Le mythe de la paix manquée avec les Palestiniens

Lors d’une récente interview diffusée sur CNN, l’ancien Premier ministre, Ehoud Olmert, a donné l’impression qu’en 2008, il était sur le point de signer un accord de paix avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Toujours selon Olmert, le rendez-vous historique a raté en raison d’une intervention financière de la part de certains milieux américains qui ont agi par tous les moyens pour le destituer.

Indépendamment de ses motifs politiques, Olmert a alimenté le mythe répandu dans le monde entier, selon lequel les Israéliens et les Palestiniens étaient très proches de la signature d’un accord. Il fallait seulement une poussée de la part de diplomatie américaine pour combler les dernières minimes divergences. Hélas, la vérité était tout autre et bien différente.

Tout d’abord, nous devons considérer les négociations secrètes qu’a entamé Olmert avec Mahmoud Abbas comme une preuve supplémentaire de  l’écart énorme existant entre les concessions extrêmes faite pour la première fois par un Premier ministre israélien, et les exigences minimales des Palestiniens. Les médias ont créé rapidement le mythe et les éditorialistes ont laissé entendre que nous étions très proche  d’une percée historique qui aboutira au statut  final entre l’Etat juif et les Palestiniens.

Ainsi, en janvier 2001, suite aux pourparlers de Taba, les négociateurs israéliens et palestiniens ont publié une déclaration commune en annonçant tambour battant : « les deux parties affirment qu’elles n’ont jamais été aussi proches d’un accord ».

Pourtant, la réponse qu’a donné Mohamed Dahlan  au ministre des Affaires étrangères israélien de l’époque, Shlomo Ben Ami était : « C’est un non sens! »( Rahta barta en arabe).

Le représentant de l’Union européenne, Miguel Moratinos, a affirmé dans son rapport à Bruxelles qu’il existait à Taba  « de sérieuses divergences » entre les deux parties.

Une analyse des quinze dernières années prouve que nous avons une  tendance d’exagérer sur les succès parvenus lors des négociations israélo-palestiniennes.

David Makovsky, ancien correspondant politique du quotidien Haaretz dans les années 90, a écrit que suite d’un entretien avec le général Shlomo Yanai, nous apprenons que la commission mixte militaire de Taba n’a pas discuté sérieusement sur les questions de sécurité et que les deux parties n’ont pas progressé dans le débat mais ont plutôt régressé.   En 2008, les pourparlers entre Olmert et Abbas ont été menés secrètement mais aucun accord concret n’a été conclu. Pourtant, à la une du  New York Times magazine Olmert dit : « jamais nous étions aussi proches  de parvenir  à un accord sur la base de principes qui pourront conduire  à mettre un terme définitif au conflit entre nous et les Palestiniens. »

Sur la question du droit du retour des réfugiés palestiniens, et en dépit du fait qu’Olmert avait employé le terme « aspect constructif », le président Abbas a affirmé au Washington Post  qu’Olmert a bien accepté le principe « du droit au retour ». Olmert rectifia le tir et affirme maintenant que le nombre exact des réfugiés autorisé à retourner dans leur foyer reste à négocier. S’agit-il vraiment d’un « accord »?

Sur les questions sécuritaires, il faut dire que les propositions d’Olmert étaient encore plus alarmantes. Mahmoud Abbas affirme que ces questions ont été abordé et régler avec le général James Jones, conseiller de Condoleezza Rice. Et pourtant, et en dépit de cette affirmation  aucun accord sérieux n’a été conclu avec Israël.

Dans ses Mémoires, la Secrétaire d’Etat, madame Rice explique qu’elle pensait qu’il fallait remplacer les forces de Tsahal dans certaines zones, telle la vallée du Jourdain, par des forces internationales et même par des forces de l’Otan. Ainsi, l’initiative d’Olmert a complètement modifié la conception selon laquelle Israël doit se défendre par lui-même. Sur Jérusalem, nous avons constaté également qu’il existait différentes versions de ce qu’Olmert prévoyait et nous pouvons dire qu’elles sont toutes problématiques.

Toujours dans ses Mémoires, Rice écrit que Mahmoud Abbas a refusé ses propositions concernant le «  Saint Bassin » à savoir un renoncement de la souveraineté israélienne sur une zone incluant la vieille ville dont le Mont du Temple, le Mur des lamentations, le Mont des Oliviers et la cité de David. Même après une intervention du Président Bush, Mahmoud Abbas refusa d’accepter cette proposition en prétextant que sur Jérusalem  « les divergences demeurent trop grandes ».

Dans ce contexte, peu importe qui gagnera les prochaines élections aux Etats-Unis, une chose est certaine, la nouvelle administration tentera de formuler une initiative de paix israélo-palestinienne et forcer les deux parties à l’accepter. Après l’échec des négociations à Camp David et de Taba, la politique étrangère des Etats-Unis  s’est fixée depuis à ramener ces  propositions même si dans le passé elles avaient échoué à aboutir à un accord. Aucune alternative n’a été envisagée. Ainsi, l’ancien président, Bill Clinton, pouvait écrire une décennie plus tard dans le  New York Times, concernant l’initiative d’Olmert « tous savent parfaitement à quoi ressemblera le statut final entre Israéliens et Palestiniens ».

En dépit de sa réputation problématique, les dernières apparitions d’Ehoud Olmert devant les médias américains renforcent la fausse impression selon laquelle un accord sur la signature du statut final a bien existé et il ne faut actuellement que le revitaliser… sans pour autant chercher une autre alternative plus viable pour aboutir enfin à une paix réelle et définitive dans notre région.