La solution à deux Etats – l’échec diplomatique

200px-Dgold-05-masterA la fin du mandat de l’administration Clinton, on était presque certain  aux Etats-Unis et dans les milieux chargés de  la politique étrangère européenne, que l’Etat d’Israël et les Palestiniens seraient sur le point de parvenir à un accord de paix définitif sur la base d’une solution de deux Etats. Ce fut une illusion  en raison de la situation politique aux Etats-Unis, en Israël et au sein de l’Autorité palestinienne.
Pendant que le mandat du Président Clinton touchait à sa fin, le Premier ministre Ehud Barak avait perdu la majorité parlementaire, et le chef de l’OLP, Yasser Arafat, a préféré recourir à la violence contre Israël. Il a choisi une seconde Intifada,  au lieu d’accepter l’offre qui était fondée partiellement sur des contacts d’arrière- plan avec ses conseillers.
En conséquence, un mythe politique  a émergé et a donné l’impression  que la solution de deux Etatss aurait pu être concrétisée si les deux parties avaient un peu plus de temps à négocier, au début de l’année 2001.
Cette idée basée sur les grandes lignes de la solution de deux Etats, a été acquise, en particulier en Europe, au sein des milieux diplomatiques arabes, et chez certains observateurs américains.
Lorsque les pourparlers de Taba ont pris fin, le ministre des Affaires étrangères, Shlomo Ben Ami, a déclaré à la radio israélienne que jamais auparavant les parties israéliennes et palestiniennes n’étaient aussi proches d’un accord, une position qui ne fut pas partagée par les négociateurs palestiniens.
Il était extrêmement difficile pour ceux qui étaient impliqués dans les négociations d’admettre que leur effort ait échoué, en dépit de la vague d’attentats  et des bombes suicidaires perpétrées dans les villes principales israéliennes et qui ont causé la mort d’un millier de civils israéliens et des milliers de blessés.
De nombreux articles ont néanmoins été écrits et des séminaires internationaux ont été tenus pour prouver que les négociations devraient  être revues et tentées une nouvelle fois et que les “paramètres du président Clinton” sont  une bonne formule sur la solution future du conflit israélo-palestinien.
L’éditorialiste du Washington Post, Jackson Diehl, a conclu que les échecs des pourparlers sont la conséquence de manque de leadership plutôt que des discussions inconciliables qui étaient à l’ordre du jour », Ce sont les leaders qui  ont empêché la paix israélo-palestinienne.
L’administration Bush a officiellement informé le nouveau gouvernement d’Ariel Sharon en 2001 que puisque aucun accord n’a été conclu avec les Palestiniens, l’implication des négociations de camp David et à Taba ne devraient plus lier les négociateurs israéliens à l’avenir.
En effet, la phraséologie commune employée dans  les discussions au sein des institutions de recherche à Washington et dans les milieux des médias était :
« nous savons parfaitement  quelle serait la formule de  l’accord final.»
En caractérisant cette tendance, l’ancien Conseiller de Sécurité national du Président Clinton, Sandy Berger, a déclaré en juin 2003, à la commission des Affaires étrangères : « je crois que les “contours” dont nous avons parlé à Camp David et qui plus tard ont été rejetés dans le plan Clinton en décembre2000, et  mis au point  à Taba, sont finalement les paramètres que nous adopterons.»
Il est probable que cette ligne de pensée a été ainsi  adoptée par certains des  membres, hauts placés, de l’administration Bush, dans le cours de cette dernière année. La solution de “deux Etats”, adoptée suite à la conférence de Paix d’Annapolis en 2007 en est une preuve éloquente.
La diplomatie américaine conduite par Condoleezza Rice a élaboré toute une mythologie, prétendant  que les positions diplomatiques israéliennes et palestiniennes sont sur le point d’être aplanies et qu’un accord de paix historique était à la portée de la  main. Comme ces prédécesseurs, madame Rice a confondu les souhaits avec la réalité sur le terrain. Ainsi, en 2008, la médiation des Etats-Unis, sur les grandes lignes d’un règlement définitif, s’est  à nouveau heurtée à des obstacles et des difficultés fondamentales. Les revendications  de la direction palestinienne ne convenaient  pas  dans l’espace territorial souhaité car un retrait  compromettrait ses besoins minimaux de sécurité ainsi que ses droits historiques les plus importants, en particulier sur Jérusalem. Même au sommet d’Annapolis, un solide consensus national se dégageait chez les Israéliens, selon les sondages d’opinions, pour sauvegarder Jérusalem unifiée. L’avenir de Jérusalem demeure la pierre d’achoppement qui  a principalement empêché de parvenir à un accord.
