Israël et les Forces internationales : amère expérience
L’idée de déployer des forces internationales en Cisjordanie est souvent soulevée dans les milieux diplomatiques en réponse à nos revendications sécuritaires dans le cadre d’un règlement possible du conflit avec les Palestiniens. Ce scénario est à chaque fois envisagé sur la question du retrait éventuel des forces israéliennes des zones stratégiques de la Cisjordanie et notamment de la Vallée du Jourdain.
Juste après l’installation du président Obama à la Maison Blanche, son Conseiller à la défense nationale, le général Jim Jones, a proposé de déployer dans la région des forces internationales dans le cadre d’un accord politique. Certains dirigeants israéliens ont été même séduits par cette idée dont l’ancien Premier ministre, Ehoud Olmert. Au mois de janvier dernier, il a confirmé au New York Times qu’il avait vivement souhaité un déploiement de forces internationales sous l’égide américaine en Cisjordanie. Le 22 septembre dernier, toujours dans le New York Times, Olmert publie dans la rubrique Opinion un article mais cette fois-ci ne mentionne pas le déploiement de Forces internationales.
La dernière expérience israélienne avec des forces internationales remonte à la Résolution 1701, adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU suite à la Seconde guerre du Liban de 2006. Cinq ans après, il est important d’observer la situation au Sud Liban et d’analyser minutieusement le fonctionnement des Forces internationales au Liban avant de soulever des propositions similaires concernant le conflit avec les Palestiniens.
Lors de la Deuxième guerre du Liban et par la suite, l’effort diplomatique israélien s’est focaliser sur les mesures de sécurité adéquates, destinées à empêcher la réinstallation d’une infrastructure armée et hostile au Sud Liban. Prenant conscience de nos besoins sécuritaires, le Conseil de sécurité a souligné en effet la mise en place d’une force de la FINUL avec un mandat plus élargi et plus efficace que dans le passé.
Cette résolution a réitéré et mis l’accent sur l’importance du désarmement des milices libanaises chiites comme le Hezbollah, et a confirmé les résolutions précédentes de l’ONU. La résolution a également interdit le transfert d’armes non autorisées par le gouvernement libanais. Il en résulte que le transfert d’armes de l’Iran au Hezbollah a été défini comme violation flagrante de la résolution du Conseil de sécurité.
Afin de mettre en œuvre l’embargo sur les armes, des navires de guerre allemands ont été expédiés en septembre 2006 pour contrôler la circulation maritime vers le Liban.
L’innovation la plus importante proposée dans la résolution 1701 était la création d’une zone tampon entre la ligne internationale qui délimite la frontière israélo-libanaise et le fleuve Litani au nord. Seule l’armée libanaise et les forces de la Finul seront autorisées à détenir des armes. Le but de cette clause était d’éloigner les Forces du Hezbollah de la frontière israélienne. Avant la Seconde guerre du Liban, le Hezbollah a détenu dans cette zone plus de 5000 terroristes équipés de 10000 roquettes.
La résolution 1701 a été définie à l’époque comme une réussite de la diplomatie israélienne. En est-il vraiment ainsi ? Une analyse faite durant ces cinq années nous révèle que depuis l’application de la résolution 1701 le Hezbollah est revenu au Sud Liban avec une force beaucoup plus grande que celle précédant la guerre. L’arsenal du Hezbollah comprend près de 40000 roquettes, dont 30000 sont installées au sud du fleuve Litani dans la zone destinée être sous contrôle exclusif de la FINUL et de l’armée libanaise.
Les infrastructures militaires du Hezbollah dans le sud Liban ont été révélées en mars dernier par le journal « Washington Post ». Sur des cartes d’état-major de Tsahal publiées dans ce journal, figuraient des centaines de positions du Hezbollah dans des villages du sud Liban, et notamment des entrepôts d’armes, des bunkers souterrains et des postes d’observation. Dans le village chiite, al-Khiam, situé 4 kms seulement de la frontière, le Hezbollah a installé ses positions près des écoles, des mosquées et des habitations. Un danger mortel pour tous les civils si demain un nouveau conflit militaire entre Israël et le Hezbollah est déclenché. Si les forces de la FINUL avaient effectué leur rôle correctement et conformément à la résolution 1701, l’installation des positions militaires du Hezbollah au cœur même des zones civiles aurait pu être évitée. Dans ces villages chiites, les forces de la FINUL auraient du agir avec fermeté et confisquer les armes du Hezbollah stockées en violation flagrante de la résolution 1701.
La possibilité que des forces européennes appliquent un jour leur mandat en risquant une confrontation avec la milice chiite est nulle, et les chances demeurent dans le cadre de l’imaginaire. Au mois de juillet dernier, le gouvernement français a même menacé de retirer ses troupes suite à un accrochage avec des terroristes du sud Liban.
Ainsi donc, si la FINUL ne peut assurer la démilitarisation du sud du Liban, qui garantirait que des forces internationales seraient plus efficaces pour pouvoir contrôler la démilitarisation de la Cisjordanie ?
Israël a bien tiré une leçon du désengagement unilatéral de la bande de Gaza, en particulier son retrait de l’axe Philadelphie. Auparavant, le Hamas avait utilisé des roquettes artisanales du type Qassam. Après le retrait israélien, les attaques contre les villes israéliennes telle qu’Ashkelon ont été effectué par des roquettes de longue portée comme des Grad. Le corridor Philadelphie s’est transformé en véritable passoire en raison du fait que les forces de Tsahal ont cessé d’opérer contre le trafic massif d’armes et munitions. Cet axe est devenu le principal moyen de transfert d’armes pour le Hamas et notamment de missiles anti- aériens SA-7.
En général,les forces internationales sont bien limitées pour pouvoir surveiller des zones sensibles: au Rwanda, en Bosnie et dans plusieurs régions du Moyen Orient, et donc on ne peut compter sur ces forces pour empêcher la contrebande d’armes en Cisjordanie. Seules des forces israéliennes pourront être efficaces. Celui qui propose de renforcer ces forces par un solide dispositif américain ignore l’état d’esprit qui règne aujourd’hui à Washington. Suite aux interventions en Irak, en Afghanistan et en Libye, la lassitude gagne l’Amérique et les Etats-Unis ne souhaitent plus une nouvelle complication militaire au Moyen- Orient.
L’échec de la FINUL au sud du Liban doit servir de signal d’alarme à tous les arrangements de sécurité possibles en Cisjordanie. Ce fiasco démontre plus encore l’importance du contrôle de Tsahal dans la vallée du Jourdain comme première ligne de défense du front Est.
A tous ceux qui soutiennent l’idée de se servir de l’aide des Forces internationales pour assurer la sécurité d’Israël, nous leur suggèrerons de tirer préalablement les leçons de la fameuse Résolution 1701 adoptée sur le sud Liban.