L’industrie de l’armement des Ayatollahs et la déstabilisation du régime islamique
L’Iran célèbre en grande pompe le quarantième anniversaire de la Révolution islamique et la chute des 2 500 ans de monarchie.
Chaque jour, de hauts responsables du régime dévoilent un nouvel arsenal de matériel militaire.
Une gigantesque exposition a présenté plus de 300 armes et technologies de pointe (missiles, drones, munitions, avions et vedettes de marine).
Pour la première fois, les industries de la défense iranienne présentaient un nouveau missile de croisière à longue portée, baptisé Hoveyzeh, symbole de l’héroïsme et du sacrifice durant la guerre Iran-Irak des années 1980.
Rappelons que cette guerre déclenchée par Saddam Hussein en septembre 1980, moins d’un an après l’installation du régime islamique, avait duré huit longues années et fait plus d’un million de victimes.
Le ministre iranien de la Défense, Amir Khatami, a présenté lui-même ce missile de croisière, en direct à la télévision. Il a précisé que sa portée était de 1 350 km, qu’il vole à basse altitude et dispose d’un système de navigation précis. Il est également alimenté en carburant solide pour pouvoir être lancé rapidement et il possède une puissante capacité de destruction. Khatami a déclaré que ce missile de croisière avait été testé avec succès à 1 200 km, atteignant ses cibles avec précision. Il a ajouté que ce missile de croisière constituait la prochaine génération d’armes de ce type, après le Somar, qui n’avait qu’une portée de 700 km seulement.
« Dans un monde où les droits et les accords internationaux sont bafoués, la logique exige de protéger nos intérêts et notre sécurité nationale… Il n’y a pas de limite à la détermination et à la force de la volonté de notre peuple dans le domaine de la défense » a précisé le ministre iranien. Le commandant en chef des armées (le guide suprême iranien Ali Khamenei) avait déjà déclaré que toute menace extérieure obtiendrait une réponse appropriée de valeur égale.
L’agence de presse Fars a présenté une nouvelle génération de missiles balistiques Khorramshahr. Ce missile balistique atteint une portée de 2 000 km et il est guidé jusqu’au bout de la cible. L’agence de presse a ajouté que chaque missile pouvait transporter plusieurs ogives de trois tonnes chacune.
La première génération de missiles Khorramshahr a été dévoilée en 2017.
L’Iran dévoilant le missile Hoveyzeh, d’une portée de 1350 km
Le ministre iranien des Technologies de l’information et de la communication, Mohammad Javad Azari Jahromi, a déclaré, lors de la journée nationale des technologies spatiales, que l’Iran avait l’intention de lancer le satellite Dosti (“amitié”) dans les prochaines semaines. Cela fait suite à l’échec du lancement du 15 janvier 2019. « Bientôt, la voix iranienne sera à nouveau entendue dans l’espace », a-t-il déclaré. Selon Jahromi, la construction d’un nouveau satellite iranien Zafar (“victoire”) sera achevée en septembre prochain.
Jahromi a rejeté les accusations occidentales selon lesquelles le projet de satellite iranien était lié à son programme de missiles balistiques. Il a déclaré que l’Iran pouvait améliorer ses activités dans de nombreux secteurs civils grâce à son programme spatial perfectionné.
Dans le cadre des cérémonies marquant le 40e anniversaire, les chefs des Pasdarans ont poursuivi leurs menaces à l’encontre d’Israël et du monde occidental. Le général Hossein Salami a appelé les pays occidentaux à « ne tenir aucun débat sur la question du programme de missiles ni même à donner à l’Iran des conseils sur la question de ses capacités militaires et technologiques ». Selon lui, toute menace de la part des Occidentaux aura pour conséquence le développement de plus belle des missiles.
Dans une interview à la télévision nationale iranienne, Salami a répété une fois encore que toute intervention israélienne entrainerait sa destruction. Selon lui, Israël agit par tous les moyens pour rompre l’équilibre des forces dans la région. Elle s’aventure à bombarder des stocks de munitions en Syrie afin de compenser ses « peurs psychologiques… Nous leur disons franchement : Ne jouez pas avec le feu… . Vos capacités ne sont même pas proches de notre Opération Jérusalem ( Beit al-Moqaddas )… Israël sera complètement effacé de la carte avant que les États-Unis ne puissent l’aider. »
Le général Ali Shamkhani, président du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, a déclaré lors d’une réunion avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Muallem, que l’Iran avait pris « les mesures appropriées pour empêcher Israël d’attaquer la Syrie ».
Selon le général Shamkhani, les mesures préventives seront « décisives, appropriées et constitueront une leçon pour les menteurs et les criminels d’Israël ». Il a ajouté que les mesures seraient prises si les raids reprenaient en Syrie ou ailleurs.
Le général iranien a rejeté les informations faisant état de pertes iraniennes lors de la dernière attaque israélienne en Syrie. Le ministre syrien des Affaires étrangères, avait aussi rencontré son homologue iranien Mohammad Jawad Zarif.
Walid Moallem est arrivé en Iran une semaine après la visite d’une importante délégation conduite par Ishaq Jehangiri, le vice-président. Il était accompagné de plusieurs ministres et du gouverneur de la Banque centrale iranienne, Abdal Nasser Hatti.
