Les enjeux diplomatiques face à la menace iranienne

De profonds changements dans les intérêts et les préoccupations des Etats du Moyen-Orient caractérisent la période qui a débuté par la Deuxième guerre du Liban en juillet 2006 et Ils s’achèvent par  la fin du mandat de l’administration Bush. Aujourd’hui, la menace iranienne apparaît comme le plus grand danger pour la stabilité de la région. Le rythme accéléré de son programme d’armement nucléaire, ses tentatives de subversion dans le Moyen-Orient,  sa volonté de mobiliser des groupes islamistes  à se joindre à sa lutte révolutionnaire demeurent éloquents. La course actuelle iranienne pour atteindre l’hégémonie régionale n’est pas un nouveau phénomène. Toutefois, après la chute de Saddam Hussein en 2003, elle a été largement  négligée. Dans l’esprit  d’une grande partie des pays occidentaux le conflit d’Israël avec ses voisins arabes  était une des principales causes  de l’instabilité régionale. La question palestinienne, en particulier, était au cœur des problèmes de la région. Les diplomates américains et européens ont constamment entendu ce message dans les entretiens avec leurs homologues du monde arabe. Par conséquent, les décideurs occidentaux, en particulier en Europe, ont souligné l’urgence de régler la question palestinienne – tout en minimisant le défi levé par l’Iran. Déjà en août 2002, des représentants  de l’opposition iranienne ont révélé que l’Iran construisait secrètement deux sites nucléaires qui pourraient être à des fins militaires. L’installation de Natanz  pour l’uranium enrichi et Arak – pour la production d’eau lourde avec un réacteur  nucléaire d’eau lourde,  pourraient dans leur ensemble, fournir à l’Iran du plutonium enrichi à des fins militaires. Un an plus tard, L’agence internationale pour l’énergie atomique (IAEA) a indiqué que l’Iran programmait réellement la conversion de 37 tonnes de « gâteau jaune » (U308) en uranium hexafluorure  (UF6) – un gaz destiné à des centrifugeuses à Nataz, qui pourrait être enrichi en uranium de qualité militaire. La conversion avait déjà commencé en août 2004. L’AIEA a également révélé en 2003 que ses inspecteurs avaient déjà constaté à Nataz des particules d’uranium hautement enrichi – plus de 90% enrichi- qui était adapté uniquement à l’usage de l’armement nucléaire, et non pas à  un programme  nucléaire civil. Malgré le langage  confus des Services Nationaux de Renseignements américains en 2007 (NIE), qui estimaient que l’Iran avait mis fin à la militarisation de son programme nucléaire en 2003,  le Secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates, a affirmé  que l’Iran était « acharné » sur l’acquisition des armes nucléaires. Le progrès  du programme d’armement nucléaire iranien alla de pair avec le développement de la technologie des missiles balistiques de l’Iran et d’autres systèmes de prestations à long terme. En 2004, l’Iran se vantait que ses missiles avaient une portée de 1250 miles, pouvant frapper pour la première fois  certaines  parties de l’Europe. Les responsables iraniens n’ont pas caché leurs plans  visant à acquérir des capacités technologiques et un multi-espace national qui pourrait éventuellement permettre  aux missiles iraniens d’atteindre l’Amérique du Nord. En octobre 2007, Lt Gen Henry Obering, chef du programme de défense de missiles américains a prédis que les missiles iraniens pourraient menacer les Etats-Unis  avant 2015. Bref, la menace iranienne est devenue  urgente dans le calendrier international et cette question cruciale nécessite une action décisive des alliés. En dépit du fait, que l’Iran ait déclaré qu’il reprenait unilatéralement la conversion de l’uranium et les activités d’enrichissement qu’il avait gelées moins d’un an plus tôt( en 2004) dans le cadre de l’accord de Paris avec l’Union Européenne, les fonctionnaires européens ont néanmoins demandé que le dialogue diplomatique se poursuive avec Téhéran. Durant  