Israël face aux changements américains

L’un des grands problèmes des Israéliens est de se considérer comme orfèvres dans les affaires américaines à chaque fois qu’ils doivent analyser la politique des Etats-Unis. Des députés, des universitaires,  et des journalistes sont tous conviés à Washington et  font à leur retour des rapports sur leur visite. Effectivement, en Israël, nombreuses sont les personnalités qui ont exercé des fonctions officielles, toutefois elles tentent de calquer leurs expériences sur la situation actuelle… et ce parallèle  n’est pas toujours juste et efficace.

Prenons, pour exemple, les mises en garde de Thomas Friedman, le chroniqueur politique du « New York Times ». Friedman a comparé Israël à « un enfant gâté » qui refuse de décider d’accepter la proposition offerte par l’administration Obama en échange de la continuation du gel de la construction dans les implantations. Friedman a réitéré l’aggravation  de la situation dans une interview à CNN diffusée également en Israël.

Les argumentations de Friedman et son constat que les relations d’Israël avec les Etats-Unis se trouvent à la veille d’une crise reflètent-ils bien le climat en Amérique?
Friedman est un journaliste important mais il ne représente qu’un secteur particulier de l’administration américaine, et donc, ce serait une erreur de le considérer comme la meilleure source pour savoir que pensent vraiment les dirigeants des Etats-Unis sur le statut d’Israël. Son journal, « le New York Times » a perdu ces deux dernières années, plus de 13% de sa diffusion, et en fait, le Wall Street Journal est devenu aujourd’hui le quotidien le plus populaire des Etats-Unis.
Le nombre des téléspectateurs de la chaîne CNN a aussi baissé. Parallèlement, la « Fox News » et MNSB sont devenues les chaînes principales et les plus regardées. Au cours des années 90, des politiciens israéliens qui voulaient se faire connaître  ont souhaité participer aux programmes de Larry King sur le plateau de CNN. Aujourd’hui, le programme parallèle de Shone Haniti sur la Fox jouit d’un pourcentage de téléspectateurs quatre fois plus élevé.
Quel est le lien entre ces tendances dans la presse américaine et les élections du mi-mandat au Congrès ? La réponse ne se limite pas seulement au dernier scrutin et qu’aux Etats-Unis les républicains sont devenus plus nombreux. Les électeurs américains ont surtout voté contre l’ancienne administration de Washington, un vote sanction contre des dépenses excessives du gouvernement et contre le parti au pouvoir qui en est  responsable.
De ce fait, les changements commencent à se développer dans la presse américaine et au Congrès et nous assistons à une nouvelle administration politique beaucoup plus variée. Certes, les responsables israéliens ne pourront pas renoncer à s’adresser aux élites libérales et anciennes, mais ils doivent savoir qu’il existe parallèlement un nouveau bloc d’électeurs intéressés à entendre le message qu’Israël souhaite transmettre.
Les nouveaux membres du Congrès, comme nombreux parmi le public américain, soutiennent Israël instinctivement. Toutefois, leur majorité ne connait pas parfaitement le dossier israélien. La diplomatie israélienne devrait saisir les nouvelles occasions pour gagner la sympathie des nouveaux membres du Congrès. Cependant, il existe chez les dirigeants israéliens un véritable dilemme. Le gouvernement Netanyahou, impliqué dans le processus délicat des négociations de paix, s’abstient de publier ouvertement ses positions concernant les questions brûlantes. De leur côté, les nouveaux membres du Congrès sont assoiffés d’entendre et avec précisions les positions qu’ils devraient soutenir, tels que l’avenir de  Jérusalem et les frontières défendables, des questions sensibles et cruciales que le Congrès a déjà approuvées ces 15 dernières années.
En conclusion, Il est important que le gouvernement israélien mette au clair ses positions. Il ne doit plus compter que sur des arguments de base qui concernaient les Etats-Unis. Ils furent  effectifs, il y a une décennie, et ils ne le sont plus aujourd’hui.