Un examen attentif du déroulement des négociations en 2000 et 2001 révèle que des divergences  importantes subsistaient entre  la plupart des propositions de conciliation israéliennes  et la position de la direction palestinienne. Il y a eu des litiges et des désaccords  sur l’ensemble des principales questions à l’ordre du jour : les frontières de Jérusalem, les réfugiés, les arrangements en matière de sécurité, les colonies de peuplement, et le règlement des sources d’eau.
Cela ressort de la note des pourparlers préparée par Miguel Moratinos, qui a ensuite servi en tant que représentant spécial de l’Union Européenne au processus de paix au Moyen Orient, et qui a été publiée dans le quotidien Haaretz le 17 février 2002. En d’autres termes, il est complètement incorrect de penser que les grandes lignes d’un règlement de paix israélo-palestinien ont été atteintes en 2000-2001, mais ces circonstances ont rendu à l’époque impossible leur conclusion formelle.
En outre, si les parties se sont engagées sur la base des négociations à Camp David et Taba, il y a une forte raison de croire qu’aucun accord ne serait atteint cette fois-ci non plus. Tout d’abord, parce que le successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas, est en désaccord avec son prédécesseur sur l’utilité de la violence comme outil politique, mais lorsqu’il est arrivé aux principales questions sur le processus de paix et au cœur du sujet fondamental, il s’est montré aussi intransigeant que ne l’était Arafat. Pour exemple, selon Abbas, « le droit du retour » signifie le droit des réfugiés palestiniens à se réinstaller en Israël, dans le territoire de l’Etat juif d’avant 67, et non seulement dans le cadre d’un Etat palestinien. Ce fut également  la position de Ahmed Qurai (.Abu Ala), chef- négociateur palestinien en 2007-2008. En outre, au cours de ses négociations avec Israël en 2008, Abou Ala semble  refuser d’accepter l’exigence minimale de sécurité israélienne, à savoir la démilitarisation palestinienne, en faisant valoir la place pour la création d’une armée palestinienne. S’appuyant uniquement sur le mouvement du Fatah, frère ennemi du puissant Hamas  dans les rues palestiniennes, sa liberté de manœuvre est encore plus limitée qu’elle ne l’a été à l’époque de Yasser Arafat. En conclusion, il est faut de prétendre que  la position palestinienne est devenue plus souple aujourd’hui.
Les négociations de 2008 avec le Premier ministre, Ehoud Olmert ne sont pas  différentes de ce que Moratinos a observé 8 ans auparavant à la fin des pourparlers à Camp David et à Taba. Mahmoud Abbas a déclaré lui-même (selon Haaretz du 14 septembre 2008) : « il y a diverses propositions concernant les frontières et la question des réfugiés mais elles sont restées seulement des propositions et toutes les six questions centrales de l’accord sont restées ouvertes. Je ne peux pas dire qu’il y a un accord même sur une seule question et l’écart entre les parties est toujours très grand. » Ainsi malgré les concessions sans précédent qu’Olmert semblait prêt à offrir aux Palestiniens, sur lesquelles il s’est confessé dans une interview accordée au Yediot Aharonot le 29 septembre 2008, il n’était pas possible de conclure un accord israélo-palestinien au cours de son mandat.
