La « marche du retour » en Palestine
Le 30 mars 2018, au moment où les Israéliens et le peuple juif à travers le monde célèbreront Pessah, la fête trimillénaire qui symbolise la sortie d’Egypte vers la Terre promise, les Palestiniens, eux, lanceront la « Grande Marche du retour en Palestine. »
Cette campagne inspirée, organisée, et financée par le Hamas et la confrérie des Frères musulmans, a pour but de mobiliser tous les Palestiniens du monde, pour les encourager à manifester leur colère et à rappeler la Nakba, la catastrophe de 1948, alors que les Israéliens fêteront, en grande pompe, le 70ième anniversaire de leur indépendance.
En réalité, cette marche fait partie d’une mobilisation beaucoup plus vaste visant à mettre en œuvre l’aspiration de longue date des Frères musulmans : prendre la relève de l’OLP.
La campagne palestinienne débutera donc le 30 mars 2018 par une manifestation populaire et « non-violente » le long de la frontière de la bande de Gaza. D’autres manifestations auront lieu parallèlement dans de nombreuses capitales en solidarité avec les Palestiniens.
Le Hamas a d’ores et déjà dépensé plus de 10 millions de dollars dans l’organisation de cette manifestation populaire à laquelle participeront aussi le Jihad islamique palestinien, le FPLP et le Fatah.
Les principaux organisateurs de cette marche sont Fathi Hamad du Hamas, désigné par le Département d’Etat américain comme terroriste notoire, ainsi que Zaher Birawi, soupçonné d’être affilié aux Frères Musulmans. Ce dernier est un ancien directeur du Palestinian Return Center (PRC) installé à Londres.
Soulignons que les Islamistes à Gaza comme à l’étranger orchestrent et financent la campagne de délégitimation de l’Etat Juif. Ils sont capables de mobiliser les foules dans les rues, dans un contexte de faiblesse au sein de l’Autorité palestinienne, et au moment même où les appels nationalistes des chefs palestiniens s’estompent et la bataille de succession de Mahmoud Abbas fait rage.
Dans ce contexte, il convient de noter que Majed al-Zeer, qui dirige actuellement le PRC, a récemment intenté une action en justice contre Thomson-Reuters. Al-Zeer et la PRC sont classés dans la rubrique Terrorisme, sur la base de données privées de clients bancaires. En revanche, la République populaire de Chine prétend qu’il n’y a aucune preuve de leur lien aux actions terroristes.
Les différentes organisations de la campagne palestinienne :
La Conférence populaire des Palestiniens de l’étranger
Le 14 mars 2018, cette organisation a annoncé lors d’une conférence de presse tenue à Beyrouth, le lancement de sa campagne « 70e anniversaire de la Nakba « . Elle utilise les hashtags anglais et arabe #Nakba70 et # نكبة70. Cette campagne est organisée en coopération avec la Conférence des Palestiniens en Europe, l’Organisation turque FIDDER en solidarité avec la Palestine, ainsi que l’organisation jordanienne Aaidun pour le Retour des réfugiés.
Ziyad al-Aloul, activiste des Frères musulmans installé au Royaume-Uni, est aujourd’hui le porte-parole de la Conférence populaire des Palestiniens à l’étranger.
Selon lui « la campagne vise à activer le rôle des Palestiniens à l’étranger, mobilise son potentiel et met en évidence les souffrances des réfugiés dans les camps. »
La vidéo promotionnelle officielle de cette campagne révèle ses principaux défis à relever :
- La déclaration du Président Trump selon laquelle Jérusalem devrait être reconnue comme la capitale de l’État d’Israël.
- La détérioration de la situation dans les Territoires suite aux mesures prises par “l’Occupation israélienne”.
- Les tentatives d’Israël pour persuader divers pays de déplacer leurs ambassades à Jérusalem.
- Les différents plans cherchant à rayer de l’ordre du jour le problème palestinien.
La campagne comprendra des activités d’« action directe », telles que des manifestations et des initiatives juridiques et politiques. La vidéo définit également les jalons de la campagne en ce qui concerne les principales dates de référence au cours des prochains mois :
- 30 mars 2018 – Journée de la terre palestinienne
- 17 avril – Journée des prisonniers palestiniens
- Mai – Diverses activités auront lieu tout au long du mois autour de la commémoration de la Nakba ; une journée spécifique sera également consacrée à la promotion des hashtags de la campagne.
