Suite aux roquettes tirées le 7 décembre 2019 de l’enclave palestinienne de Gaza vers le sud d’Israël, Tsahal a réagi par des frappes aériennes ciblant des camps militaires et une base navale du Hamas. 

Au cours des deux dernières années, plus de 2 600 missiles et roquettes ont été tirés sur Israël.

Ce ne sont plus les fameuses Qassam artisanales – des tubes métalliques remplis d’explosifs construits dans un atelier de garage. En effet, les organisations terroristes à Gaza ont progressé et disposent désormais dans leur arsenal d’une variété de lignes de production de roquettes locales plus sophistiquées, d’un atelier pour la construction de drones supervisé par les Iraniens, de toutes sortes d’armes et de ceintures explosives destinées à des kamikazes.

Ces armements sont continuellement testés par le Hamas, notamment lors d’essais en Méditerranée, afin d’améliorer leur portée et leur précision contre des cibles éventuelles.

En décembre 2016, un ingénieur aéronautique du Hamas, Mohammad al-Zawahri, a été tué par balles en Tunisie. Ce constructeur de drones aurait, selon certaines sources, développé également des véhicules sous-marins sans pilote (UUV). L’une des missions de ces UUV serait d’attaquer des pipelines et les plateformes gazières offshore israéliennes Tamar et Leviatan situées en Méditerranée, au large de la baie d’Haïfa.

Un autre ingénieur palestinien, Fadi al-Batsh, a été tué en Malaisie le 20 avril 2018. Pour les brigades Azadine el Qasam, cet ingénieur fut un « commandant du génie » appartenant au Djihad islamique.

Poster du Hamas en hommage à l’ingénieur Mohammad al-Zawahri

Le Hamas a déployé des efforts extraordinaires pour établir une industrie locale d’armement, mais il lui manque une technologie adéquate et une capacité de fabrication de haut niveau pour poursuivre sa guerre contre Israël.

Rappelons qu’en 2009 et 2012, des avions israéliens auraient, selon la presse internationale, attaqué au Soudan des convois de camions chargés d’armes qui se dirigeaient vers la frontière égyptienne à destination de Gaza.

L’Iran a tenté de fournir au Hamas des munitions dans d’énormes cargaisons à bord des cargos Klos-C (2014) et Victoria (2011) et aussi via des tunnels en provenance du Sinaï. Les deux navires ont été arraisonnés et la plupart des tunnels d’approvisionnement détruits par l’armée égyptienne et l’aviation israélienne. Cependant, nul doute que la contrebande souterraine se poursuit.

 

Une partie de la cargaison du navire iranien Klos-C interceptée par Israël en 2014 (photo Haim Zach/GPO)

Dans ce contexte, comment expliquer qu’une organisation terroriste et son parrain iranien puissent compléter leur approvisionnement en armes ?

Pour contourner le blocus des livraisons d’armes à Gaza, le Hamas s’inspire des cartels internationaux de la drogue, ainsi que des expériences de la Corée du Nord et de l’Iran. Ils ont tous développé de petits navires « semi-submersibles » et des mini sous-marins pour la contrebande ou l’insertion de forces spéciales.

Pendant plusieurs années, des engins de flottaison et des barils remplis d’armes ont été jetés dans les eaux au large de Gaza, puis récupérés par des bateaux de pêcheurs (cela explique pourquoi Israël reste sévère sur les limites maritimes de la pêche hauturière).

30 équipements d’hommes-grenouilles destinés au Hamas interceptés en 2017 (ministère israélien de la Défense)

Le Hamas est très fier de ses commandos-marins considérés comme une unité d’élite. Pendant l’opération Plomb Durci de Tsahal en 2014, plusieurs unités du Hamas ont été envoyées pour attaquer les côtes israéliennes. Elles ont tous été interceptées et éliminées à peine arrivées sur le rivage.

Malgré les échecs de 2014, les factions palestiniennes à Gaza continuent de former des commandos-marins.

Leurs bases n’attirent peut-être pas l’attention générale, mais elles sont omniprésentes sur les listes des cibles de Tsahal.

Une base navale du Hamas ciblée par Israël en 2018 (porte-parole Tsahal)

Voici la liste des opérations israéliennes contre ces cibles depuis le 30 mai 2018 quand Tsahal a considérablement endommagé des bases navales du Djihad Islamique palestinien dans la bande de Gaza, ainsi que des véhicules sous-marins et sans pilote :

8 septembre 2019 : des avions de chasse israéliens et un drone frappent un certain nombre de cibles militaires du Hamas, notamment des équipements navals offensifs et deux complexes militaires.

2 novembre 2019 : l’armée israélienne affirme avoir visé « un large éventail » de cibles terroristes du Hamas, notamment une base navale, un complexe militaire et une usine de fabrication d’armes.

13 novembre 2019 : des navires de la marine israélienne bombardent une base d’entraînement utilisée par l’unité de commando naval du Djihad islamique et pour stocker aussi des armes.

16 novembre 2019 : Israël frappe un camp militaire du Hamas et une base navale.

En juin 2018 : des avions israéliens ont détruit un tunnel du Hamas qui s’étendait sur plusieurs dizaines de mètres et s’ouvrait sous 2 à 3 mètres d’eau en Méditerranée. Ce tunnel aurait permis aux commandos du Hamas de lancer des missions contre Israël sans être détecté. « Le Hamas a investi beaucoup de ressources dans la construction de ce tunnel », a déclaré un porte-parole palestinien, en précisant qu’il s’agissait d’un « tunnel bleu », de la terre à la mer.

Un tunnel pourrait également être une voie efficace pour s’infiltrer dans Gaza sans être détecté ou pour la contrebande des armes et pièces détachées de missiles.

La sortie d’un tunnel terroriste du Hamas découverte en juin 2018 (porte-parole Tsahal)

Soulignons qu’en 2015, une patrouille frontalière américaine a arrêté un passeur de drogue dans un trafic de cocaïne en provenance du Mexique via un tunnel sous-marin près de Calexico, en Californie. Les autorités américaines avaient découvert plusieurs tunnels transfrontaliers, certains s’étendant sur des centaines de mètres, entre les deux pays. C’était donc la première fois qu’elles découvraient un tunnel sous-marin.

Outre les hommes-grenouilles du Hamas et du Djihad, les tunnels pourraient être la voie pour faire entrer des armes en contrebande à Gaza, tout comme les tunnels souterrains étaient utilisés pour faire passer des armes de l’Égypte à Gaza.

Tsahal emploie tous les moyens pour empêcher le Hamas et le Djihad islamique de lancer des raids de commandos sur les côtes israéliennes et contre les installations gazières offshore en Méditerranée.

Il demeure également vigilant pour empêcher des centaines d’hommes-grenouilles de continuer à décharger des armes pour les organisations terroristes.

Lenny Ben David

 

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Pour citer cet article

Lenny Ben-David, « Le combat d’Israël contre les nouvelles armes du Hamas », Le CAPE de Jérusalem, publié le 18 décembre 2019:

NB : Sauf mention, toutes nos illustrations sont libres de droit.