L’affaire al-Doura : un rapport accablant sur la désinformation et sur une déontologie bafouée et meurtrie
Le dernier rapport sur l’affaire al-Doura publié par la commission gouvernementale dirigée par Yossi Kuperwasser, directeur général du ministère des Affaires stratégiques et internationales, devrait servir de leçon aux correspondants des médias étrangers installés en Israël. Ce rapport alerte précisément sur la grande responsabilité de la presse internationale et son rôle dans un conflit aussi sensible et explosif que l’est le conflit palestino-israélien. Certes, nous regrettons profondément que ce rapport accablant soit publié 13 ans après le déclenchement de la Seconde Intifada, mais nous devons aussi saluer et rendre hommage à tous ceux qui ont contribué avec acharnement à ce que des vérités sur le travail quotidien de certains journalistes engagés jaillissent au grand jour.
Jamais dans l’histoire de ce conflit l’on a versé tant d’encre et… de sang après la « mort d’un enfant palestinien ». Le débat demeure houleux, voire obsessionnel, et aujourd’hui encore chacun campe sur ses arguments et sur ses opinions politiques et idéologiques.
Des experts en balistique, d’anciens militaires israéliens et français se sont aussi penchés sur ce dossier. On a examiné le terrain, les tirs, les projectiles, les armes, et on a révisé les dossiers médicaux dont certains figurent dans les annexes de ce rapport gouvernemental. Donc, presque tout a été dit sur cette affaire tristement célèbre et il apparaît, en lisant attentivement les 37 pages du rapport et ses annexes, qu’il n’y a aucune preuve que Jamal al-Doura ou son fils Mohammed aient été blessés comme le présente le reportage de France 2, et encore moins que Tsahal ait été responsable de ces prétendues blessures. L’enfant apparaît vivant à la fin des scènes de rush !
Plus grave encore, ce reportage de 27 secondes a été une « source d’inspiration » et a servi à justifier le terrorisme, l’antisémitisme, et la délégitimation de l’Etat juif. L’image choc a été diffusée et rediffusée sur toutes les chaînes de la planète et a déclenché dans les territoires et en Israël des vagues de protestation, de haine et de violence.
Depuis lors, « les soldats de Tsahal sont désormais des tueurs à gage et des assassins d’enfants innocents. » « Les soldats juifs se comportent comme des nazis… » Et l’enfant palestinien devient martyr et comparé à la célèbre photo de l’enfant juif du ghetto de Varsovie, levant les bras devant un soldat allemand…
Dans les pays arabes, la mort du petit Mohammed est sur toutes les lèvres. Des milliers de photos sont affichées sur les murs des rues et dans les appartements. Les nouveau-nés prennent le nom de Mohammed al-Doura. Des timbres nationaux et des places publiques aussi. L’enfant tué « avec préméditation » devient le symbole de la lutte des Palestiniens contre l’occupation israélienne dans les territoires et dans les pays islamiques, tandis que de furtives et tacites connivences de certains journalistes, observateurs, intellectuels et diplomates alimentent le débat public et pointent du doigt « les malheurs de l’occupation israélienne ». Car comment expliquer cette fameuse pétition publiée dans le Nouvel Observateur ? Comment des personnalités, dont deux anciens ministres français, peuvent-ils signer aveuglement une pétition qui dit sans équivoque que « le petit Mohamed al-Doura a été tué par des tirs venus de la position israélienne ». Quelle preuve ont-ils ? Sont-ils allés sur le terrain ? Le journaliste de France2, décoré de la Légion d’Honneur, n’était d’ailleurs même pas sur le « lieu du crime ». Au nom de quelle justice tous se prononcent-ils ?
Dans cette affaire « montée de toutes pièces », la désinformation, la manipulation et le mensonge ont donc gagné et les chefs palestiniens, orfèvres en la matière, se réjouissent en se frottant les mains dans l’allégresse devant la colère et la frustration compréhensives des autorités israéliennes.
En fait, l’affaire al-Doura comporte un très grand nombre de contradictions, d’arrangements, de contre-vérités, et démontre la nécessité pour les médias de se conformer aux plus hauts niveaux des standards professionnels et éthiques lorsqu’ils couvrent des affrontements, et particulièrement des conflits asymétriques comme le conflit palestino-israélien. Dans ce cas précis, il ne s’agit pas de violer les règles de sécurité ou de défense imposées par la censure militaire, qui ne pouvait d’ailleurs interdire la diffusion de ce reportage, mais souligner que certains correspondants étrangers se permettent systématiquement de bafouer le métier même de journaliste, sachant parfaitement qu’ils bénéficient d’une liberté absolue dans l’exercice de leur fonction car l’Etat juif est un pays démocratique par excellence dans un environnement totalitaire et sanguinaire.