plus de quatre ans, des fonctionnaires de l’Union Européenne ont affaibli les efforts américains en transmettant ce dossier  au Conseil de Sécurité des Nations Unies. En effet, le chef de la politique étrangère  de l’Union Européenne, Javier Solana, a déclaré explicitement, en octobre 2006, que le « dialogue » européen avec l’Iran devait se poursuivre même si les pourparlers sur les projets nucléaires ont  échoué. Parallèlement, les Européens ont exercé des pressions sur Washington pour faire un progrès diplomatique supplémentaire dans le processus de paix  arabo-israélien, même lorsque le dirigeant de l’OLP, Yasser Arafat,  profondément  impliqué dans les actes terroristes était toujours sous contrôle israélien. En fin de compte, l’administration Bush a accepté en 2003, l’adhésion de l’Union Européenne dans le « quartet » diplomatique pour faire avancer la paix au Moyen Orient, et pour promouvoir une Feuille de route qui aboutirait progressivement à la création d’un Etat palestinien. Ce double jeu diplomatique a été déstabilisateur, car il a mis à l’épreuve les capacités de défense israéliennes sur la table des négociations  sans répondre adéquatement aux capacités offensives de l’Iran dans la région.Cette double approche diplomatique est en effet une des principales conclusions  du rapport de la Commission Baker- Hamilton publié en décembre 2006. Ils affirment que les Etats-Unis ne seraient pas en mesure d’atteindre leurs objectifs au Moyen-Orient s’ils ne négocient pas directement la solution du conflit israélo-arabe.  Bien que le rapport ait mis en relief la nécessité des concessions israéliennes pour faire avancer le processus de paix, il a également proposé que les Etats-Unis et ses alliés doivent s’engager activement face à l’Iran. Il est clair que les auteurs de ce rapport n’étaient pas pleinement conscients de l’importance du rôle que pourraient jouer les armes nucléaires dans une région turbulente qu’est le Moyen-Orient. En autorisant l’Iran à se doter d’une frappe atomique, des pays de la région, comme l’Egypte ou l’Arabie Saoudite, revendiqueraient eux aussi des programmes nucléaires. Cette double approche de Baker-Hamilton – préconisant le retrait israélien des territoires en accommodant  l’Iran- explique clairement un vieux paradigme politique au Moyen-Orient, dont les auteurs du rapport ont essentiellement essayé de rafraichir. Cependant, la réalité sur le terrain a changé la donne dans toute la région. La Deuxième guerre du Liban, la prise du pouvoir du Hamas dans la Bande de Gaza – territoire duquel Israël s’était déjà retiré- ont été déclenchées, non pas pour des raisons  territoriales locales, mais en réponse aux objectifs iraniens qui avaient pour but de déstabiliser toute la région et de poursuivre sa course vers une suprématie régionale. Les implications de la Deuxième guerre du Liban vont  au-delà des frontières d’Israël et de ses voisins immédiats. Satisfait par les revenus de pétrole qui ont grimpé  de 32 milliards de dollars en 2004 à 70 milliards de dollars en 2007, l’Iran pouvait se permettre d’entamer cette course belliqueuse pour l’hégémonie du Moyen- Orient. La guerre de l’été 2006 n’était qu’une première étape d’un effort iranien plus grand  pour atteindre cette suprématie en associant les communautés arabes shiites et  en utilisant  les Gardes  révolutionnaires islamiques (IRGC). Dans ce contexte, la Deuxième guerre du Liban aurait du être intitulée: la Première guerre irano-israélienne.LE « REVEIL » SUNNITELa violence sunnite-shiite qui a harcelé l’Irak dans les années qui ont suivi l’invasion des Etats-Unis en 2003, était un premier signe alarmant à la nouvelle réalité au Moyen-Orient. Trois ans plus tard,  la guerre Hezbollah-Israël,  confirme les intentions de l’Iran. C’était le roi Abdullah II de Jordanie qui en décembre 2004 a tiré, le premier, la sonnette d’alarme. Il a parlé de l’émergence d’un « croissant shiite » qui pourrait