Le Coronavirus, l’Iran et les sanctions

Rouhani

Yossi Kupervasser expert au JCPA-CAPE et Michael Doran, expert à l’Institut Hudson, ancien membre du département d’État à la Défense et au Conseil de sécurité nationale des États-Unis ont participé à un débat organisé par le JCPA-CAPE.  Voici des extraits :

Yossi Kupervasser :

La pression maximale sur l’Iran doit être maintenue car il n’y a pas d’autre option et parce qu’elle fonctionne bien. Cela met le régime dans une position très difficile. Israël souhaite plus de sanctions.  Nous soutenons entièrement la politique des États-Unis et nous empêchons l’Iran de s’approcher de nos frontières. Notre combat se poursuit contre toute présence iranienne en Syrie et contre ses efforts d’améliorer les capacités du Hezbollah au Liban et de s’équiper de roquettes de précision.

Les Iraniens accumulent très rapidement de l’uranium enrichi à 4,5%. Ils fonctionnent avec de nouvelles et anciennes centrifugeuses, notamment au sein de l’usine souterraine d’enrichissement de combustible à Fordow. Je pense qu’ils sont actuellement au seuil de quatre à six mois pour avoir suffisamment de matières fissiles afin de produire leur premier dispositif nucléaire.                                

Ils raccourcissent continuellement ce laps de temps.

Le monde entier semble inquiet mais personne ne bouge. Cela est très dangereux car si les Iraniens se sentent acculés, ils pourraient essayer d’accélérer le rythme de fabrication de leur première bombe. Cela représente un grand danger pour toute la planète.

Même si leurs chances d’aboutir demeurent faibles car les Américains ont déjà envoyé deux porte-avions dans le Golfe persique en signe d’avertissement, tout est possible parce que les Iraniens sont déterminés dans leur projet nucléaire.

Je pense que lorsque nous nous rapprocherons du mois d’octobre, l’administration américaine devra examiner l’option de nouvelles sanctions. Cela garantira que les Iraniens ne pourront pas obtenir de nouvelles armes des Russes ou des Chinois.

Dans le même temps, les États-Unis devraient réitérer leur volonté de fournir une aide humanitaire au peuple iranien pour s’assurer que personne ne puisse leur reprocher les souffrances du peuple iranien. Que le régime iranien refuse de l’accepter est une autre histoire.

Michael Doran :

Pour l’heure, il semble que l’administration Trump ne souhaite pas l’escalade et changer le statu quo car elle pense que le temps joue en sa faveur et les sanctions sont assez efficaces. Toutefois, en éliminant  Qasem Soleimani, les États-Unis prouvent qu’ils sont capables de faire payer aux Iraniens un prix fort. Ils l’ont tué facilement avec un ou deux drones lancés du Qatar…

Il est important de prévenir toute action des Iraniens en Irak ou ailleurs.

Sur le nucléaire, il faut dire que techniquement, les États-Unis sont toujours engagés dans cet accord bien que le président Trump ait annoncé le retrait.

A mon sens, nous devrions agir diplomatiquement en Europe. Je m’attendais, après le Brexit, à ce que Boris Johnson se rapproche des  États-Unis sur la question iranienne. Pour autant que je sache, la politique britannique sur l’Iran est toujours identique à celle tique de l’Union européenne. Je pense que nous avons maintenant une influence sur les Britanniques et nous devrions les encourager à modifier leur politique étrangère à l’égard de l’Iran.

Il existe un menu de sanctions économiques que les États-Unis n’ont pas encore déployées contre l’Iran dans le secteur financier comme dans leurs produits pétrochimiques. Il y a beaucoup de domaines où nous pourrions faire beaucoup plus.

Le Secrétaire d’État Mike Pompeo a accusé les Iraniens d’avoir détourné des fonds d’aide sanitaire. Je suis de près les réseaux sociaux iraniens et je constate en effet que les entrepôts sont remplis de matériaux antiseptiques et d’équipements de protection mais ils ne sont pas acheminés vers les hôpitaux. Je pense que nous devrions véhiculer ses informations alarmantes.

C’est clair, le régime des Ayatollahs n’a aucune compassion aux malades du coronavirus, aucune pitié pour son propre peuple.

Cette crise nous a donné une unique opportunité pour pouvoir démasquer ce régime obscur. Je ne pense pas hélas, que nous saisissions vraiment l’impact.

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