Iran – Al-Qaïda: le défi israélien
Ces jours-ci, au moment où les Etats-Unis commémorent la dixième année des attaques du 11 septembre 2001, la décision à Washington de révéler les liens étroits entre l’Iran et l’organisation Al-Qaïda est appropriée.
Le rapport de la Commission d’enquête sur les événements du 11 septembre a déjà souligné ce lien mais n’avait pas fourni de détails.
Ce rapport a apporté des preuves tangibles selon lesquelles l’Iran a aidé au transfert de 10 des 19 terroristes d’Arabie Saoudite vers les camps d’entraînement d’Oussama Ben Laden en Afghanistan.
Les auteurs du rapport n’ont pas répondu clairement sur le lien de l’Iran en précisant : “nous pensons que ce sujet exige une enquête plus approfondie par le gouvernement américain »…
Au départ, l’idée que l’Iran a des rapports avec Al-Qaïda a été perçue avec beaucoup de scepticisme au sein de certains cercles traitant de la politique étrangère américaine. Ces chercheurs et observateurs se demandent souvent: comment un régime chiite militant peut-il surmonter les différents idéologiques avec une organisation sunnite radicale et coopérer avec elle ? Ils indiquent le fait que la conception traditionnelle d’Al-Qaïda ne considère pas les chiites comme de vrais musulmans mais tels que de non croyants. Ils soulignent que la filiale d’Al -Qaïda en Irak a assassiné des milliers de chiites dans les attentats- suicides et a même détruit leurs mosquées.
Flint Labret, ancien chercheur au sein de la CIA et membre du Conseil national de sécurité des Etats-Unis a écrit qu’en 2001, l’Iran a été l’ennemi d’Al-Qaïda et était prêt à aider les Etats-Unis contre Oussama Ben Laden.
Son homologue à la CIA, Bruce Reidel, a également écrit en 2010 : « en général, les témoignages que nous possédons sur les relations hostiles existantes sont plus convaincantes que les preuves d’une coopération quelconque. » Personne n’a pu donc imaginer une véritable alliance entre l’Iran et Al Qaïda.
Cependant, le 28 juillet dernier, le ministère américain des Finances publie une information spécifique sur les liens étroits entre Téhéran et l’organisation terroriste et dévoile l’existence d’un réseau de six activistes d’Al-Qaïda dont le chef est installé en Iran.
Ce réseau terroriste sert de « canal principal » par lequel Al-Qaïda transfert de l’argent et soutient sur le plan logistique des originaires de pays arabes pour opérer dans des zones de combat en Afghanistan et en Pakistan.
Le Trésor américain, dont sa responsabilité est entre autres de collecter des renseignements sur les sources de financement du terrorisme international, a précisé que ce réseau a fonctionné dès 2005, dans le plus grand secret et en accord tacite avec le gouvernement iranien.
Le « Wall Street Journal » a souligné que c’est la première fois que le gouvernement américain reconnaît officiellement le lien entre l’Iran et Al Qaïda.
Auparavant, il n’existait sur ce lien que de vagues renseignements …En octobre 2000, Ali Mohamed, haut-responsable d’Al-Qaïda a avoué devant la Cour fédérale de New-York qu’il avait servi d’intermédiaire dans la rencontre de Ben Laden avec le commandant opérationnel du Hezbollah, Imad Mugniyyeh, au Soudan. Il a expliqué que l’Iran s’est servi du Hezbollah pour fournir des armes à Al-Qaïda.
Selon les renseignements recueillis un nombre de délégations de l’organisation terroristes se sont rendues en Iran et dans la vallée libanaise pour des entraînements. L’adjoint de Ben Laden et son successeur actuel, Aman Zawahiri, a réussi à développer un mécanisme de relations de travail avec Ahmed Vahidi, le ministre iranien de la Défense. Après le 11 septembre 2001, plusieurs chefs Al-Qaïda ont trouvé refuge en Iran.
Dans ses Mémoires, l’ancien chef de la CIA, George Tenet, a avoué que la branche d’Al-Qaïda en Iran était si dominante que les autres filiales de l’organisation l’ont consulté sur la possibilité d’acquérir trois bombes nucléaires volées apparemment de la Russie.
En 2003, les renseignements américains ont intercepté des conversations nous apprenant que les chefs d’Al Qaïda installés en Iran sont responsables de la planification du triple attentat-suicide à Ryad, capitale de l’Arabie saoudite. 34 personnes ont été tuées dont 8 américains. En 2008, un rapport publié par Wikileaks affirme qu’une équipe conjointe
d’Al-Qaïda et une unité du renseignement de la Garde révolutionnaire iranienne ont opéré en Afghanistan et ont planifié des attentats-suicides contre les forces de l’OTAN.
Les nouvelles révélations sur le réseau d’Al-Qaïda sont sans doute fiables en fonction des nombreux rapports cumulés durant cette dernière décennie.
Ces révélations s’expliquent par le souci de l’administration Obama de focaliser l’attention sur la fin de l’implication militaire américaine en Afghanistan. Washington ne se berce pas d’illusions quant aux intentions de s’adresser à l’Iran pour que ce dernier soit son partenaire dans le retrait des forces américaines. C’est clair, le soutien iranien à Al Qaïda et au Taliban menace directement la vie des soldats américains.
La collaboration de l’Iran avec Al-Qaïda a également des conséquences graves sur Israël. Dans l’arène palestinienne, nos services de sécurité sont longtemps conscients du fait que Téhéran est prêt à coopérer avec des organisations radicales sunnites tels que le Hamas ou le Djihad islamique.
Actuellement, cette coopération iranienne se propage sensiblement et Téhéran a déjà tendu la main aux Frères Musulmans d’Egypte.
Récemment, la Cour de justice jordanienne a condamné le chef spirituel d’Abou Moussav Al-Zarkaoui, ancien chef d’Al-Qaïda en Irak, celui qui a débuté sa carrière avec les gardes révolutionnaires iraniens. Il avait perpétré des attentats à Aman et a tenté de recruter des Palestiniens de Cisjordanie. Dans ce contexte, si d’autres filiales d’Al-Qaïda s’installeraient dans ce secteur, Israël assumera que l’Iran aura de nouveaux partenaires, pour pouvoir défier l’Etat juif le long du front Est.