encercler le monde arabe sunnite, en commençant  par l’Iran,  en passant à la nouvelle majorité shiite au pouvoir en Irak, en continuant vers la Syrie, dont la minorité des dirigeants Alawites sont considérés comme de vrais musulmans par certains  dignitaires religieux libanais shiites, pour atteindre finalement  le Liban, dont la population shiite est de plus en plus croissante en force et  démographiquement. Mais cela représente  qu’une seule partie de la menace iranienne pour le monde arabe sunnite. Les Etats arabes du Golfe sont originaires de communautés shiites, comme le Koweït où les shiites représentent 30% de la population. Un réseau de terroristes irakiens soutenu par l’Irak et des Shiites libanais  étaient  bien impliqués dans les attaques à la bombe des ambassades étrangères au Koweït dans les années 80   que dans une tentative d’assassinat de l’Emir de Koweït. Les shiites dans les Emirats arabes unis représentent  16% de la population, tandis que le Bahreïn a une majorité absolue shiite qui est estimée à plus de 75%. La majorité des shiites de Bahreïn se sont livrés à des émeutes féroces dans les années 1994-1995. Le gouvernement de Bahreïn a fourni à Washington  une preuve de liaison avec le Hezbollah, ils  cherchaient  à renverser le gouvernement de Bahreïn avec l’aide des brigades de l’IRGC d’el-Qouds. De nouvelles émeutes shiites ont éclaté en décembre 2007, au cours desquelles des manifestants ont appelé à  mort la famille dirigeante du pays les al-Khalifa. Le Bahreïn est susceptible de rester un pôle d’attraction pour la subversion pro-iranienne, en particulier depuis qu’il est devenu en 1995, le port d’attache de la cinquième flotte des Etats-Unis. Les trois millions de shiites d’Arabie saoudite sont une minorité, mais ils sont proches à constituer une majorité dans la province orientale qui est stratégiquement sensible et où la plupart des ressources pétrolières du royaume sont concentrées. Une branche saoudienne du Hezbollah – connue sous le nom de Hezbollah – al-hijaz – a participé en 1996 à l’attaque des Tours Khobar  où 19 militaires américains ont été tués. Le Hezbollah saoudien a été formé dans des camps IRGC en Iran et au Liban et a coordonné l’attaque à partir de la Syrie. Il existe également une importante population shiite au Yémen, connue sous le nom de Zaydi, qui est toujours un objectif de l’activisme politique et militaire iranien. Le Président Hosni Moubarak a en outre alimenté les spéculations sur une fissure du croissant shiite-sunnite dans le monde arabe. Dans une interview diffusée  en avril 2006 sur la chaîne de télévision el-Arabia, basée à Dubaï, il a affirmé que « la plupart des shiites sont toujours fidèles à l’Iran à l’Iran et non aux pays dans lesquels ils vivent. La majorité des shiites ne sont pas prêts à renverser les régimes sunnites, leur dignitaires religieux ont adopté traditionnellement une ligne de conduite « paisible » envers les autorités politiques, malgré la discrimination  à laquelle ils devraient faire face de la part des  dirigeants sunnites”. Cependant,  l’Iran procède à une deuxième révolution islamique, et cherche à étendre son influence par la radicalisation des communautés shiites et donc les enjeux pour le Moyen Orient et l’Occident demeurent énormes. La cassure sunnite-shiite  pourrait se déplacer dans des différentes directions. Il y a des signes de tension accrue entre les deux communautés dans le monde islamique, non seulement en Irak mais aussi au Liban. On signale que les dignitaires religieux sunnites musulmans en Arabie Saoudite ont accusé les shiites d’avoir cherché à convertir les sunnites. Des préoccupations similaires ont été exprimées en Egypte et en Jordanie. Compte tenu de ce climat, il est facile de comprendre pourquoi certains dirigeants sunnites sont inquiets et sont préoccupés par cette nouvelle menace existentielle. Vu l’intensité des craintes chez les dirigeants sunnites d’un éventuel