Israël face au double jeu de la politique européenne
L’Union européenne a imposé des sanctions économiques contre des Etats voyous tels que l’Iran et la Corée du Nord, mais concernant des pays amis impliqués dans des disputes territoriales sa politique de « deux poids deux mesures » est toujours en vigueur.
L’UE vient ainsi d’adopter de nouvelles directives selon lesquelles les subventions pour la recherche et le développement et d’autres avantages financiers ne seraient plus accordés aux organismes israéliens situés au-delà des lignes d’avant juin 1967.
Les réactions ont été très vives, durant les débats d’éventuelles coopérations économiques alternatives avec l’Inde et la Chine ont été sérieusement soulevées. Il semble que l’idée de chercher d’autres débouchés en Extrême-Orient ait même été évoquée discrètement au sein du gouvernement.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un boycottage européen contre Israël, comme on pouvait en déduire des titres alarmants parus dans la presse, il existe quand même une certaine crainte. Par exemple, les directives de l’UE pourraient servir de base pour tout futur accord entre Israël et l’UE. Le but serait d’imposer le fait que tout territoire situé au-delà des lignes d’avant juin 1967 soit désormais non-Israélien, notamment la Vieille Ville de Jérusalem et sa partie orientale.
Il est regrettable de constater que l’UE a publié ces lignes directives au moment même où Israël entamait des pourparlers avec les Palestiniens et faisait des concessions douloureuses en libérant de dangereux terroristes.
La décision européenne a provoqué un tollé général dans la classe politique de droite comme de gauche, et il est évident qu’à long terme ces directives auront des retombées néfastes sur les relations israélo-européennes. Pourtant, tout expert orfèvre dans les affaires du commerce extérieur de l’Europe est frappé par une tendance politique basée sur « deux poids deux mesures ».
Prenons par exemple les relations de l’UE avec le Maroc. En 2005, elle a signé avec ce pays du Maghreb un accord autorisant des pêcheurs européens à opérer dans leur zone maritime. Selon cet accord, les Européens peuvent pêcher sans contrainte au large du Sahara occidental, bien que ce territoire annexé par le Maroc ne soit pas reconnu par la communauté internationale, notamment par les 28 pays de l’UE.
En outre, en 1975 la Cour internationale de la Haye a décrété que le Maroc n’avait aucune souveraineté légale sur le Sahara occidental.
La pêche dans cette région du monde est très productive : elle rapporte au Maroc une redevance estimée à plus de 40 millions d’euros chaque année. Suite aux directives contre Israël, l’hypocrisie dans le cas marocain est bien flagrante. Et pourtant, l’objectif initial de l’UE est « de veiller que ses positions et ses engagements soient respectés conformément au droit international ».
Un autre exemple concerne le cas chypriote. Bien que l’Europe s’oppose fermement à toute présence israélienne en Cisjordanie en raison de son statut juridique, cela n’empêche pas des citoyens européens d’acquérir des résidences secondaires dans le nord de Chypre, territoire occupé par la Turquie en 1974 et contesté par la communauté internationale. L’Europe a même envisagé de prendre des mesures punitives contre Ankara sans pour autant recourir aux mêmes moyens de pression exercés contre Israël.
Avec l’Inde, l’UE ne conditionne pas non plus ses accords de libre-échange, notamment sur des territoires où la souveraineté indienne est contestée.
Il est évident qu’Israël dispose de plusieurs moyens pour rectifier les lacunes avec l’Europe. Un conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré au Jérusalem Post que la coopération avec Israël dans le domaine de la recherche et du développement dans le cadre du programme Horizon 2020 était aussi un intérêt européen car il s’agissait d’accroître la compétitivité dans les marchés internationaux et d’augmenter le nombre d’emplois sur le vieux continent. C’est un programme commun très vaste dont Israël obtiendra 1.6 euros sur chaque euro qu’il investira. Ainsi, la haute technologie Israélienne est nécessaire pour l’Europe. Dans le monde global où nous vivons, des sociétés géantes telles que Google, Microsoft ou Intel sont en collaboration très étroite avec des équipes israéliennes.
Par ailleurs, soulignons les nouveaux sites de gaz offshore découverts récemment le long de la côte israélienne. L’Europe s’approvisionne actuellement par des pipelines venant de Russie et d’Afrique du Nord, dont 4 traversent l’Algérie. Ce pays maghrébin est confronté aux menaces des filiales d’Al-Qaïda, risquant ainsi le sabotage des gazoducs.
Dans ce contexte, si nous ne pouvons plus compter sur l’Europe comme un allié commercial, eh bien l’Asie pourra devenir notre marché préférentiel pour l’exportation du gaz. Dans l’attente, il est nécessaire de réhabiliter nos relations avec l’Europe dans un esprit de bonne volonté et de revenir à la situation qui existait avant la publication des directives.
Dore Gold