Rappelons que la vérification des sources et leur croisement, la relecture et la correction du travail journalistique ainsi que le respect scrupuleux des standards de l’objectivité sont primordiaux et indiscutables à la lumière des événements et de l’actualité brûlante.
Le premier principe de la Déclaration des principes de conduite des journalistes adoptée par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) est très clair: « le respect de la vérité et le droit du public à la vérité est le premier devoir du journaliste ». Il y est aussi dit que le journaliste « ne doit pas supprimer des éléments ou les falsifier » et que dans le cas où il avait connaissance d’une erreur, le journaliste doit immédiatement la rectifier. Les règles d’éthique professionnelle du Conseil de la presse israélienne consistent avant toute publication de quelque matériel que ce soit (article ou reportage audio/vidéo) de procéder à un travail de vérification complète. L’urgence d’une publication ne devrait en aucun cas obliger à négliger cette minutieuse et indispensable recherche. Le code éthique de la Société américaine des Journalistes professionnels souligne également la nécessité de croiser les sources et de les vérifier plusieurs fois et par différents moyens pour éviter toute erreur. Il ajoute que le journaliste ne peut modifier ou changer le contenu d’une photo ou d’une vidéo. Dans le cas où il devait corriger une erreur, le journaliste doit partager cette nouvelle information et expliquer au public son erreur, de façon à entamer une relation constructive entre le monde de la presse et l’opinion publique.
Enfin, la Résolution 1003 sur l’éthique du journalisme adoptée par le Parlement du Conseil de l’Europe indique notamment que la poursuite de la vérité doit être « faite avec les moyens appropriés de vérification et de preuve ».
Dans les pays démocratiques, il n’est pas nécessaire d’obtenir une licence ou un permis pour pouvoir exercer le métier de journaliste. Certains tombent souvent dans le piège de la manipulation exercée volontairement ou involontairement par les différentes sources, par des informateurs qui se trouvent sur le terrain ou par des politiques. Parfois, la nouvelle est lancée sans vérification sérieuse et reprise automatiquement par tous les médias français. Le choix des termes employés tels que « terroriste », « occupation », « combattant », « militant », « attentat », joue un rôle important et donne le ton sur le traitement de l’information dans la dépêche. Le vocabulaire utilisé dans la couverture des conflits doit être scrupuleusement équilibré. Les bureaux des rédactions étrangères gonflent et grossissent souvent des nouvelles sur des raids de Tsahal et sur les victimes parmi la population palestinienne, tandis que les victimes israéliennes du terrorisme et des roquettes sur les villages israéliens sont minimisées. Un attentat contre des soldats israéliens ou des colons est présenté comme « légitime », passant même parfois inaperçu. Les motifs sont et demeurent d’ordre idéologique et politique !
Tsahal est l’une des rares armées au monde qui enquête minutieusement sur chaque incident et reconnaît sans équivoque les erreurs commises. Des soldats et officiers israéliens sont parfois inculpés ; mais comment ne pas condamner les dirigeants palestiniens et les parents d’élèves qui encouragent les jets de pierres et les provocations quotidiennes ? Pourquoi les afficher sur le devant de la scène ? Pourquoi se servir d’enfants et de femmes comme boucliers humains ? Dans les pays démocratiques, les enfants sont toujours protégés et à l’abri. Il est interdit de manifester à l’école et dans les rues et leurs visages ne sont pas dévoilés à la télévision, dans les reportages sur des criminels ou dans la couverture de l’actualité brûlante d’un conflit armé. Les Palestiniens, le Hamas en particulier, « emploient » quotidiennement les enfants. Ils le font systématiquement, sans remords ni scrupule. Sur les tableaux dans les écoles, « l’instituteur » inscrit un lexique abject glorifiant la haine du juif et les « professeurs » enseignent aux élèves que l’Etat juif n’existe pas ; il ne figure d’ailleurs sur aucune carte géographique.
C’est dans ce contexte compliqué et sensible que les correspondants étrangers devraient accomplir leur travail professionnel. La critique est certes légitime mais les préjudices, la désinformation et la délégitimation sont inadmissibles ! Nous devons poursuivre sans relâche notre combat pour que ce fléau cesse d’animer une certaine presse. Nous devons mettre au pilori cette minorité de journalistes prétentieux, ces intellectuels engagés et moralistes prétendant détenir le monopole de la vérité, prenant souvent partie avec mépris et arrogance sur tous les sujets qui concernent notre conflit avec les Palestiniens.
Freddy Eytan
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