Les attentes contradictoires des signataires de l’accord de Genève
L’accord intérimaire conclu à Genève le 24 novembre 2013 est-il interprété de la même manière par l’Iran et par les signataires du groupe P 5 +1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) ? On peut en douter tant parfois ils ne semblent pas parler du même document.
D’après la déclaration du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à la télévision iranienne, l’accord signé à Genève ne comporte aucune obligation légale pour l’Iran. Dans ces conditions, Téhéran dispose d’une grande liberté de manœuvre pour interpréter le texte à sa guise.
Du point de vue occidental, l’un des objectifs des efforts diplomatiques menés à Genève était de rallonger le temps dont les Iraniens ont besoin pour atteindre la scission nucléaire. L’Iran ne l’admettra jamais, mais son ambition secrète est bien la scission nucléaire afin d’obtenir une bombe atomique. Il estime avoir besoin de très peu de temps pour recouvrer ses capacités de production d’enrichissement d’uranium à 20%, quand il ne se sentira plus lié aux obligations du document de Genève.
Les deux parties ont des attentes très différentes concernant l’avenir des sanctions contre l’Iran. Selon le porte-parole des Etats-Unis, la base des sanctions contre l’Iran doit rester fermement en place après la conclusion de l’accord de Genève. Pour le président iranien Hassan Rohani, en revanche, l’architecture de base des sanctions sera déconstruite avec la mise en œuvre de cet accord.
Le document de Genève laisse la porte ouverte à l’enrichissement d’uranium par l’Iran. Les Iraniens le considèrent d’ailleurs comme étant leur droit. De leur côté, les Etats-Unis parlent d’un programme d’enrichissement limité avec des restrictions et une surveillance internationales. Dans tous les cas, malheureusement, l’accord de Genève donne à l’avenir la possibilité de ne plus soumettre l’Iran à des restrictions internationales.
Dore Gold
Extraits de la conférence tenue le 9 décembre 2013 au JCPA – CAPE de Jérusalem.
Voir l’intégralité de l’intervention en anglais sur le site du JCPA.