L’avenir de Jérusalem dans la politique américaine
La modification in extremis du programme démocrate américain sur la question de Jérusalem capitale de l’Etat d’Israël soulève des interrogations sur le traitement du sujet au fil des années.
Récemment les projecteurs ont été braqués sur la convention du parti démocrate réunie à Charlotte en Caroline du nord. Contrairement aux trois programmes présidentiels précédents, la question de Jérusalem comme capitale d’Israël a été omise délibérément. Tandis que le sénateur Newyorkais, Charles Schoumer, critiquait cette omission, d’autres responsables du parti déclaraient qu’il s’agissait simplement “d’une erreur technique”… En fin de compte, la charte démocrate a été rectifiée suite aux consignes du président Barack Obama, critiqué sévèrement et mis sur la sellette par le candidat républicain Mitt Romney. S’agit-il vraiment d’un oubli? D’une erreur technique? Car comment expliquer que la modification a suscité tant de divergences au sein du parti démocrate et pourquoi fallait-il avoir l’approbation de toute l’Assemblée par trois votes consécutifs pour pouvoir obtenir la majorité des deux tiers nécessaires. Cela s’est passé en direct, et les caméras de télévision ont zoomé sur l’un des délégués manifestant sa colère et portant une chemise sur laquelle était inscrite une inscription en arabe…
Aucun journaliste n’a posé la question fondamentale: pourquoi le parti démocrate a modifié le texte de l’article sur le statut de Jérusalem ; Pensaient-ils que la question n’aurait-elle pas d’impact durant la campagne et qu’en fait certains gouvernements israéliens étaient même prêts à diviser la villede Jérusalem dans le cadre d’un règlement définitif.
En réalité nous constatons au fil des ans une certaine érosion de la part des Etats Unis concernant leur position sur l’avenir de Jérusalem et cela concerne les deux grands partis. Les vétérans du parti démocrate n’étaient-ils pas conscients de la situation? Ne savaient-ils pas que la question de Jérusalem avait déjà affecté significativement la campagne électorale de Jimmy Carter alors qu’il briguait un deuxième mandat? Rappelons les faits: le 1er mars 1980, le Conseil de Sécurité de l’ONU approuve la résolution 465. Celle-ci condamnait fermement la construction des implantations et avait appelé à les démanteler en se référant bizarrement sur les nouveaux quartiers juifs construits à Jérusalem. Contrairement au traditionnel veto des Etats- Unis, l’ambassadeur américain à l’ONU, Donald McHenry, avait approuvé cette résolution, ce qui provoqua une tempête politique aux Etats Unis… En dépit des explications “techniques” de l’administration américaine sur les différents projets de proposition avant le vote, la communauté juive n’a pu oublier ce revers concernant la question de Jérusalem au Conseil de sécurité, et ainsi lors des élections présidentielles c’est bien le candidat du parti républicain, Ronald Reagan, qui remporta la victoire. Jimmy Carter avait obtenu le taux le plus bas des voix juives en comparaison aux autres candidats démocrates. Le message de la communauté juive sur l’importance de Jérusalem fut sans équivoque et bien clair.
Certes, la campagne présidentielle actuelle n’est pas celle de 1980, et pourtant selon des sondages dirigés par Marvin Warbitt pour le compte du Comité juif américain –(AIC) à la question sempiternelle: “Dans le cadre d’un règlement permanent avec les Palestiniens, pensez-vous qu’Israël se contenterait de Jérusalem ville unifiée sous souveraineté israélienne?” En 2001, 44% avaient répondu favorablement pour un nouveau partage de Jérusalem contre 50% qui se sont opposés. En 2010, seulement 35% ont répondu favorablement à la question du partage de Jérusalem tandis que 60% se sont opposés farouchement à tout compromis. Ces résultats révèlent que Jérusalem unifiée demeure importante dans les esprits des Juifs américains et que “Jérusalem unifiée” a toujours obtenu le soutien traditionnel des démocrates comme des républicains. La fameuse loi exigeant que l’ambassade des Etats-Unis soit transférée à Jérusalem reconnaissant ainsi l’unité de Jérusalem capitale de l’Etat juif sous souveraineté israélienne a été présentée en 1990 au Congrès conjointement par les chefs des deux grands Partis, démocrate et républicain.
Dans ce contexte, Il est fort important que l’administration actuelle et le parti démocrate se souviennent du passé et du soutien inconditionnel des deux partis sur l’avenir du statut de Jérusalem. Dans l’espoir que les “erreurs” commises lors de la dernière convention démocrate ne se répèteront plus jamais.