Le projet nucléaire iranien est en pleine expansion

Dernièrement, les Etats-Unis et ses alliés en Occident ont focalisé leur attention vers les bouleversements dans le monde arabe en éloignant l’Iran des projecteurs. Et pourtant, Téhéran a apparemment accéléré certains éléments importants de son programme nucléaire.
Le 11 juillet dernier, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a publié un article d’opinion dans le « Gardian » intitulé: « la menace nucléaire iranienne s’intensifie ». Hague fait remarquer  que le directeur de l’Agence atomique iranienne, Fridoun Abassi-Dewani, a déclaré récemment que Téhéran a l’intention de tripler sa capacité de production d’uranium enrichi de 20%, et a précisé que son pays a  l’intention de déplacer  le processus d’enrichissement de l’installation de Natanz, vers un nouveau site souterrain à Pordu, près de la ville de Kome. L’existence de ce site n’a été révélée qu’en septembre 2009.
C’est en février 2011 que Mahmoud Ahmadinejad a nommé Abassi-Dewani directeur du projet atomique. En 2007, il figurait au Conseil de sécurité de l’ONU sur une liste noire regroupant toutes les personnalités iraniennes suspectes dans l’implication des « activités dans le domaine des missiles balistiques et dans le nucléaire iranien. »
Le rapport d’ISIS, Institut de recherche américain qui a pour but de suivre de près l’expansion nucléaire, a souligné qu’Abassi-Dewani était auparavant à la tête du département de Physique à l’Université Imam Hussein, liée à la Garde révolutionnaire iranienne.
Sa proposition d’augmenter significativement la production de l’uranium enrichi aura sans doute des conséquences graves à caractère militaire.
Jusqu’à ce jour, Téhéran a produit de l’uranium enrichi à un niveau de 3,5%. Il s’agit d’un uranium enrichi à faible degré correspondant à un combustible destiné aux centres nucléaires produisant de l’électricité. Afin de produire une bombe atomique, il est nécessaire d’enrichir l’uranium à un degré pouvant être adapté à usage militaire.
Le ministre britannique des Affaires étrangères a expliqué dans son article publié dans le Gardian, que la subite augmentation de l’uranium enrichi de 20% à un degré de 90% (nécessaire pour l’usage militaire) est beaucoup plus rapide que l’enrichissement à partir de 3,5%. Il a estimé qu’il faudrait dans ce cas un temps supplémentaire de deux à trois mois seulement pour pouvoir fabriquer des bombes atomiques.
L’AIEA, dont le siège est situé à Vienne a publié elle aussi de nouvelles données sur le programme iranien. Il faut dire que ses inspecteurs se rendent régulièrement en Iran. Dans son rapport publié au mois de mai, elle révèle clairement que les moyens d’enrichissement de Téhéran augmentent considérablement. Selon des rapports précédents, nous apprenons qu’en mai 2009 les Iraniens ont produit chaque mois plus de 80kgs d’uranium faiblement enrichi. L’année suivante, la quantité de production a augmenté à 120kgs par mois et aujourd’hui, elle s’élève à160 kg, à savoir presque le double de la quantité produite en 2009.
Le rapport de l’AIEA souligne que Téhéran a enrichi au total 4105 kg d’uranium faiblement enrichi et que déjà elle a produit 56,7kgs d’uranium enrichi à 20% dans un laps de temps de 15 mois. Les Iraniens affirment que cet uranium est à l’usage de recherche dans l’un de leur petit réacteur situé à Téhéran, mais selon des experts occidentaux ce réacteur ne peut utiliser par an que de 6 à 10 kg d’uranium enrichi à 20%.
Si Téhéran triple son rendement et réussira à produire chaque année 150 kg d’uranium enrichi à 20%, on s’interroge justement à quoi serviraient les autres quantités restantes? Par ailleurs, nous n’avons pas non plus de réponse précise sur la question essentielle à savoir combien d’installations d’enrichissement existent-elles en Iran? En août 2010, Téhéran n’a-t-il pas annoncé qu’il construisait de nouvelles installations? Il est fort inquiétant de constater que dans son dernier rapport, l’AIEA a affirmé: “nous savons de moins en moins sur les activités de l’enrichissement d’uranium en Iran. » Quel chemin choisira-t-il ce programme nucléaire devant les deux voies opérationnelles? Un enrichissement de faible densité vers un usage militaire ou la voie rapide à partir de 20% ?
L’ancien chef des inspecteurs de l’AIEA a prédit le 23 juin dernier, devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des Représentants, que vers la fin 2012 l’Iran aura la capacité de produire 150 kg d’uranium enrichi à un degré assez élevé.
Des experts affirment que l’Iran aura besoin de 20 à 30 kg d’uranium hautement enrichi pour pouvoir fabriquer une bombe atomique.
En conclusion, en fin 2012, Téhéran possédera assez d’uranium pour fabriquer 5à 6 bombes atomiques. Dans ce contexte, en pense faussement en Occident que la capacité de l’Iran d’enrichir de l’uranium a été fortement endommagée, mais les données que nous avons mentionnées ne confirment pas cette thèse. Le dernier avertissement du ministre britannique  prouve du moins que l’une des principales puissances occidentales, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU est inquiète et consciente de la gravité de la situation.
Toutefois et hélas, les chances que l’Occident exerce plus de pressions sur l’Iran sont actuellement assez faibles.
En dépit de l’aggravation de la situation sur l’arène internationale, Mahmoud Ahmadinejad ne cache plus ses intentions. Selon le FBI, il aurait dit le 23 juin dernier : « si nous désirons fabriquer une bombe, eh bien nous n’avons peur de personne, et nous n’aurons aucune crainte de le déclarer publiquement, et personne ne pourra nous empêcher de le faire.» Toutefois, il a ajouté en se contentant de dire: « nous ne sommes pas intéressés…” Cette déclaration catégorique du président iranien prouve à quel point Téhéran est déterminé et a surtout confiance dans son projet atomique.