Le vote aux Nations-Unies : Israël est-il vraiment isolé ?

« Les attaques contre Israël étaient lancées tous azimuts et le sentiment de siège grandissait. L’Europe n’était qu’un roseau brisé et en dépit du fait que l’administration américaine semblait être affaiblie, les Etats-Unis demeuraient un point d’ancrage et un soutien inébranlable pour la sécurité d’Israël. L’Amérique est capable d’affronter contre vents et marrées toute offensive diplomatique.» Ces propos ont été prononcés par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Shlomo Ben Ami. Ils ont été publiés dans ses Mémoires juste après l’échec des efforts du gouvernement Ehoud Barak de parvenir à un accord avec les Palestiniens dans le cadre des fameuses  négociations présidées par le président Clinton à Camp David.

C’est bien le chef de l’OLP Yasser Arafat qui est responsable de l’échec des pourparlers. Il a refusé de mettre fin au conflit et a préféré perpétrer la lutte armée contre Israël. Les propos de Ben Ami sont en effet un aveu qui prouve que malgré tous les efforts employés et les concessions faites par le gouvernement israélien envers les Palestiniens, un seul  ajournement  dans l’application du processus sera toujours au détriment d’Israël et ainsi renforcera l’isolement dans l’arène internationale.

Cette menace d’isolement de l’Etat juif est toujours à l’ordre du jour. Des éditorialistes et politiciens critiquent la détérioration des relations avec la Turquie et l’Egypte, brossent  un tableau noir de la situation en prédisant le nombre impressionnant des pays votant pour les Palestiniens lors de la prochaine réunion de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Selon ces observateurs seule une initiative de paix audacieuse pourra  neutraliser à la dernière minute la démarche palestinienne et pourra changer complètement la donne régionale et ses bouleversements dans le monde arabe.

Nous avons à plusieurs reprises démontré que cette thèse est erronée et que les turbulences dans les pays arabes, et en particulier en Egypte, n’ont aucun rapport  direct avec Israël.

Selon une analyse publiée dans le New York Times  sur le ” printemps arabe” ces ébullitions sont dirigées principalement contre les régimes et leurs dirigeants corrompus qui ont gaspillé l’argent du trésor public. Selon les auteurs de l’article, Israël a agi avec sagesse en gardant un profil bas.

Ils pensent que les islamistes et notamment les Frères musulmans seront les principaux bénéficiaires des révoltes arabes.

Concernant la démarche palestinienne, la douloureuse vérité est simple car durant ces 18 dernières années de négociations constantes avec les Palestiniens, la délégation de l’OLP aux Nations-Unies a fait tout de son pouvoir pour faire avancer des décisions anti-israéliennes avec l’appui du bloc arabe et des pays non alignés et grâce au vote automatique.

Admettre que lorsque le processus de paix progresse le statut d’Israël aux Nations-Unies s’améliore, c’est croire à un mythe. Il ne s’agit à chaque fois que de changements marginaux et éphémères.

Trois après la signature des Accords d’Oslo, le 14 décembre 1993, des décisions anti-israéliennes ont été prises aux Nations-Unies à la chaîne.

D’une façon ou d’une autre, il serait erroné d’examiner le statut d’Israël dans l’arène internationale seulement par les habitudes de vote aux Nations-Unies. D’ailleurs, des pays qui forment la majorité automatique comme  l’Erythrée, le Zimbabwe ou le Yémen sont eux-mêmes isolés puisque  leurs relations bilatérales avec des pays importants sont quasiment nulles.

Pour pouvoir examiner l’isolement d’un Etat, il est surtout important de constater le nombre des visites qu’effectuent les dirigeants de la planète dans ce pays et comment ils sont vraiment accueillis dans leur capitale.

Israël a accueilli le tiers du Congrès américain et la plupart des leaders européens et donc ne peut être considéré comme un pays isolé. Plusieurs  pays recherchent notre amitié et souhaitent renforcer leurs relations bilatérales basées surtout sur une coopération sécuritaire, sur le renseignement et la lutte antiterroriste.

Pour exemple, l’Inde votera finalement contre Israël aux Nations-Unies bien que nous avons signé avec ce grand pays une alliance stratégique importante.

En conclusion, l’approche selon laquelle Israël est capable d’influencer les tendances politiques fondamentales du Moyen Orient est totalement erronée.

La poursuite du dialogue avec les Palestiniens est certes une valeur en soi mais cela n’influera en rien sur les positions d’Erdogan et ne pourra contribuer à la stabilité de l’Egypte. Depuis les Accords d’Oslo, nous avons déjà utilisé toutes les théories politiques possibles, et hélas, elles se sont tous écroulées. Donc, face aux prochains défis nous devrions agir uniquement selon nos propres intérêts vitaux.

Extraits de l’article publié dans Israël Hayom du 16 septembre 2011.