Il est regrettable que plusieurs observateurs internationaux ne comprennent pas assez la position israélienne en particulier dans le domaine crucial de la sécurité. En décembre 2000, lorsqu’Israël a connu les premiers détails sur « les paramètres Clinton » le chef d’état-major des Forces de défense israélienne, le général Shaul Mofaz, a déclaré devant le Cabinet israélien que les propositions des Etats-Unis, si elles seront mises en œuvre, mettraient en danger l’avenir de la sécurité de l’Etat juif.  Mofaz n’a pas seulement exprimé sa propre opinion mais le point de vue de l’ensemble de l’état-major de Tsahal. Etant donné que les « paramètres Clinton »ont été rejetés par Arafat et semblaient extrêmement problématiques par les dirigeants militaires d’Israël, il est difficile d’imaginer comment ces idées puissent servir de point de référence. Israël insiste pour  contrôler l’espace aérien de la Cisjordanie ainsi que le déploiement d’alerte rapide et d’autres positions militaires sur les collines de la Cisjordanie afin de se défendre. C’est primordial pour sa sécurité.
L’approche israélienne sur les questions de sécurité au cours du processus de paix qui ont abouti aux Accords d’Oslo a fortement été influencée par le nouvel environnement stratégique survenu par l’effondrement de l’Union Soviétique.  La défaite des armées de  Saddam Hussein en Irak pendant la première guerre du Golfe en 1991 semblait supprimer l’immédiateté de la menace du front Est.
Les intentions stratégiques de l’Iran  n’ont pas été encore ressenties, en dehors de son soutien au Hezbollah libanais et au terrorisme international.
Aujourd’hui,  tous les aspects sécuritaires sur  l’avenir de la Cisjordanie seront fortement influencés par la triste  expérience du désengagement de la bande de Gaza en août 2005. En abandonnant le contrôle vital  sur la frontière de la  bande  de Gaza en particulier le corridor de l’axe Philadelphie, entre le Sinaï égyptien et Gaza, on a permis  l’ampleur de la contrebande transfrontalière et on a augmenté considérablement  la quantité des roquettes et des obus de mortiers lancées contre Israël. (une augmentation de 500% entre 2005 et 2006) Les roquettes se sont aussi perfectionnées avec les Grad et les  Katioucha régulièrement utilisés contre des cibles plus lointaines comme la ville d’Ashkelon.
Sans aucun contrôle, des centaines de militants du Hamas ont quitté Gaza, par la frontière égyptienne et se sont rendus à Téhéran pour êtres formés par les Gardiens de la Révolution islamique iranienne. Plus que jamais et en conséquence du retrait unilatéral de Gaza,  l’Iran  a réussi à s’introduire pour transformer Gaza en tremplin et pour concrétiser ses ambitions  sur la méditerranée orientale.
Sur la base de ses récentes expériences, Israël commettrait  une grave erreur si elle concédait le « corridor de Philadelphie» de la Cisjordanie, voire la vallée du Jourdain. A la suite d’un tel retrait, les efforts à introduire clandestinement des armes sophistiquées en Cisjordanie augmenteraient sans aucun doute. Cela inclurait des nouvelles armes qui n’ont jamais été utilisées en Cisjordanie, comme des missiles anti-aériens mobiles utilisés par les filiales d’Al Qaeda.
Déjà en 2005-2006, l’Al Qaeda irakien avait recherché en Jordanie, et particulièrement à partir d’Irbid,  à recruter des Palestiniens de Cisjordanie.
Certes, La Jordanie tentera  à neutraliser avec force toute tentative visant à transformer le Royaume hachémite de tremplin pour les groupes djihadistes,
mais une vallée du Jourdain ouverte ressemblerait à une passoire et inciterait à augmenter considérablement le nombre des groupes djihadistes tentant de s’introduire en Israël. Ils mettront en péril la stabilité jordanienne et menaceront la sécurité des Israéliens. L’échec cuisant  de la force intérimaire des Nations Unies au Liban et son incapacité de mettre un terme à la contrebande  d’armes iraniennes et syriennes au Hezbollah, démontrent que seule une présence de l’armée israélienne serait efficace dans la vallée du Jourdain.
