Le rôle d’influence des Etats-Unis est-il en déclin ?
L’avenir du rôle des Etats-Unis dans le monde préoccupe beaucoup les chancelleries en raison de la décision de la Maison Blanche de s’abstenir de toute participation active sur la scène internationale, notamment au Moyen-Orient.
Cette préoccupation se renforce avec la crise syrienne et l’absence de mesures adéquates pour mettre fin aux atrocités quotidiennes et aux crimes commis contre une population civile innocente, notamment avec l’utilisation évidente d’armes chimiques.
Le débat sur l’efficacité du rôle des Etats-Unis, le « gendarme du monde », est mené depuis plusieurs années dans les milieux diplomatiques et universitaires. Des observateurs insistent sur la crise économique mondiale et affirment que l’ère de l’hégémonie occidentale a pris fin avec la montée en puissance économique de la Chine, du Brésil, de l’Inde et de la Russie. D’autres commentateurs mettent l’accent sur l’aspect militaire de la puissance américaine et se lamentent sur la baisse considérable du nombre des navires de guerre durant ces dernières décennies. Tandis qu’il existait dans les années 60 un millier de bateaux de guerre au sein de la marine américaine, aujourd’hui leur nombre n’est que de 270. D’ailleurs, le chef de l’état-major interarmées, le général Martin Dempsey, avouait récemment que les porte-avions américains ne flottent plus en Méditerranée.
Ces analyses pessimistes figurent aussi dans des documents officiels américains et sont publiées notamment dans la prestigieuse revue Foreign Policy. Dans un livre important publié récemment sur ce sujet épineux et intitulé La politique étrangère américaine bat en retraite, l’auteur, Vali Nasr, doyen de l’Institut des Relations Internationales à l’université Johns Hopkins, explique les raisons et les motifs de la position américaine actuelle. Vali Nasr est orfèvre en la matière et connait parfaitement les dossiers puisqu’il a servi pendant deux ans sous l’administration Obama entant que spécialiste de l’Afghanistan et du Pakistan, et il a également participé aux discussions confidentielles sur l’Iran et le Moyen-Orient. L’ouvrage décrit une Amérique fatiguée et affaiblie, perdant toute motivation de demeurer le gendarme du monde. L’auteur énumère les différents échecs de la diplomatie américaine, notamment le soutien à Nouri al-Maliki à la tête du gouvernement irakien. Comment peut-on soutenir un dirigeant chiite tel que Maliki qui reçoit directement des directives du guide suprême ayatollah Khamenei ?
L’ouvrage analyse également la méconnaissance du monde arabe au début du premier mandat d’Obama. L’auteur raconte la première rencontre avec le roi Abdallah d’Arabie saoudite, tenue en Juin 2009, et la stupéfaction du président américain concernant les propos du roi : « Vous devez avant tout mettre un terme à la menace iranienne, elle est pour nous plus urgente que le problème palestinien » dit le roi arabe en ajoutant, « je refuse tout lien entre cette menace existentielle et la question palestinienne… » Sur ce point, nul doute que le roi Abdallah et Netanyahou sont sur la même longueur d’ondes.
Concernant précisément le dossier iranien, l’auteur révèle que l’administration Obama souhaite que le dialogue avec Téhéran facilite la crise en Afghanistan et souligne que le président américain « a choisi tous les moyens de pression, sauf de déclarer la guerre. » Obama pense toujours que nous pouvons régler la menace nucléaire iranienne par le dialogue et non par une opération militaire. L’auteur met en garde contre cette manière de penser car les Iraniens sont dangereux et poursuivent sans relâche leur projet. Ils mettent à chaque fois les Américains à l’épreuve jusqu’au jour où Washington se trouvera dans l’obligation de lancer une opération militaire qui sera en fait un résultat humiliant pour les Etats-Unis.
Dans ce contexte inquiétant, face aux menaces proches et lointaines, et avec les différents émissaires de paix, Israël devrait tirer une grande leçon et en conclure de ne jamais mettre en péril ses avantages stratégiques ni compromettre le concept traditionnel de sa doctrine de défense, à savoir : l’Etat juif ne peut compter que sur lui-même pour se défendre et devrait se doter de frontières sûres et défendables sans la présence inutile de forces étrangères.
Dore Gold
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