La désintégration du régime syrien
La décision de Bachar el-Assad d’utiliser des armes chimiques contre ses propres citoyens est la preuve d’une désintégration progressive du régime et explique que le moral du pouvoir et des troupes soit au plus bas.
La question concernant les motifs réels du président syrien se pose avec pertinence, mais nous pensons différemment du New York Times qui a titré cette semaine : « La Syrie d’Assad est confiante en l’avenir ». Dans un article publié dans les colonnes du CAPE-JCPA, l’ancien lieutenant-colonel de Tsahal Jonathan D. Halevi affirme le contraire et pense que les récentes victoires militaires de l’armée syrienne à Kosseir et à Homs ne témoignent guère d’une maîtrise de la situation. Rappelons que la bataille dans ce village chiite fut acharnée et que le Hezbollah comme les forces régulières syriennes y ont subi de très lourdes pertes.
Quelques jours après, les forces rebelles ont réussi à déplacer le champ de bataille au cœur de la zone alaouite dans les villages situés près du port de Lattaquié. Conscient que l’étau se resserre contre lui, Assad a réagi en utilisant des armes chimiques dans la banlieue de Damas. Selon l’opposition syrienne, plus de 1 300 personnes sont mortes à Mouadamiyat al-Cham et dans la Ghouta orientale, deux zones contrôlées par les rebelles à l’ouest et à l’est de la capitale. Le rapport des services de renseignement américains confirme, preuve à l’appui, que le régime d’Assad est en effet responsable du massacre. (Voir le document sur le site du CAPE)
La perte de vitesse du régime d’Assad s’explique aussi par le recrutement de mercenaires étrangers chiites venant notamment d’Iran, d’Irak, et du Liban.
La Syrie est sans doute la plaque tournante des chiites au Moyen-Orient et avec ses diverses communautés chiites installées dans les pays du Golfe – notamment à Bahreïn et dans la région orientale de l’Arabie Saoudite – l’Iran renforce ses positions et soutient ses coreligionnaires économiquement et militairement pour poursuive ses ambitions hégémoniques. Malgré cette aide et particulièrement celle du Hezbollah, le régime d’Assad n’a pas réussi à obtenir une victoire décisive jusqu’à ce jour. Contrairement aux affirmations de certains observateurs et médias, la situation d’Assad est pire qu’on veut bien la décrire.
En refusant d’intervenir militairement, les pays occidentaux vont payer un lourd tribut car durant ces deux dernières années, depuis le déclenchement de la guerre civile, de nombreux groupes djihadistes sunnites, dont al-Qaïda, se sont installés sur le sol syrien. Le danger est immense car les conséquences sont plus graves qu’avec l’Afghanistan étant donné la proximité de la Syrie de l’Europe.
La faiblesse des Occidentaux et leur non-intervention en Syrie contre l’utilisation d’armes de destruction massive auront des retombées sur la conduite de l’Iran vis-à-vis de son projet nucléaire et renforceront les groupes djihadistes.
En admettant qu’Assad utilise des armes non-conventionnelles par désespoir ou par manque de confiance, l’intervention militaire de l’Occident pourra sans doute accélérer la chute du régime. La destruction de l’aviation syrienne peut évidemment contribuer à l’effort des rebelles.
Dans le contexte actuel, ce qui importe est l’évaluation des capacités de survie du régime d’Assad avant que les Etats-Unis et leurs alliés décident de lancer une opération punitive. Parallèlement aux préparatifs militaires, des efforts diplomatiques sont aussi nécessaires pour former une large coalition internationale, dissuader la Syrie et l’Iran, et mettre au pied du mur la Russie. Il est aussi important de renforcer les forces pragmatiques chez les rebelles pour empêcher à tout prix la mainmise des organisations affiliées à al-Qaïda et les islamistes de prendre le pouvoir et de plonger la Syrie dans le chaos total.
Israël observe avec inquiétude les événements et se prépare à tous les scénarii. Cependant, nous ne sommes pas impliqués dans cette coalition qui se profile et en dépit des menaces contre nous, il est clair que les prochaines démarches seront conduites exclusivement par les Américains et leurs alliés européens.
Dore Gold