La fameuse lettre d’Obama sera-telle toujours valable ?

La proposition du Président Obama de remettre au Premier ministre israélien une missive de garanties en échange de l’extension du gel des implantations comporte un élément supplémentaire dans la série des lettres de garanties qu’Israël et les Etats-Unis ont échangé depuis plusieurs décennies. Cependant et jusqu’à ce jour les choses se sont passées différemment. Certaines lettres ont demeuré en vigueur fort longtemps, mais pour d’autres, les différentes administrations les ont considérées comme lettres mortes.
L’utilisation du procédé a émergé suite à la guerre de Yom Kippour et la première missive a été envoyée avant la réunion de la Conférence de Genève. La lettre américaine la plus importante a été rédigée en 1975, lorsqu’il était question d’un retrait des forces israéliennes des passages du Mitla et du Guidi dans la péninsule du Sinaï. Le Premier ministre de l’époque, Itzhak Rabin, a refusé un retrait complet et en revanche, le secrétaire d’Etat Henry Kissinger a initié « une réévaluation » des relations israélo- américaines comme moyen de pression sur Israël. La  crise a été évitée de justesse par le biais de missives confirmant la fourniture d’armement sophistiqué. Rappelons que le président égyptien Sadate n’a pas fait de geste  en échange du retrait partiel dans le Sinaï et ce n’était que deux années plus tard, en novembre 1977, qu’il a effectué une visite historique à Jérusalem. Ce sont donc les Etats-Unis qui ont compensé Israël.
Kissinger avait  promis dans sa correspondance que les Etats-Unis ne négocieront pas avec l’OLP tant que cette organisation n’accepterait pas la Résolution 242 et mettrait un terme aux opérations terroristes. Cet engagement a duré plus de treize ans jusqu’au jour où Arafat a rempli les revendications écrites dans cette lettre.
Parallèlement, une autre missive du Président Ford adressée à Rabin en 1975 avait inclus des garanties concernant l’avenir du plateau du Golan. Le président avait affirmé que les Etats-Unis n’avaient pas encore pris position sur le tracé des frontières, mais qu’en temps voulu ils appuieront fortement la présence des forces israéliennes sur le Golan. Comme il est d’usage dans la plupart de ces lettres, les  formulations sont vagues et  prudentes afin de pouvoir donner à Israël un sentiment de sécurité sans toutefois prendre un engagement juridique de la part des Etats-Unis.
La missive de Ford a quand même été significative. Avant la Conférence de Paix réunie à Madrid en octobre 1991, le Premier ministre Itzhak Shamir a exigé une lettre de garanties du secrétaire d’Etat James Baker. Dans la lettre transmise à Shamir les Etats-Unis ont réitéré leur engagement formulé dans  la fameuse lettre du président Ford.
Vingt et un ans plus tard, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, exige lors de son premier mandat en 1996, une lettre similaire du secrétaire d’Etat Warren Christopher avant d’entamer des négociations avec l’OLP au sujet de l’avenir de la ville d’Hébron.  Dans cette missive,  l’engagement des Etats-Unis formulé dans la lettre de Ford concernant le plateau du Golan est réaffirmé.
Le Premier ministre Ariel Sharon a également utilisé ce procédé et a obtenu en avril 2004, avant le désengagement de la bande de Gaza, une lettre du président Bush. Dans cette missive  le président américain écrit entre autres que les Etats-Unis n’exigeront pas d’Israël un retrait aux  lignes d’avant le 6 juin 1967 – définies correctement dans la lettre comme lignes d’armistice de 1949. La lettre a également évoqué les blocs d’implantations et le droit d’Israël de se doter de frontières défendables. Bien que les deux Chambres du Congrès ont approuvé cette missive, l’administration d’Obama a refusé de la reconnaître. Interrogé à maintes reprises sur la question, le porte parole du département d’Etat a refusé d’y répondre et a finalement reconnu qu’il n’avait reçu aucune instruction à ce sujet. Il semble donc que les lettres américaines peuvent contribuer  à une meilleure compréhension des exigences sécuritaires d’Israël bien que certaines administrations peuvent aussi les ignorer. La valeur d’une telle lettre dépend surtout du niveau détaillé de l’engagement.
En fait, les Etats-Unis préfèrent employer des termes vagues pour pouvoir calmer les esprits en Israël  et afin de bénéficier d’une couverture positive dans les médias. A ce propos, ils ne ligoteront jamais les mains de l’administration.
Dans ce contexte, le gouvernement israélien doit agir avec détermination et habilité pour que des anciens engagements soient effectivement respectés. Toutefois, les engagements américains peuvent effectivement se poursuivre sur plusieurs années mais cela exige aussi de la part des gouvernements israéliens successifs de contrôler la situation et assurer les engagements pris par tous les présidents américains, Républicains comme Démocrates.