La course nucléaire-vers un deuxième round
Le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a expliqué dans une interview publiée dans le « Daily Telegraph » que le niveau d’urgence sur la question nucléaire iranienne a changé pour la simple raison que l’Iran a décidé d’utiliser le tiers de son uranium enrichi pour un nucléaire civil, ce qui a empêché en été dernier une attaque contre les sites atomiques.
Cependant, Barak a précisé que l’Etat juif demeure très inquiet sur la question nucléaire car l’Iran continue de progresser vers son objectif initial d’acquérir coûte que coûte la bombe.
Durant l’année 2012, Téhéran a modifié 40% de son stock d’uranium enrichi à un niveau de 20% et par des barres combustibles, de ce fait, il serait impossible de les utiliser à des fins militaires. Les révélations faites par Barak au journal britannique sur le nucléaire iranien n’étaient vraiment pas un secret d’Etat, puisque une lecture attentive des rapports de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) aurait conduit aux mêmes conclusions.
Selon le rapport de l’AIEA publié au mois d’août, l’Iran n’a produit que 189 kg d’uranium enrichi à un degré de 20%. D’imminents experts ont déjà fait savoir que 225 kg d’uranium enrichi à 20% suffiraient aux Iraniens pour construire une première bombe. Dans ce sens, l’Iran s’approche dangereusement vers cette étape.
Si Téhéran utiliserait toutes les 1720 centrifugeuses en sa possession elle pourrait atteindre la “ligne rouge” comme l’avait affirmé le 27 septembre dernier le Premier ministre Netanyahou à la tribune de l’ONU.
Donc, selon le général Barak, « l’heure de vérité » a été reportée de «huit à dix mois » mais compte tenu du rythme de la production mensuelle de l’uranium enrichi à 20% la capacité nucléaire de l’Iran augmentera et franchira plus rapidement le seuil des 225kg.
Le dernier rapport de l’AIEA publié au mois de novembre a indiqué que la quantité d’uranium enrichi à 20% est à nouveau en hausse et le stock de l’uranium enrichi a continué à croître. L’Iran a déjà installé 1720 centrifugeuses d’enrichissement d’uranium à 20% dans l’usine de Fordue située près de Qom. Si l’Iran utiliserait toutes ces centrifugeuses il pourrait sans difficulté atteindre la “ligne rouge” jusqu’en février 2013!
Les Etats-Unis n’ont pas transmis jusqu’à ce jour de fermes messages à l’égard du projet nucléaire de l’Iran même si nous savons clairement que le pays des ayatollahs accumule de grandes quantités d’uranium enrichi à 20%. Robert Wood, le représentant américain à l’AIEA qui siège à Vienne, a publié un communiqué selon lequel nous ne devons pas permettre à l’Iran d’ignorer éternellement ses engagements. Il a évoqué son échec de dissiper les inquiétudes internationales présentées dans les récents rapports de l’AIEA et a présenté une sorte d’ultimatum en exigeant que Téhéran réponde sans détour sur son stock nucléaire avant le mois de mars prochain. Mais si Téhéran poursuivra ses manigances est-ce que les Etats-Unis envisageraient l’option militaire? Pour l’instant, rien n’indique que la déclaration américaine exprimée par leur représentant à Vienne constitue une menace réelle pour l’Iran.
La Secrétaire d’Etat sortante, Hillary Clinton, a expliqué que le mois de mars a été mentionné parce qu’il venait juste après le début du nouveau mandant du président Obama et avant les élections présidentielles en Iran au mois de juin 2013. La semaine dernière, le porte-parole du Département d’Etat avait affirmé que la communauté européenne tente de fixer une nouvelle date pour la reprise des pourparlers nucléaires avec Téhéran.
Dans ce contexte, il va de soit que seuls des mesures fermes dont une option militaire empêcherait l’Iran à poursuivre son projet nucléaire. Nous constatons hélas que le canal diplomatique ne pourra obliger l’Iran à se conformer aux obligations internationales.
L’année 2013 s’annonce donc crucial pour Israël et les Etats-Unis et les deux pays devraient trancher tôt ou tard sur la manière d’empêcher l’Iran à se doter de l’arme atomique.