Les frontières de 1967 ne sont pas défendables
Ce n’est un secret pour personne que le Président de l’Autorité palestinienne envisage d’exercer des pressions sur l’Assemblée générale des Nations Unies pour qu’elle adopte en septembre prochain une résolution qui prédéterminera les résultats de toute négociation sur l’avenir de nos frontières. Récemment, dans une interview qu’il a accordé au New York Times, Mahmoud Abbas a précisé qu’il insistera pour que les Etats membres reconnaissent l’Etat palestinien dans les lignes de 1967, ce qui signifie les frontières israéliennes d’avant la guerre des Six jours.
Malheureusement, même le Président Barack Obama semble avoir été influencé par cette position. Lors de son dernier discours, il a affirmé que” l’avenir des frontières doivent être fondées sur la base des lignes de 1967″. Une position qu’il a tenté de rectifier en ajoutant « avec un échange de territoire par un commun accord. » Mahmoud Abbas a dit à maintes reprises que tout échange de terre avec Israël serait bien minuscule.
Rappelons qu’avant la Guerre des Six jours en 1967, les lignes de démarcation en Cisjordanie n’ont que seulement été délimité puisque les armées arabes ont interrompues leur invasion au même moment où l’Etat d’Israël a vu le jour, 19 ans plus tôt. Légalement, elles n’ont formé qu’une ligne d’armistice et non pas une frontière reconnue internationalement. Aucun Etat palestinien n’a jamais existé auparavant et donc on ne pourrait affirmer que ces lignes sont d’avant la guerre de 1967. La Jordanie a occupé la Cisjordanie après l’invasion arabe, mais sa prétention à la souveraineté n’a pas été reconnue par aucun des membres des Nations Unies excepté le Pakistan et le Royaume Uni. Comme l’a bien dit l’ambassadeur de Jordanie aux Nations Unies avant la guerre, les anciennes lignes d’armistice « n’ont pas fixé les frontières. » Ainsi, l’axe central de la diplomatie israélo-arabe est depuis plus de 30 ans qu’Israël devrait négocier une nouvelle frontière convenue avec ses voisins arabes. Sur ce point, la Résolution 242 du Conseil de sécurité adoptée en novembre 1967 est éloquente. Elle n’a pas exigé qu’Israël se retire complètement des lignes d’avant 1967, sa clause de retrait appelle Israël de se retirer seulement « de territoires » et non de “tous les territoires”. Le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, George Brown, a souligné : « si la proposition dit « Israël se retirera de territoires qui ont étaient occupés » et non “des”, « les » territoires, signifie qu’Israël ne se retirera pas de tous les territoires. »
Avant la guerre des Six jours en 1967, Jérusalem a été coupé en deux, et le peuple juif s’est vu refuser l’accès à la vieille ville et ses lieux saints. La population chrétienne de Jérusalem a également été confrontée à des restrictions. Comme l’explique Arthur Goldberg, ambassadeur américain aux Nations Unies, la Résolution 242 ne fait pas obstacle à la réunification israélienne de Jérusalem. En fait, la Résolution 242 est devenue la seule base convenue dans tous les accords israélo-arabes, depuis le traité de paix israélo-égyptien de 1979 aux accords d’Oslo de 1993 entre Israël et les Palestiniens.
Comment les droits juridiques d’Israël aux frontières nouvelles étaient justifiés ? Une bonne explication est celle du juge Stephen Schwebel, qui allait devenir plus tard conseiller au Département d’Etat, et ensuite président de la Cour internationale de Justice à la Haye. Il a précisé le fait qu’Israël a agi dans un exercice légitime de ses droits à l’auto défense. Il n’était pas l’agresseur.
La flexibilité de créer de nouvelles frontières a été préservée pendant des décennies. En effet, les Accords d’Oslo de 1993, signés par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat sur la pelouse de la Maison blanche, n’ont pas stipulé que les frontières définitives entre Israël et les Palestiniens seraient les lignes de 1967. Les frontières devraient être l’objet de futures négociations. En avril 2004, la missive américaine soutenue par un consensus bipartite des deux chambres du Congrès, a stipulé qu’Israël ne devait pas se retirer complètement des territoires, mais avait droit aux « frontières défendables. » Les Secrétaires d’Etat américains depuis Henry Kissinger à Warren Christopher ont réitéré la même assurance.
La question est de savoir si Mahmoud Abbas négociera sincèrement avec Israël s’il peut compter d’avance sur la majorité automatique des pays du tiers monde à l’Assemblée générale des Nations Unies et pourra renforcer ses positions sur d’autres points qui sont en litige, comme l’avenir de Jérusalem, la question des réfugiés et les problèmes sécuritaires?
La démarche unilatérale de Mahmoud Abbas aux Nations Unies représente une violation flagrante des accords d’Oslo dans lesquels Israéliens et Palestiniens se sont engagés. L’ancien Premier ministre Itzhak Rabin a été très précis durant ces négociations en préservant les droits des citoyens israéliens à construire leurs foyers dans ces zones disputées, en insistant que les implantations seraient l’un des sujets dans les négociations sur le statut final entre les deux parties.
En se tournant vers les Nations Unies, Mahmoud Abbas souhaite utiliser la communauté internationale pour modifier le statut légal des territoires et a choisi la voie unilatérale aux négociations. Son sort est lié aujourd’hui au Hamas, une organisation extrémiste qui demeure l’antithèse de la paix. Sa fameuse charte de 1988 appelle à la destruction de l’Etat d’Israël et l’Islam comme moyen dans une bataille historique contre le peuple juif. Les dirigeants de ce mouvement ont déclaré publiquement qu’ils ne changeraient pas un seul iota de leur charte et leur orientation djihadiste est celle d’Ossama Ben Laden.
Tous les Premiers ministres israéliens ont souhaité que les négociations servent de moyen pour mettre fin au conflit israélo-arabe et aux revendications palestiniennes. Mahmoud Abbas souhaite surtout l’internationalisation du conflit sur le plan juridique. Il n’est pas prêt manifestement de faire un compromis historique. En allant aux Nations Unies et en s’alignant avec le Hamas, il se soustrait à des choix difficiles, et rend la solution du conflit israélo-arabe beaucoup plus difficile pour les générations futures.
L’intégralité de l’article original a été publié dans le Wall Street Journal du 21 mai 2011.