La légitimité des opérations ciblées

Au départ, la communauté internationale condamnait  Israël à chaque fois que Tsahal effectuait des opérations ciblées pour éliminer un chef du Hamas, prétendant qu’il s’agissait d’un acte illégal. Finalement, devant le fléau et l’intensification du terrorisme à travers les continents,  plusieurs pays ont adopté les opérations ciblées ponctuelles de Tsahal et justifient les attaques ciblées.

 

Durant cette dernière décennie, Israël a été en permanence critiqué pour avoir lancé des opérations ponctuelles et ciblées contre des dirigeants du Hamas, du djihad islamique, et contre  d’autres organisations terroristes. Durant la deuxième Intifada, suite aux éliminations du Sheikh Ahmed Yassine et Abdel Aziz Rantissi, qui avaient programmé des attentats meurtriers contre la population israélienne, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait alors exigé « de cesser immédiatement cette politique israélienne, cette exécution sans jugement », autrement dit,  poursuive en justice  des cibles militaires en pleine guerre. (Sic)

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, tenue en avril 2004, la condamnation d’Israël était unanime. Le représentant britannique a défini la politique israélienne « illégale » ; le porte-parole français a déclaré qu’Israël viole « les principes fondamentaux du droit international », tandis que les Russes rejetaient avec mépris la politique israélienne.

Au moment où Israël se trouvait dans la contrainte à multiplier  ses opérations ciblées pour stopper la vague meurtrière des attentats suicides qui frappaient de plein fouet les centres des villes israéliennes,  l’ambassadeur américain, Martin Indyk, avait adopté  la même formule. Lors d’une interview à la télévision israélienne diffusée en juillet 2001, il a déclaré : « le gouvernement américain s’oppose explicitement aux attaques ciblées car il s’agit d’exécution à mort sans aucun jugement préalable”.

Dans ce contexte soulignons les propos ” révolutionnaires” du Procureur général américain, Eric Holder, qui a déclaré lors d’une conférence à l’université North Western : ” c’est  tout à fait légal d’éliminer des chefs terroristes actifs d’Al-Qaïda et de ses filières. Il ne s’agit pas d’un “attentat” commun car le terme  “attentat” est « une exécution illégale ».

La définition juridique est fort importante et Holder de préciser : «  nous sommes en guerre contre un ennemi qui par définition n’a pas d’Etat ». A savoir, le combat contre le terrorisme international ne se situe pas dans le cadre d’une opération policière, et donc nous devons l’appliquer  selon des lois concernant les conflits armés.”

En effet, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la politique américaine a évolué, et par la suite, les services de renseignements ont commencé à lancer des opérations ciblées d’une manière sélective. Le développement technologique des drones, tel que le Predator, et des renseignements précis recueillis ont rendu ce type d’activité possible dans le combat inlassable contre les organisations terroristes.

Bien qu’il existât  auparavant des questions juridiques à résoudre sur les arrestations et  la poursuite en justice des terroristes, l’ancien Secrétaire à la Défense, Donald Mansfeld, a écrit dans ses mémoires : “lorsque en 2001, les forces américaines sont entrées en Afghanistan et ont utilisé le Predator, ils avaient un jour identifié un convoi où se trouvait le chef des Talibans, Mollah Omar. Mais voilà, avant d’envoyer le drone pour l’éliminer, nous avons consulté préalablement des juristes et attendu impatiemment leur réponses…dans l’attente, Omar et ses lieutenants ont disparu dans la nature…”

La première attaque réussie avec l’aide des drones a été en 2002, au Yémen, contre le dirigeant d’al Qaïda impliqué dans l’attentat contre le torpilleur Cole USS en 2000.

En juin 2006, les forces aériennes américaines ont éliminé le commandant de la branche irakienne d’al Qaïda, Abou Moussavi al Zarkaoui. Mais c’est surtout au Pakistan, lieu de refuge des Talibans que ces opérations étaient significatives.

L’utilisation des drones a permis aux Etats-Unis de combattre les Talibans et de les pourchasser au-delà de la frontière sans pour autant envahir le territoire Pakistanais. Le nombre de ces attaques a augmenté considérablement durant la dernière année de l’administration Bush, et s’est accentué avec Obama.

Le combat d’Israël contre le Hamas et les autres organisations terroristes n’est pas différent de celui de l’Occident contre les Talibans. Le Hamas a voulu exploiter le Droit international en sa faveur, et a même créé un département juridique, qui a pour but de fournir à l’ONU et à d’autres organisations des renseignements sur les activités militaires israéliennes afin de porter plainte contre les officiers de Tsahal.

En fait, la stratégie du Hamas est de dissimuler ses commandants au sein de la population civile, pour pouvoir s’en servir comme boucliers humains. Le Hamas a espéré que l’Occident parvienne à la conclusion que les chefs  terroristes seront protégés contre les attaques de Tsahal en fonction du Droit international humanitaire, prévu dans la fameuse Quatrième convention de Genève. Cette contrainte  permettrait au Hamas d’attaquer des citoyens israéliens par le lancement de roquettes, tandis que leurs chefs sont protégés par une “muraille juridique” et  sont impunis pour leurs actes meurtriers.

Des ONG israéliennes, tel que le “Comité contre la Torture” se sont adressées à la Cour suprême prétendant  impossible d’appliquer les lois en état de guerre au combat d’Israël contre les organisations terroristes en présence dans des Territoires, mais seulement dans le cadre d’un

“Système juridique traitant de l’implication du droit dans une zone occupée ». Cette définition aurait jugé  illégale toute opération ciblée. La Cour suprême a rejeté la requête et a précisé que les lois concernant l’état de guerre prévalent la réalité existante entre Israël et les Palestiniens.

Le tribunal a souligné qu’il est toujours nécessaire de trouver un équilibre entre les considérations humanitaires et militaires. Dans cet esprit, chaque décision d’Israël d’éliminer un chef terroriste prend en considération cet équilibre et ainsi réduit au maximum l’atteinte de pertes civiles, comme c’est le cas dans toute opération militaire.

Suite  à l’élimination d’Oussama ben Laden par les forces militaires américaines, (2 mai 2011), Alain Dershowitz, expert renommé  en Droit international,  a souligné le mutisme absolu des pays, qui dans le passé ont condamné Israël après chaque élimination d’un chef terroriste du Hamas. Cela fut un cas classique de double jeu et d’hypocrisie internationale. Les membres européens de l’Otan combattant en Afghanistan ont apprécié les attaques ciblées des forces américaines contre les Talibans tandis que le Parlement russe a adopté en 2006 une loi permettant aux services de sécurité de la Russie, avec l’approbation du Président, d’éliminer des terroristes hors des frontières.

Hélas, c’est donc  après un long retard que les puissances justifient et adoptent la stratégie israélienne dans le combat contre le terrorisme.

La même stratégie qu’ils avaient auparavant condamnée publiquement, il à juste une décennie.