L’affaire Copernic. Les secrets d’un attentat antisémite

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Le 3 octobre 1980, une bombe explosait en plein cœur de Paris, devant la synagogue libérale de la rue Copernic, faisant quatre morts et des dizaines de blessés. Cet attentat – le premier d’une longue série qui allait ensanglanter le territoire français – marqua aussi la fin d’une période de relative tranquillité pour les Juifs de France. Le 13 novembre 2008, la gendarmerie royale canadienne arrête un professeur de sociologie de l’université d’Ottawa, Hassan Diab, soupçonné d’être le poseur de bombe de la rue Copernic. Que s’est-il passé pendant les 28 années séparant ces deux événements ? Pourquoi l’enquête de la police française a-t-elle mis aussi longtemps pour aboutir – provisoirement – à cette arrestation ? Jean Chichizola, journaliste au Figaro et spécialiste du terrorisme, et Hervé Deguine, historien et journaliste, apportent des réponses à ces questions dans leur livre,L’affaire Copernic, sous-titré Les secrets d’un attentat antisémite. Dans leur introduction, les auteurs rappellent que l’attentat contre la synagogue Copernic est à la fois un événement historique et un véritable roman policier qui se déroule sur trois décennies. L’intérêt de ce livre est d’aborder les deux aspects, en mêlant avec habileté l’histoire et le polar. Il relate l’attentat et ses suites immédiates, marquées par la fausse piste du groupuscule néo-nazi (la FANE), exploitée politiquement par les adversaires de la droite au pouvoir. Il expose la piste du FPLP-CS, groupe terroriste palestinien membre de l’OLP, dont la culpabilité est apparue très rapidement aux enquêteurs de la DST.

L’affaire Copernic relate aussi la tragédie vécue par les victimes et leurs familles, Juifs et non-Juifs, et aussi Israéliens, aspect peu souvent évoqué dans les médias français. Les auteurs tentent de répondre à la question cruciale de savoir pourquoi cette affaire est demeurée non élucidée pendant presque trois décennies, en faisant la part des raisons techniques (complexité de l’enquête, manque de coopération entre Etats) et des motifs politiques (le caractère délicat du dossier palestinien, et la relégation au second plan du terrorisme moyen-oriental, à partir des années 1990, avec l’émergence du terrorisme islamiste). Ce livre fort intéressant laisse néanmoins le lecteur sur sa faim, ne serait-ce que pour la raison que l’affaire Copernic attend encore de connaître son dénouement. Hassan Diab sera-t-il jugé et, s’il est coupable, condamné à une peine à la hauteur de son crime ? Seules les réponses à ces questions permettront d’écrire l’épilogue de cet épisode tragique.

Pierre Itshak Lurçat

 

Editions Mille et Une Nuits (Fayard) 2009, 234 pages, 20 euros.