Le manège des Palestiniens à l’ONU
Lors de la dernière réunion plénière de l’Assemblée générale de l’ONU, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a fait part de son intention de mettre en œuvre son initiative pour la reconnaissance de l’Etat palestinien comme membre non étatique de l’organisation onusienne. Cependant, rien n’indique comment cette décision sera prise puisque cette initiative a déjà échoué l’année dernière.
Dans ce contexte, la direction palestinienne aussi s’interroge et se demande si cette nouvelle démarche sert vraiment leur propre intérêt. Il y a quelques semaines seulement, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al Maliki, n’avait-il pas déclaré que la démarche n’était pas encore dans l’ordre du jour des Nations-Unies. Et puis, que gagneraient-ils les Palestiniens si le Congrès américain déciderait de mettre un terme à leur soutien, notamment financier?
En fait, ces modifications techniques dans la définition de la délégation palestinienne à l’ONU ne pourront offrir aux résidents de la Cisjordanie un sentiment de changement significatif sur le terrain. Quant au Hamas il en profiterait pour mettre au pilori l’Autorité palestinienne et continuera à se moquer éperdument des “réussites diplomatiques” de Mahmoud Abbas.
Il convient de souligner que sur le plan juridique la levée du niveau diplomatique de la représentation palestinienne à l’ONU d’un statut “d’observateur” au statut ” d’Etat observateur non-membre” ne conduirait pas à l’établissement d’un Etat palestinien. Des nouveaux Etats comme le Kosovo et le Soudan-Sud ont été créés suite à la proclamation de leur indépendance, et seulement après une reconnaissance officielle de plusieurs pays ils se sont adressés à l’ONU pour pouvoir devenir membres.
En mai 2011, Mahmoud Abbas avait publié un article dans le “New York Times” expliquant ses motifs et en révélant que son but n’était pas que politique mais “d’internationaliser le conflit sur le plan juridique”, et de se fait il espérait entraîner Israël devant les instances internationales.
Les Palestiniens ont adopté cette stratégie depuis janvier 2009 quand le ministre de la Justice de l’Autorité palestinienne a transmis au procureur de la Cour pénale internationale(CPI) Luis Moreno Ocampo, une déclaration reconnaissant le pouvoir juridique “dans les paramètres de la Palestine” sans préciser ses frontières. La missive a été faite conformément au processus réservé aux pays sollicitant l’intervention de la Cour internationale, et c’était au procureur de décider si l’Autorité palestinienne était considérée pour cette fin comme Etat.
Ce n’est qu’après trois longues années de délibérations que le procureur Ocampo répondra en affirmant qu’il n’avait pas le pouvoir de décider si l’Autorité palestinienne est considérée comme Etat et que la question devrait être soumise au secrétariat général de l’ONU.
Les Palestiniens auront tort de penser que leur nouveau statut leur serait accordé automatiquement. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon a déclaré récemment que “l’espoir du peuple palestinien d’adhérer à l’ONU date en effet depuis longtemps, mais la procédure et sa mise en œuvre devraient être le résultat d’accords conclus lors de négociations et dans le cadre d’un processus de paix au Proche-Orient.”
En outre, l’initiative de Mahmoud Abbas pourrait aboutir à un résultat à double tranchant car sa demande devrait reconnaître un Etat incluant la bande de Gaza, et par conséquent il serait directement responsable des tirs de roquettes lancés sur les villes et villages israéliennes.
Mahmoud Abbas et ses proches conseillers sont apparemment inquiets par la définition israélienne de la Cisjordanie comme “territoire disputé” et de ce fait les revendications territoriales israéliennes comme palestiniennes sont légitimes. Par conséquent, les Palestiniens pourront demander d’inclure dans leur proposition à l’ONU une clause déterminant les lignes d’avant juin 1967 comme des frontières futures de l’Etat palestinien, et probablement ils réussiront à obtenir le soutien de la plupart des pays membres de l’ONU, à l’exception des Etats-Unis et Israël.
Rappelons que les lignes d’avant juin 1967 n’ont jamais été reconnues comme frontière internationale, et elles étaient en fait des lignes d’armistice de 1949. La résolution 242 du Conseil de sécurité adoptée après la guerre des Six Jours, n’a pas appelé Israël à se retirer complètement de ces lignes d’armistices d’avant guerre.
Au fil des ans, la résolution 242 est devenue la pierre angulaire du processus de paix au Moyen-Orient et a servi de base aux accords de paix signés entre Israël, l’Egypte, et la Jordanie. Le 1er septembre1975 les Etats-Unis ont transmis à Israël des garanties affirmant qu’ils s’opposeraient à toute initiative visant à modifier les résolutions 242 et 338.
En conclusion, la démarche palestinienne à l’ONU nous semble bien suspecte. Les changements techniques dans le statut de la délégation de l’OLP dans le Palais de verre ne pourront changer la situation sur le terrain et donc n’auront qu’un faible impact sur la rue palestinienne.