe réellement. Autrement dit, nous constatons que plusieurs scénarios contredisent complètement les délais présentés en 2015.
Le Secrétaire d’État américain John Kerry avait aussi déclaré devant la Commission de la Défense du Sénat : « Il est possible que, si l’Accord est respecté et correctement mis en œuvre, eh bien, l’économie iranienne s’améliora considérablement suite au soulagement des sanctions, cela renforcerales forces modérées du régime iranien. »
Cette approche de l’Administration Obama a été mise en lumière dans un article publié, avant la signature de l’Accord, par le New York Times Magazine. Son auteur, David Samuels, avait écrit : « Hassan Rohani a réussi à battre la ligne dure du régime et son élection démontre une politique d’ouverture et une volonté nouvelle pour négocier le démantèlement du programme d’armes atomiques. »
Précisons que les négociations secrètes avec l’Iran ont débuté bien avant l’élection de Rohani, alors que Mahmoud Ahmadinejad était encore au pouvoir.
Concernant une soi-disant modération de la politique internationale iranienne, soulignons également la présence sur le champ de bataille en Syrie, du commandant de la force al-Qods, le général Qasem Soleimani.
Le 17 juillet 2017, le président Trump a reconnu à contrecœur que l’Iran respectait l’Accord de Vienne. Cette certification présidentielle est exigée tous les 90 jours conformément à une loi promulguée par le Congrès sur l’examen de l’accord nucléaire de l’Iran (INARA). A la mi-octobre, le Président Trump devra se prononcer une nouvelle fois sur le sujet.
Selon cette loi, l’Iran devrait se conformer aux conditions suivantes avant d’obtenir une certification présidentielle :
- Tout d’abord, Téhéran doit « mettre pleinement en œuvre » l’Accord de Vienne. Une conformité partielle serait inacceptable ;
- Deuxièmement, l’Iran ne doit pas commettre de « violation substantielle » de l’Accord ;
- Troisièmement, le président américain doit certifier qu’il n’existe aucune activité iranienne dissimulée qui pourrait avancer considérablement le programme nucléaire de Téhéran ;
- Quatrièmement, étant donné que la conformité iranienne entraîne une suspension des sanctions, le Président doit certifier qu’une telle suspension va effectivement dans les intérêts nationaux des États-Unis.
Il existe aussi une « clause israélienne » : le paragraphe 7 stipule que c’est bien le président, et non seulement le Congrès, qui doit déterminer que l’Accord ne compromet « en aucun cas » l’engagement des États-Unis à la sécurité d’Israël. Plus encore, le JCPOA ne doit pas compromettre le soutien américain au droit d’Israël à exister.
Soulignons que malgré l’Accord du JCPOA, les Iraniens poursuivent leurs discours belliqueux et continuent à promouvoir l’idée qu’Israël devrait être rayé de la carte. Il n’y a eu aucun changement dans la politique iranienne.
Les conséquences de l’attitude arrogante de la Corée du Nord à l’égard du monde libre pourraient encourager Téhéran à poursuivre sans impunité sa politique désastreuse.
Dore Gold
Pour citer cet article :
Dore Gold, « Les prédictions contradictoires sur l’Accord nucléaire avec l’Iran », Le CAPE de Jérusalem, publié le 5 septembre 2017: http://jcpa-lecape.org/les-predictions-contradictoires-sur-accord-nucleaire-iran/
Photo : Discussions sur le nucléaire iranien à Vienne, le 14 juillet 2015 (Bundesministerium für Europa, Integration und Äusseres / Flickr).