Une deuxième leçon tirée du désengagement de Gaza en 2005 est qu’Israël a réussi à contrecarrer toute tentative de lancer des roquettes Qassam  sur les villes israéliennes à partir de la Cisjordanie. Le contrôle sur le terrain de Tsahal, a  été en mesure de recueillir des renseignements nécessaires sur les activités des terroristes et sur la production des roquettes et à les neutraliser  à temps. Si Israël devait abandonner le contrôle des zones stratégiques en Cisjordanie, celles  qui dominent topographiquement les installations névralgiques israéliennes, comme l’aéroport Ben Gourion, les organisations palestiniennes exploiteraient ce vide pour pouvoir lancer  des roquettes et des attaques au mortier, comme ils l’ont fait dans la bande de Gaza.

L’idée qu’Israël pourrait neutraliser cette menace avec des frappes aériennes n’a pas fait ses épreuves  vu les résultats de la guerre du Liban de 2006 et  après le désengagement de la bande de Gaza. Au début de 2008, le chef de la planification à l’état-major de Tsahal,  le général Ido Nehushtan, a reconnu l’importance du contrôle du terrain pour  empêcher les tirs de missile, de roquette ou tir de mortier. Nehushtan est en position forte pour pouvoir critiquer les limites des forces aériennes, quelques mois plus tard,  il est devenu le commandant de l’aviation israélienne.

Il convient de rappeler qu’ avant 2007, Israël a commencé à faire face à cette menace de roquettes et de mortiers du Hamas, du  djihad islamique, et d’autres groupuscules, alors que l’Autorité palestinienne était toujours au pouvoir à Gaza. Mahmoud Abbas a refusé de confronter militairement son opposition islamiste pour mettre fin à ces attaques. Ainsi, même si Israël devait parvenir à un accord de statut permanent avec les palestiniens modérés en Cisjordanie, Israël ne pourra pas compter sur les forces de sécurité palestiniennes  pour imposer les termes du  traité, en particulier sur les groupuscules  qui bénéficient de l’appui de l’Iran ou des arabes sunnites et extrémistes situées dans le golfe persique.
Historiquement, les architectes de la stratégie de sécurité israélienne, d’Itzhak Rabin à Ariel Sharon ont compris ces exigences impératives en Cisjordanie. S’adressant à la Knesset un mois avant son assassinat, en novembre 1995, Rabin a insisté sur le fait qu’Israël  maintiendrait le contrôle de la vallée du Jourdain « dans le sens le plus large du terme ». Il a également déclaré qu’Israël détiendrait les blocs d’implantations qu’Israël avait créés, en particulier autour de Jérusalem, qu’il  était déterminé à les garder unis. Il a rappelé qu’Israël ne se retirerait pas des lignes vulnérables d’avant 1967.
Sharon a formalisé à plusieurs reprises ces positions sur les frontières dans le cadre des négociations dont  la lettre qu’il a reçue du président Bush le 14 avril 2004, qui a également eu les soutiens du Senat et  du  Congrès. Les positions de Rabin et Sharon sur les droits d’Israël aux « frontières défendables » sont pleinement compatibles avec la résolution 242 du conseil de sécurité national des Nations Unies en novembre 1967 qui a servi de pierre angulaire pour tous les efforts de rétablissement  de paix. Il n’a pas envisagé le retrait d’Israël de tous les territoires que Tsahal a conquis durant la guerre des Six Jours.
Au cours de cette dernière décennie, une grande partie de la diplomatie du processus de paix a mis l’accent sur les exigences de l’Etat palestinien, et pas nécessairement assez sur les exigences fondamentales de la sécurité d’Israël. Le peuple d’Israël a subi plusieurs expériences diplomatiques qui n’ont pas fonctionné et il a payé un prix fort. Les accords d’Oslo ont dégénéré en attentats terroristes et en bombes suicidaires. Le désengagement de Gaza  a renforcé le pouvoir du Hamas et a augmenté dramatiquement les tirs de roquettes sur Sderot et d’autres centres peuplés au sud d’Israël.
Il est à noter que de sérieux observateurs ont proposé que la Jordanie soit réintégrée dans le processus de paix et qu’elle ait des liens fédéraux ou confédéraux avec le dirigeant palestinien en Cisjordanie. La Jordanie, qui faisait partie de la Palestine mandataire originale, était après tout en possession de la Cisjordanie de 1948 à 1967. En outre, la majorité des Jordaniens sont des Palestiniens, et les Palestiniens de Cisjordanie possèdent encore des passeports jordaniens. En 1985, le roi Hussein et Yasser Arafat auraient  accepté l’idée d’une confédération jordano-palestinienne.