encerclement shiite dirigé par l’Iran, l’idée parfois exprimée dans les milieux politiques américains, selon laquelle Washington  souhaite obtenir des concessions diplomatiques israéliennes  pour les Palestiniens, afin de pouvoir cimenter une alliance régionale des Etats sunnites contre l’Iran, n’a pas beaucoup de crédibilité. L’Arabie Saoudite ne donne aucune importance majeure au retrait d’Israël du territoire de Cisjordanie et ne fait aucun lien pour être convaincu de se défendre contre la quête iranienne pour la suprématie dans le Golfe persique. LA COOPERATION ISLAMIQUE FACE AUX ENNEMIS COMMUNS Téhéran a  démontré depuis plusieurs années sa capacité de collaborer étroitement avec les sunnites islamistes. Ses relations avec les groupes sunnites palestiniens comme le Jihad islamique ou le Hamas ne sont qu’un exemple. En 1991, des liens ont été créés avec les islamistes égyptiens et algériens à partir du Soudan. Au milieu des années 90, les unités de l’IRGC  sont intervenues en Bosnie où ils ont mis sur pied des camps de formation. L’influence de l’Iran s’est  même étendue et Téhéran a aidé des groupes sunnites minoritaires à Azerbaïdjan contre le gouvernement shiite pro-occidental. Pendant la seconde guerre du Liban, les Frères Musulmans égyptiens ont donné leur plein soutien public au Hezbollah, même quand  les dignitaires religieux wahhabites de l’Arabie Saoudite ont condamné le groupe shiite. Enfin, comme l’a divulgué le Rapport de la Commission sur 11 septembre, la coopération iranienne avec les sunnites extrémistes   inclut  Al-Qaïda : « Avant le 11 septembre, l’Iran a facilité le transit des membres d’Al-Qaïda à l’intérieur et hors de l’Afghanistan. …certains d’entre eux seront les futurs pirates de l’air ». Le rapport ajoute que «Les  membres d’Al-Qaïda ont reçu des conseils et une formation du Hezbollah. » Après que les forces américaines ont vaincu le régime du Taliban en Afghanistan, plusieurs membres du réseau Al-Qaïda ont obtenu refuge et aide en Iran. Plus récemment, les agences américaines de Renseignements  ont intercepté des communications entre la direction d’Al-Qaïda en Iran et la cellule d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite, celle qui a fait sauter trois camions bourrés d’explosifs à Riyad le 12 mai 2003. Bref, la conviction  dans le monde du terrorisme international que les organisations  représentant différentes religions ou factions idéologiques ne peuvent pas coopérer, est  régulièrement réfutée sur le terrain. Les militants des groupes sunnites et shiites sont parfois en compétition, sont prêts à s’entretuer, mais lorsqu’ils font face à un ennemi commun, ils collaborent sans difficulté. La perspective que l’aventure iranienne sera déclenchée sous un parapluie nucléaire pose un redoutable défi pour les Etats Arabes, et pas moins  pour Israël,  étant donné que le soutien iranien au terrorisme international n’affecte pas seulement le Liban. Il menace également la sécurité des  pays du Moyen-Orient. REEVALUATION DES PARADIGMES DIPLOMATIQUES L’Iran est donc la vraie « cause profonde » de l’instabilité dans la région. Par conséquent, le paradigme  caractérisé par le conflit territorial israélo-palestinien  qui a principalement  préoccupé les Américains, les Européens et la diplomatie israélienne depuis la Conférence de paix de Madrid en 1991, exige une révision totale. En mettant aux vestiaires la question iranienne, la réévaluation des paradigmes diplomatiques est particulièrement nécessaire vu l’échec des stratégies des  processus de paix antérieurs : Israël a essayé le processus d’Oslo pour une décennie et a obtenu en contre partie une vague d’attentats suicidaires. Après le désengagement de Gaza, Israel a obtenu une présence islamique massive qui a exploité l’ouverture complète de l’axe Philadelphie, le long de la frontière Egypte-Gaza  pour acheminer des contrebandes d’armes à une échelle jamais vue auparavant. Le désengagement