La nouvelle arène politique et l’internationalisation de Jérusalem
Depuis sa création l’Etat d’Israël a rejeté toutes les propositions concernant l’internationalisation de Jérusalem mais voilà que l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert soulève à nouveau la polémique. En fait, tout contrôle international dans des zones de conflit a abouti ces vingt dernières années à un désastre.
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations-Unies a adopté la Résolution 181 connue comme « plan de partage ». Cette résolution a appelé à la création de deux Etats, l’un Juif et l’autre Arabe, et a également recommandé que Jérusalem soit placée sous le contrôle de l’ONU en tant que « Corpus Separatum » voire comme entité distincte.
La décision ne contraignait pas sur le plan juridique et elle a été rejetée par les pays arabes. L’ONU n’a jamais mis en place un régime spécial à Jérusalem. Elle a toujours insisté sur son caractère international mais n’a pas envoyé des troupes pour sauver le patrimoine juif de la vieille ville et pourtant des anciennes synagogues et des cimetières ont été saccagés et détruits systématiquement. Lors des débats, le gouvernement américain avait également appuyé l’internationalisation de la ville.
Le 5 décembre 1949, dans un discours prononcé à la Knesset, David Ben Gourion a rejeté catégoriquement l’internationalisation de Jérusalem. Il a passé en revue les évènements durant la guerre de l’Indépendance et a souligné que l’ONU n’a pas réagi lorsque les armées arabes ont envahi la ville sainte pour la détruire. Tsahal qui venait d’être fondée a réussi à lever le siège et ainsi la population juive fut sauvée d’un massacre.
Ben Gourion a déclaré qu’Israël ne considère pas comme autorité morale la résolution 181 concernant Jérusalem et le 13 décembre 1949, il n’hésite pas à déclarer que la Knesset et le gouvernement seront transférés de Tel- Aviv à Jérusalem.
En examinant les enjeux des six dernières décennies, nous pouvons affirmer que la proposition sur l’internationalisation de Jérusalem a complètement échoué. Pourtant, il semble que la proposition est à nouveau à l’ordre du jour avec la dernière déclaration de l’ancien Premier ministre, Ehoud Olmert, qui évoque “la fidélité internationale” du “bassin sacré” de la vieille ville, soit le Mont du Temple et le Mur occidental.
Selon le plan Olmert, qui n’a jamais été débattu à la Knesset, Israël devrait renoncer à sa souveraineté sur les lieux les plus sacrés du peuple juif mais aussi sur l’ancien cimetière juif situé sur le Mont des Oliviers.
Ce plan dérive t-il de l’impression que depuis la guerre des Six Jours et la réunification de la ville, Israël est en position de faiblesse quant à ses droits par rapport à l’année 1949?
Ce sentiment n’est pas justifié, la majorité juive à Jérusalem remonte à 1863, ainsi selon le consul britannique à Jérusalem de l’époque, selon des juristes de renommée mondiale, tel que Stephen Schwebel, devenu plus tard président de la Cour internationale de Justice à la Haye, la Jordanie a envahi Jérusalem en 1948, tandis qu’Israël a occupé des territoires lors d’une guerre défensive et justifiée.
Israël a défendu la liberté du culte des trois religions monothéistes contrairement à tous les dominateurs successifs de la ville sainte, il a ainsi renforcé son droit moral de souveraineté sur les lieux saints et sur la ville unifiée.
Certains pensent naïvement qu’une internationalisation de Jérusalem est propice actuellement en affirmant que l’ONU de 2010 est plus efficace.
Rien n’indique la véracité de cette hypothèse. Pendant les vingt dernières années, le contrôle international dans les zones de conflit s’est achevé à chaque fois par un désastre.
En 1994, une force internationale au Rwanda composée essentiellement de parachutistes belges, stationnés pour assurer la mise en œuvre de l’accord de paix, s’est retirée et a abandonné la tribu Tutsi en permettant des actes de génocide. Le Conseil de sécurité de l’ONU a retardé toute tentative qui pourrait mettre fin au massacre. Un an plus tard, des forces de paix de l’ONU en Bosnie ont abandonné une population musulmane censée d’être protégée et par conséquent l’armée Bosniaque-Serbe a massacré 7000 personnes innocentes.
Depuis 2003, l’ONU n’a pas réussi à mettre un terme au génocide au Darfour lancé par le régime soudanais en raison des intérêts des pays arabes et de la Chine. Donc, il n’existe aucun développement positif sur l’arène internationale qui pourrait conduire à la réussite de la « fidélité internationale » pour pouvoir protéger Jérusalem en écartant les autorités israéliennes.
Rappelons que la population d’Israël en 1948 atteignait environ 800 milles personnes seulement, mais elle était imprégnée d’une forte conviction pour sa juste cause : une valeur de base assez rare dans les milieux influents d’aujourd’hui. Cependant, tous les sondages effectués durant cette dernière décennie, indiquent que le peuple d’Israël dans son ensemble n’est pas prêt à faire des concessions sur Jérusalem et surtout pas sur les lieux saints du peuple juif.
En conclusion, le gouvernement israélien devrait donc définir à nouveau et clairement ses lignes rouges sans laisser aucun doute sur ses principes qui animent sa politique de base depuis 1948.