Le contrôle des armes chimiques en Syrie – les leçons du passé

Pour soutenir leur position dans la crise syrienne, les experts en armement soulignent le succès de l’Occident dans l’élimination des armes de destruction massive en Irak et en Libye. En effet, la résolution 687 du Conseil de sécurité, qui avait mis fin à la première guerre du Golfe, avait exigé de l’Irak de détruire toutes ses armes non-conventionnelles et de présenter dans un délai de 15 jours une liste complète de ses sites et de l’arsenal de ses armes chimiques et biologiques. En dépit de ses engagements et de déclarations publiques, Saddam Hussein n’a jamais respecté toutes les clauses de cette résolution. L’Irak a certes détruit les armes qu’il avait annoncé posséder au départ mais, en fait, il en avait caché d’autres. Il a fallu plusieurs années de tractations et de résolutions, puis enfin l’invasion américaine en 2003 pour pouvoir appliquer à la lettre les exigences des inspecteurs de l’ONU.

Le cas irakien devrait servir d’exemple au moment où Russes et Américains signent un accord pour la destruction de l’arsenal chimique syrien. Le Conseil de sécurité est divisé sur l’adoption d’une nouvelle résolution car la Russie refuse de recourir à la force en cas de violation syrienne. La position de Moscou a été pourtant claire dans le cas irakien et même iranien ; la Russie avait adopté la résolution 687 en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies. Soulignons que la Syrie est un Etat voyou et, comme tel, n’a aucun intérêt à divulguer où se trouve son arsenal. Celui-ci est concentré dans des zones sous contrôle gouvernemental, dont l’accès n’est pas toujours facile en raison des combats acharnés qui se déroulent quotidiennement entre les rebelles et l’armée de Bachar el-Assad.

Ce fut également le cas de l’Iran. Le pays des Ayatollahs a signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires et devait coopérer avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) mais, sur le terrain, Téhéran a rendu impossible le contrôle des inspecteurs  en compliquant l’accès aux sites, en falsifiant des documents et en dissimulant des preuves.

En conclusion, nous constatons au fil des ans un virement de la position russe, dû probablement aux retombées du dossier libyen. Les Occidentaux ne sont pas dupes et doivent exiger avec fermeté la libre circulation des inspecteurs et la destruction complète, et sans délai, de tout l’arsenal chimique dont dispose le régime syrien, en brandissant si besoin la menace de l’emploi de la force.

Dore Gold