La déconfiture du Jihad islamique et les craintes du Hamas

Freddy EytanL’opération Bouclier et Flèche a atteint ses objectifs et a enregistré de nombreux succès militaires mais elle n’est pas encore achevée. Elle n’a pas réussi à stopper définitivement les tirs de roquettes et missiles sur la population civile israélienne. Même l’instauration d’une trêve demeura fragile tant qu’aucune solution politique n’apparaisse à l’horizon.

Actuellement, la stratégie repose sur la notion « accalmie contre accalmie » mais est-elle efficace ? Israël, peut-il continuer à vivre avec un statu quo éphémère et ainsi éviter l’escalade avec le Hamas ? Quelle sont les alternatives ? La bonne stratégie  pour ne pas relancer les hostilités dans quelques mois ? Jusqu’à quand ce cycle infernal ?

Aucun Etat souverain ne peut tolérer à la longue une « coexistence » avec une organisation terroriste qui menace la vie quotidienne et paisible de millions d’hommes, femmes et enfants. Israël ne peut contenir une guerre d’usure, céder aux chantages des chefs terroristes et accepter des revendications inadmissibles et folles.

Imaginons les pertes et les dégâts si Dôme de fer n’était pas opérationnel devant le déluge des roquettes et des missiles ? Ce système de défense a sauvé de nombreuses vies humaines.   

Les six chefs du Jihad islamique éliminés par les raids ponctuels de Tsahal et du Shin Beit.

Les six chefs du Jihad islamique éliminés par les raids ponctuels de Tsahal et du Shin Beit.

Comme prévu, le Jihad islamique crie victoire malgré l’élimination de leurs chefs opérationnels, et les nombreux dégâts causés par les frappes massives et ponctuelles de Tsahal. Encouragé par l’immobilisme du Hamas et soutenu par l’Iran et ses satellites, le mouvement islamiste n’a pas l’intention d’avouer sa grande défaite, déterminé à poursuive la « bataille pour Jérusalem » jusqu’au bout.

Le Jihad islamique crie victoire.... Caricature

Le Jihad islamique crie victoire…. Caricature publiée le 15 mai 2023 dans le quotidien Israël Hayom.

Le succès remporté à l’issue d’une guerre conventionnelle se mesure par une victoire éclatante, un triomphe spectaculaire mais dans le combat contre le terrorisme les règles du jeu militaire sont bien différentes et elles se mesurent par le maintien d’une longue haleine.

Raid contre un dépôt de roquettes et de mortiers.

Raid contre un dépôt de roquettes et de mortiers.

La bande de Gaza est un territoire vouer au malheur et à la damnation.  Depuis 1967, Israéliens et Palestiniens n’arrivent pas à trouver de solution adéquate. En 1977, le président Sadate avait rejeté l’offre de Menahem Begin et n’a pas voulu récupérer le territoire administré par l’Egypte durant plus de 20 ans. Begin avait commis une grave erreur historique. En 1993, Rabin et Pérès ont offert ce territoire à Yasser Arafat, malgré tous les risques. En 2005, Sharon a préféré se retirer de la bande de Gaza sans aucun accord et a déraciné brutalement huit-mille familles israéliennes de leurs foyers.

Aujourd’hui, aucun pays arabo-musulman n’ose vraiment intervenir directement dans ce bourbier. L’Egypte préfère jouer le rôle d’arbitre tandis que le Qatar continue à financer le Hamas et l’Iran se contente de fournir du matériel militaire en encourageant à poursuivre les attaques contre les sionistes. La communauté internationale et l’ONU protestent contre les raids israéliens et contre la « disproportion des frappes aériennes », mais n’intervient pas pour désarmer les terroristes et démilitariser la bande de Gaza.

Raid contre des lanceurs de missiles.

Raid contre des lanceurs de missiles.

L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas demeure impuissante et incapable de maîtriser toutes les troupes et gérer les affaires quotidiennes de son propre peuple, ni à Ramallah et ni à Gaza.

C’est clair, le Jihad islamique, considéré par les Etats-Unis et l’Union européenne organisation terroriste, ne rendra pas ses armes sans de robustes pressions internationales. Cependant, le président Biden est préoccupé par la guerre en Ukraine et par sa réélection. Emanuel Macron est inquiet aussi par la crise sociale et les problèmes économiques. L’Égypte, qui partage une frontière avec Gaza a un grand intérêt de voir le désarmement des Islamistes mais le président Sissi a du mal à gérer ses affaires intérieures et craint une nouvelle révolte des Frères musulmans et des actions terroristes dans la péninsule du Sinaï.

Devant l’indifférence internationale, Israël se trouve donc seul dans le combat contre le terrorisme palestinien. Nos ennemis ont cru que le déchirement de la société israélienne provoqué par la réforme judiciaire a affaibli notre solidarité et la résilience. Ils se sont trompés. Les frappes aériennes ont été menées en grande partie par des pilotes réservistes…Ils seront toujours opérationnels devant les menaces de l’Iran et ses satellites.   

Toutefois, le temps est propice pour procéder à une réévaluation en profondeur de notre stratégie concernant l’avenir de Gaza et tenir le Hamas comme le seul responsable du territoire et de sa population. Le Jihad islamique n’est qu’une milice rebelle qui n’a aucune responsabilité envers les Gazaouis mais obtient une aide financière de l’Iran. Si le Hamas ne peut pas instaurer un calme et une stabilité durable, il est illogique de poursuivre la stratégie actuelle.

Israël a deux options face à ce dilemme. Redoubler ses raids et cibler tous les dirigeants du Jihad et du Hamas, notamment ceux installés confortablement dans les palaces de Beyrouth et des Emirats du Golfe persique, ou accepter certaines revendications économiques du Hamas, ouvrir les passages, fournir l’eau, le fuel et l’électricité, permettre l’entrée des travailleurs et convaincre à maintenir une trêve à long terme.

En cas de refus, il ne pourrait y avoir de solution miracle. Le gouvernement israélien devra donc agir avec détermination et audace pour mettre un terme aux tirs des missiles par tous les moyens militaires. Pour réussir, mettons nos querelles politiques aux vestiaires, et ensemble relevons tous les défis, renforçons notre résilience, pour résister aux pressions et répondre à toutes les menaces extérieures.