L’avenir du Traité de paix avec l’Egypte
Sur l’avenir du Traité de paix avec Israël, le nouveau président égyptien, Mohamed Morsi, emploie toujours le double jeu. Dans ses discours destinés aux pays occidentaux, il affirme que l’Egypte est dans l’obligation de respecter les accords internationaux mais devant son électorat, il déclarait qu’il est nécessaire de réexaminer les Accords de Camp David formant la base du traité de paix. Morsi a proposé de revoir toutes les clauses et d’étudier leur signification et leur utilité depuis leur signature en 1978.
Le guide spirituel de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badaye, a appelé le parlement égyptien à réévaluer les relations avec l’Etat juif. Dans un ancien message hebdomadaire il avait même appelé à “renouveler la résistance.”
Le double langage de Morsi se confirme lors d’une récente interview qu’il a accordée à la télévision égyptienne: ” certes, nous allons respecter le Traité” a-t-il déclaré en précisant: ” mais bien entendu nous devrions revoir certaines clauses…et il est clair que les deux parties doivent respecter le Traité. »
Morsi a expliqué qu’il existe en fait deux accords bien liés, le premier entre l’Egypte et Israël et l’autre entre Israël et les Palestiniens. Il a laissé entendre qu’Israël ne respecte pas ses engagements envers les Palestiniens et par conséquent l’Egypte n’est pas dans l’obligation de respecter le traité de paix avec Israël.
L’argument utilisé par Morsi est en fait un réexamen du Traité officiel signé il y a plus de trois décennies et suite à de longues et pénibles négociations entre les deux pays. A savoir, comment Israël devrait réagir si on impose aujourd’hui un lien direct et artificiel entre l’avenir des relations avec l’Egypte et les autres parties arabes, et notamment avec les Palestiniens ?
Soulignons que dans le Traité de paix avec l’Egypte rien n’indique un tel rapport. Dans le deuxième paragraphe, article VI, est écrit textuellement : « les parties s’engagent à respecter de bonne foi leur obligation au Traité signé sans toutefois faire attention à l’action ou l’inaction de chaque partie ».
Morsi et son nouveau gouvernement devront trouver l’équilibre entre leur propre idéologie intransigeante à l’égard d’Israël et les contraintes imposées par la communauté internationale et en particulier par les Etats-Unis.
Beaucoup d’encre a été versé sur les priorités du nouveau régime de subvenir avant tout aux dizaines de millions d’égyptiens plongés dans la misère, et de ce fait disent les observateurs, le gouvernement égyptien adoptera une ligne de conduite plus pragmatique. Toutefois, Israël devrait d’ores et déjà créer un consensus international contre toutes les tentatives d’éroder ce qu’a été la pierre angulaire de la paix au Moyen-Orient, et demeure l’un des piliers de la stabilité régionale.