Le concept de la  confédération pourrait atténuer certaines craintes sécuritaires, en particulier dans la zone de démilitarisation et les limites des forces en présence. Une des raisons pour lesquelles ces restrictions ont été relativement faciles à mettre en œuvre est l’exemple du traité de paix israélo-égyptien signé en 1979. Dans une  zone de la périphérie égyptienne, la péninsule du Sinaï, a été démilitarisée et non pas celle de la vallée du Nil, au cœur de l’Etat Egyptien. Il est clair que la démilitarisation partielle de la périphérie d’un pays est plus facile à réaliser que la démilitarisation  d’un pays entier. Dans le cas d’une confédération jordano-palestinienne,  la démilitarisation ne toucherait seulement qu’une partie seulement  d’un Etat unifié et plus vaste.
Au cours des dernières années, les Jordaniens semblent avoir des conflits d’intérêts sur la question de leur réengagement envers la Cisjordanie mais certains  observateurs ont capté des signaux encourageants. D’une part, des dirigeants de la Cisjordanie ne souhaitent pas une “palestinianization” du Royaume hachémite de Jordanie et certains porte-parole  sont même opposés à la nouvelle option jordanienne. D’autre part, des hauts-fonctionnaires jordaniens ont envoyé, en privé, des messages très différents au cours des dernières années. En outre, sur le terrain, la Jordanie a  été disposée à apporter des contributions concrètes à la sécurité de la Cisjordanie. Dans le passé, il a été proposé d’envoyer la Force Badr palestinienne, sous le commandement jordanien, et plus récemment des forces de sécurité palestiniennes ont été entraînées en territoire Jordanien. Enfin, le ministère jordanien des Cultes a repris  son rôle de Gardien des lieux saints musulmans sur le Mont du temple à Jérusalem. La Jordanie pourrait être aussi intéressée à participer aux futurs mesures de sécurité pour éviter une reprise radicale islamique de l’Autorité palestinienne, tant qu’il n’y aura de représentation de Cisjordanie au sein du parlement jordanien.
Dans l’attente, les Palestiniens en Cisjordanie, acceptent désormais, la ville d’Amman comme leur centre métropolitain et comme lieu de rencontre des Palestiniens, de toutes allégeances politiques. Pour les palestiniens modérés de la Cisjordanie, la Jordanie  émerge comme une troisième alternative à l’extrémisme islamique du Hamas et à la corruption des anciens dirigeants du Fatah. En outre, la Jordanie est un Etat fiable dont les institutions  fonctionnent convenablement. La question de savoir si la Jordanie et les Palestiniens décident de se réengager est en fin de compte leur propre décision. Certes, Israël ne devrait pas jouer un rôle actif dans cette question, et en réalité la participation jordanienne ne se produira que si plusieurs conditions sont remplies :
1)    Les Palestiniens devraient prendre l’initiative et demander à la Jordanie de ne pas s’impliquer dans ce processus.
2)    Aucune coopération associative entre la Cisjordanie et la Jordanie ne devrait  compromettre le présent rôle du leadership hachémite.
3)    La Jordanie, qui a déjà absorbé plusieurs vagues de réfugiés ne doit pas s’attendre à un accord israélo-palestinien pour recevoir une assistance internationale pour les Palestiniens qui y vivent déjà.
4)    Les Etats-Unis, et ses alliés sunnites de la région devraient soutenir
pleinement l’idée  car elle sert leurs intérêts régionaux, en particulier face à la menace de l’Iran (la Jordanie aura une meilleure influence stratégique  avec un Irak chiite sous influence iranienne)
Les négociateurs devraient donc fournir préalablement les définitions sur  les besoins israéliens en matière de sécurité et de défense, sur le rôle des  paramètres  du territoire palestinien, et sur le rôle de la Jordanie afin de ne pas étouffer dans l’œuf  toute initiative diplomatique.