de Gaza a complètement échoué. L’Occident, qui avait soutenu avec enthousiasme le désengagement de Gaza, n’a pas obtenu les bases pour un Etat palestinien stable et viable comme il l’avait espéré, mais plutôt un  nouveau sanctuaire pour les branches d’Al-Qaida ainsi qu’une tête de pont méditerranéen pour encourager  l’influence iranienne. L’administration Bush ne semble pas avoir assimilé l’ampleur de la transformation du Moyen Orient. En convoquant la Conférence de paix à  Annapolis en novembre 2007, il a semblé qu’on a retiré des fonds de tiroirs les idées perçues par les haut- fonctionnaires chargés de la diplomatie au Moyen Orient dans les années 90. En invitant les Etats arabes sunnites à Annapolis, les Etats-Unis ont supposé que du fait qu’Israël et les Etats arabes,  font face à une menace iranienne mutuelle, les deux parties seront plus susceptibles à parvenir à un accord de paix. Pourtant, il y avait des raisons sérieuses pour douter que cette stratégie serait la bonne. Annapolis n’a produit aucune percée dans les relations entre Israël et le monde arabe. Il n’a pas créé un nouveau terrain d’entente  au-delà de ce qui avait été réalisé à la Conférence de Paix de Madrid en 1991 en particulier sur les négociations multilatérales. En 2008, Les Etats arabes du Golfe n’étaient pas intéressés à parler avec la Secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, sur la manière de normaliser leurs relations avec Israël. Ils ont voulu savoir  que feront les Etats-Unis  pour arrêter l’expansionnisme iranien. L’Iran était leur priorité absolue. – pas le processus de paix avec Israel. Lorsqu’ils ne réussirent pas à obtenir les garanties nécessaires, plusieurs Etats arabes sunnites, dont l’Egypte et l’Arabie Saoudite, ont tenté à améliorer leurs relations avec Téhéran. Ainsi la nécessité de réévaluer les stratégies diplomatiques occidentales en 2008 a été d’autant plus urgente qu’en 2006. Ce qui semble clair, c’est que les projets politiques qui n’ont pas abouti à la paix en 1993 ou en 2005, pourraient saper la stabilité régionale si on répétait en 2008 les mêmes scénarios, aveuglement. Des retraits israéliens  en Cisjordanie  amplifieront  la montée du  djihad au sein des palestiniens plutôt qu’ils ne  diminueront  son intensité. Ils ne réduiront pas l’hostilité agressive des dirigeants iraniens, mais renforceront seulement sa conviction que son idéologie et ses tactiques sont du côté gagnant de l’histoire. Les leçons des erreurs du passé soulignent l’importance d’intégrer un nombre de nouveaux facteurs dans les politiques futures. L’IMPORTANCE VITALE DES FRONTIERES DEFENDABLES  POUR ISRAËL Israël devrait-il faire l’objet de pressions pour abandonner le contrôle de la vallée du Jourdain? Les armements n’ont-ils pas  afflué après le désengagement de la bande de Gaza? Ne  trouveront- ils pas le chemin vers les collines de la Cisjordanie? De ce fait, il est évident qu’une grande concentration de roquettes de courte portée et des missiles sol-air serait déployée à l’intérieur du pays et frapperait à distance les villes principales d’Israël et son aéroport international situé près de Tel-Aviv. Une Cisjordanie envahie par des groupes islamistes armés de roquettes, encouragerait  les réseaux terroristes à trouver refuge en Jordanie. Ils transformeront leurs bases en zones logistiques de formation et d’entrainement, similaires à celles qu’ils avaient construit dans le Sinaï pour avoir accès à Gaza. Cette nouvelle donne  serait une menace revalorisée sur la stabilité du régime Jordanien. Déjà, avec la montée du djihad sunnite à l’ouest de l’Irak, des groupes d’Al-Qaïda ont  tenté de s’implanter dans le sol jordanien, dans les villes tel qu’Irbid. Une absence sécuritaire israélienne dans la vallée du Jourdain rétablira indéniablement et accélérera cette tendance, et compromettra ainsi la sécurité d’un Etat arabe voisin qui demeure  un allié occidental dans  la guerre contre le