- 5 juin – le 51 e anniversaire de la Naksa (celle de 1967(Guerre des Six-Jours qui a suivi la Nakba de 1948).
- 2 novembre – le 101 e anniversaire de la Déclaration Balfour
La Conférence populaire des Palestiniens à l’étranger a tenu sa première réunion en février 2017 en Turquie. Elle avait rassemblé des milliers de personnalités palestiniennes du monde entier. La majorité des orateurs étaient des islamistes, pro-Hamas. Dans le communiqué de clôture les organisateurs ont fait référence aux Accords d’Oslo. Ils affirmaient que ces accords ont causé de grands dommages et furent une catastrophe pour les droits et la cause des Palestiniens. Ils ont d’ailleurs appelé à l’OLP à se retirer de tout accord avec Israël et à programmer de nouvelles élections démocratiques au sein du Conseil national palestinien (CNP) qui seront ouvertes à tous les Palestiniens du monde entier.
En réaction, les chefs de L’OLP ont accusé les organisateurs de créer une scission au sein des palestiniens et d’agir pouar des motifs et des intérêts sectoriels. Le Fatah a accusé le Qatar et la Turquie, deux pays qui soutiennent les Frères musulmans, de diviser le peuple palestinien.
La Conférence des Palestiniens en Europe
Il est à noter que les activités de la Conférence des Palestiniens en Europe sont organisées conjointement avec la République populaire de Chine.
En mai 2013, lors d’un grand rassemblement tenu à Bruxelles, le Président Abbas et son ambassadrice à Bruxelles, Leila Shahid, ont été accusés de complot « contre les intérêts de tous les Palestiniens, de Palestine et de la diaspora »
Leur prochain rassemblement se tiendra à Milan, le 29 avril 2018 dans le cadre de la campagne « 70e anniversaire de la Nakba ».
La Conférence des Palestiniens en Europe est dirigée par Majed al-Zeer, qui dirige également le PRC.
FIDDER (Filistin Dayanışma Derneğ)
FIDDER est un groupe d’avocats palestiniens vivant en Turquie qui est affilié au réseau des Frères Musulmans.
Il a été créé en février 2007 avec le soutien des islamistes et des pro-Hamas. FIDDER prétend avoir des relations officielles avec le gouvernement et des parlementaires turcs, ainsi qu’avec des institutions et personnalités palestiniennes.
En janvier 2018, FIDDER a tenu un stand de solidarité avec Al-Qods à Istanbul dans le cadre de sa campagne pour la « libération de Jérusalem ».
Des réfugiés palestiniens et syriens sont venus manifester avec des militants turcs sous le slogan « tous unis pour Al Qods ».
Intimaa (The International Campaign to Preserve the Palestinian Identity)
Intimaa se définit comme campagne populaire supervisée par des institutions et des comités palestiniens spécialisés dans divers domaines dans le but « de renforcer les sentiments nationaux ».
Elle représente 239 associations, parmi lesquelles des syndicats, des organisations caritatives et autres groupes de la société civile.
Son coordinateur, Yassir Kaddourah, est un activiste palestinien basé au Liban. Il supervise également d’autres projets liés au patrimoine palestinien, y compris une documentation de l’histoire des familles.
Un autre activiste chargé des réunions de la Conférence Populaire des Palestiniens à l’étranger est Alaa Abu Al-Hijaa, qui dirigeait le PGD : Palästinensischen Gemeinschaft in Deutschland. Il s’agit de l’organisation pro-Hamas la plus active parmi les associations affiliées aux Frères musulmans en Allemagne.
Aaidun (the Jordanian Society for Return and Refugees)
Quant à Aaidun, elle diffuse des articles, photos et documents sur les réfugiés palestiniens, notamment sur leurs « droits juridiques », ainsi sur le rejet des « colonies israéliennes ».
Aaidun organise principalement des événements conjoints avec des sociétés locales jordaniennes.
Elle est dirigée par Kazem Ayesh, qui était auparavant membre du Bureau exécutif des Frères musulmans jordaniens, chargé du dossier du « retour des réfugiés ».
Ehoud Rosen
Pour citer cet article :
Ehoud Rosen, « La “marche du retour” en Palestine », Le CAPE de Jérusalem, publié le 28 mars 2018: http://jcpa-lecape.org/la-marche-du-retour-en-palestine/