L’administration Bush a avancé incorrectement l’idée d’un « accord étagère» qui avait pour but de définir les contours d’un futur règlement de paix ; On a supposé de rester sur cette” étagère” jusqu’au jour que les conditions changeront sur le terrain et ensuite les mettre  en œuvre.
Les  dirigeants israéliens et palestiniens ont été réservés sur cette approche car les grandes lignes  sur les  concessions futures seraient en suspens sans que les opinions  publiques des deux parties détectent les avantages d’une paix définitive. En bref, ils craignent que cette approche puisse porter atteinte à leur politique courante et les laisserait vulnérables aux critiques. En outre, comment Israël peut actuellement faire des concessions sécuritaires dans l’avenir, quand personne ne peut connaître  la donne à laquelle   fera face le Moyen- Orient en 2012 ou 2014, lorsque l’accord ” étagère” pourrait être pris en considération et mis en œuvre.
Une voie plus productive à une réconciliation israélo-palestinienne serait plus appropriée par l’approche appelée « du bas en haut ».  L’expression a été inventée par l’ancien chef d’état-major israélien le général  Moshe Yaalon. Le conflit israélo-palestinien n’a plus les mêmes caractéristiques d’un conflit territorial, compte tenu de l’influence de l’Iran et des groupes islamiques comme le Hamas qui revendique clairement  la destruction pure et simple d’Israël, plutôt qu’un compromis. Au-delà de la Bande de Gaza, l’influence du Hamas sur le sentiment politique en Cisjordanie ne devrait pas être sous estimée, étant donné  le fait qu’il a remporté les élections  en 2006. Nous devons donc  changer cette situation et ne plus pratiquer la diplomatie conventionnelle et classique du passé. Au lieu d’imposer une solution basée sur l’ensemble des définitions politiques que les deux parties ne pourront accepter, il serait plus productif de vérifier dans quels secteurs et domaines les parties peuvent actuellement coopérer sur le terrain pour améliorer la sécurité d’Israël et le bien-être des Palestiniens, tout en identifiant les domaines dans lesquels  la Jordanie pourrait être aussi   utile pour promouvoir la stabilité dans la région. En effet, il est nécessaire de stimuler la croissance économique palestinienne afin de recréer les fondements de la société civile. Le peuple palestinien ne doit attendre éternellement jusqu’au jour où un accord  israélo-palestinien définitif soit conclu.
Il est important de créer une nouvelle réalité à laquelle de nouvelles possibilités puissent émerger à l’avenir. En Irak, pour exemple, les Etats-Unis ont dépensé de précieuses années à essayer, en vain, de bâtir une constitution parfaite qui ferait appel à toutes les factions. Néanmoins, lorsque la situation sur le terrain a changé fondamentalement, en particulier avec l’amélioration de la sécurité de la province d’Al-Anbar, une nouvelle réalité politique a commencé à émerger à Bagdad. Des diplomates et des juristes peuvent être beaucoup plus productifs en donnant à cette nouvelle réalité un nom et en le mettant sur papier  plutôt que d’essayer de l’imposer dès le départ.
En conclusion, il n’existe pas à l’horizon d’accord applicable sur les paramètres  d’une solution de deux Etats. Dans tous les cas, Israël et la prochaine administration des Etats-Unis devraient chercher à influer l’environnement politique afin de préparer le terrain pour tout engagement diplomatique à l’avenir. La question est de savoir quelle serait la direction stratégique pour le rétablissement de la paix est susceptible d’être plus fructueuse. Il est clair que si en 2009, Washington revienne aux propositions qui n’ont pas été acceptées en 2001 et en 2008, elle échouera  une troisième fois.
Enfin et dans l’attente, nous devons consacrer plus d’efforts  au développement économique palestinien et au renforcement de leurs institutions. Il est important  à préparer l’opinion publique palestinienne en vue d’un éventuel compromis avec Israël. Un effort doit être fait pour désintoxiquer les écoles palestiniennes et les instances éducatives des années d’incitation auxquelles une génération entière était exposée. Le but est de parvenir à long terme à un accord final par de nouvelles et efficaces approches diplomatiques.

 

L’article de l’ancien ambassadeur Dore Gold, président du JCPA, a été écrit  pour l’Institut de Washington.