terrorisme. Pour cette raison et d’autres, Israël devrait continuer à insister sur des droits à des frontières défendables  conformément à la Résolution 242 du Conseil de Sécurité et à la lettre du 14 avril 2004  présentée par le président W. Bush à l’ancien Premier ministre Ariel Sharon. PREPARATION POUR UN EVENTUEL «AFFAIBLISSEMENT» OCCIDENTAL EN IRAK Il est raisonnable de supposer que les Etats-Unis et leurs partenaires de la coalition réduiront  leurs effectifs  et à terme se retireront d’Irak. Quelque soit le calendrier du retrait occidental, la question sécuritaire majeure est de savoir si avant ce retrait, les Etats-Unis seront perçus comme ayant  accompli leur mission ou si nous considèrerons qu’ils ont été forcés de le faire prématurément. Malgré les résultats encourageants obtenus  par les forces américaines sous le commandement du général David Petreaus et la stabilité de la situation dans la province d’Al-Anbar – et d’une grande partie de la région de Bagdad, il y a actuellement en Irak  plusieurs forces à l’œuvre  qui cherchent à exploiter un retrait américain pour pouvoir servir leurs agendas politiques. Après le départ des Américains, les djihad sunnites présenteront tout retrait occidental  comme leur propre victoire et chercheront à renouveler leur influence  à l’Ouest de l’Irak. Un processus de transfert d’effectifs et de soutien  militaire a déjà commencé en 2006 et il est de nature à accélérer cette mise en œuvre. Cela a été proposé par l’adjoint d’Osama bin Laden, Ayman al Zawahiri, dans un message transmis à Abou Moussab al-Zarqawi et intercepté par les Renseignements américains. Il y a également le facteur iranien et Téhéran cherchera à renforcer son influence sur le gouvernement shiite de Bagdad, et sur les shiites arabes malgré les rivalités et les différences. Utilisant son nouveau statut en Irak, l’Iran sera bien placé pour établir, au fil des années, une coalition irano-irakienne  qui aura pour but de déstabiliser les régimes voisins et projeter ses  forces contre Israël à partir du front Est, se servant de ses unités comme elle le fait avec le Hezbollah, au Nord. L’Iran pourrait renforcer  le Hamas en Syrie pour pouvoir opérer contre la Jordanie. Ces  développements dépendront de la manière dont s’effectuera le  désengagement de l’Occident du territoire irakien. LE DEFI MILITAIRE IRANIEN Depuis 1988, soit la fin de huit années de guerre avec l’Irak, l’Iran a concentré ses dépenses militaires sur ses forces navales et ses missiles balistiques à capacité non conventionnelle. Ses forces conventionnelles régulières possèdent encore des armements le plus souvent démodés. Malgré ses investissements limités dans  l’achat d’avions de combat russes et des systèmes de défense aériens, le nombre d’avions de chasse et des chars est plus petit que dans d’autres armées du Moyen Orient. Ainsi, en dehors de ses capacités éprouvées  dans la subversion régionale et le soutien du terrorisme, le défi iranien est susceptible de s’exprimer dans les domaines où sa force militaire est plus prononcée. Dans le cadre d’un éventuel désengagement de l’Irak un tel défi militaire iranien pourrait s’exprimer dans les efforts à défier ouvertement les forces américaines comme par exemple, l’incident intervenu dans le détroit d’Ormuz en janvier 2008. Selon des sources militaires américaines, des vedettes de patrouille iraniennes avaient été équipées d’anti-missiles de croisière chinoise C-802 ; une version iranienne  du C-802 qui a été  utilisée  par le Hezbollah contre les vedettes israéliennes durant la Deuxième guerre du Liban. La première confrontation navale de l’Iran avec les forces américaines dans le Golfe persique, remonte à 1987, lorsque Téhéran a miné les voies maritimes dans la région et une frégate américaine, l’USS Samuel B.Roberts, a été sérieusement endommagée. Malgré les  sévères avertissements des Etats-Unis, l’Iran a poursuivi ses provocations en occupant des île