Ce dernier a déclaré à son retour à Téhéran que l’aide iranienne au régime de Damas pendant la guerre de Syrie était prise du contribuable iranien, et que la Syrie devait restituer tous les fonds de manière à les investir aux entreprises iraniennes dans des projets de réhabilitation de la Syrie. Selon un porte-parole iranien, la Russie n’a toujours pas mis en service opérationnel les systèmes de défense S-300, et cela découle apparemment de la coordination entre la Russie et Israël.
Capture d’écran d’un test de missile iranien
Sergey Ryabekoff, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré que l’Iran et la Russie n’étaient pas des alliés mais coopéraient uniquement en Syrie. L’ambassadeur de Russie à Téhéran, Loben Jagaryan, a été interrogé par la presse iranienne au sujet des déclarations de son ministre, il a expliqué qu’il n’y avait ni alliance ni accord militaire entre l’Iran et la Russie, et donc ils ne pouvaient être qualifiés d’alliés. L’ambassadeur a ajouté que l’Iran et la Russie étaient des partenaires importants.
Dans ce contexte, et devant la multiplication des activités anti-régime en Iran, le ministre iranien des Technologies de l’information et des communications, Mohammed Javad Azari Jahromi, a annoncé le 3 février 2019 que trois chercheurs du Centre de recherche spatiale iranien (ISRC) avaient été tués lors d’un mystérieux incendie. Selon ce ministre, l’incident s’est produit dans la section des laboratoires de transport du centre de recherche.
Ruhollah Zamani, responsable de la sécurité au Centre de recherches spatiales, a confirmé l’incident et a précisé que les circonstances de l’incendie n’étaient pas encore claires, mais il est possible que le feu se soit déclenché près d’une zone de stockage d’ordures à proximité d’un chantier en construction.
Ces explications n’ont pas convaincu les internautes et blogueurs iraniens qui avaient moqué l’idée selon laquelle « personne n’avait remarqué un incendie dans lequel trois chercheurs de l’institut secrèt du pays sont morts ».
Il convient de noter que deux semaines plus tôt, l’Iran avait expérimenté le lancement d’un satellite Payam avec un missile iranien Simorgh, mais le missile a échoué et s’est écrasé dans l’océan Indien.
Au lendemain de l’expérience manquée, le responsable du Centre de recherche spatiale iranien a déclaré que ses chercheurs poursuivraient leurs efforts pour lancer prochainement d’autres satellites.
Des sites en langue farsi s’identifiant aux opposants du régime iranien n’ont pas exclu la possibilité que l’incendie au Centre de recherche spatiale ait été délibéré.
40 ans après la révolution islamique, le régime des Ayatollahs est en perte de vitesse
Soulignons qu’en janvier 2019, deux attaques terroristes ont été perpétrées en Iran par des mouvements d’opposition sunnites (Armée de la justice – Jaish ul-Adl ) et arabes (Mouvement de lutte arabe pour la libération d’Ahvaz, ou ASMLA). Ces deux mouvements d’opposition, ainsi que d’autres organisations d’opposition, ont intensifié leurs attaques contre les forces de sécurité du régime iranien au cours des derniers mois, ainsi contre les infrastructures énergétiques et économiques du régime.
Le 29 janvier 2019, dans la ville de Zahedan (située à proximité du point de passage des frontières entre l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan), capitale de la province du Sistan-et-Baloutchistan, des militants de l’armée de la Justice, ont lancé des charges d’explosifs contre le poste de police local utilisé par des membres des services de renseignement et des gardiens de la révolution iranienne. Les médias iraniens ont signalé qu’au moins quatre personnes avaient été blessées parmi les forces de police de la région. Elles ont apparemment été blessées lorsqu’elles ont tenté de neutraliser l’un des explosifs. Selon l’organisation, la deuxième charge explosive avait explosé lorsque des forces supplémentaires sont arrivées dans la région à la suite de l’explosion de la première bombe.
Le 15 octobre 2018, l’armée de la Justice a enlevé 14 membres des forces de sécurité iraniennes dans la province de Sistan et Baluchestan et les a transférés dans un lieu secret au Pakistan. Un mois plus tard, le commandant des Pasdarans a annoncé que cinq de ces captifs avaient été libérés par les forces de sécurité pakistanaises. L’Iran poursuit ses efforts pour libérer les autres otages.
Le 6 décembre 2018, un kamikaze d’Ansar Al-Furqan a fait exploser un véhicule piégé près du quartier général de la police dans l’unique ville portuaire d’Iran, Chabahar. Cette ville revêt une grande importance économique et a même obtenu une dérogation aux sanctions imposées à l’Iran par les États-Unis pour permettre le commerce entre l’Inde et les pays d’Asie centrale, ainsi que pour transférer l’aide et les marchandises internationales en Afghanistan.
Le 26 janvier, le Mouvement de lutte arabe pour la libération d’Ahvaz a pris la responsabilité d’une attaque contre un véhicule de police à Bandar-el Emam Khomeyni, dans la province du Khuzestan, dans le sud-ouest de l’Iran, tuant deux policiers. Le régime iranien a accusé les membres de cette organisation d’avoir attaqué (en septembre 2018) un défilé militaire dans la ville d’Ahvaz, au cours duquel 25 personnes ont été tuées et 12 autres blessées. Daesh a également assumé la responsabilité de cette attaque.
L’Iran considère que le Mouvement de la lutte arabe pour la libération d’Ahvaz est une organisation terroriste. Le 8 novembre 2017, les services de Renseignement iranien ont assassiné son dirigeant et fondateur, Ahmad Mola Nissi, près de son domicile à La Haye. Les Pays-Bas ont récemment accusé l’Iran de l’avoir assassiné et l’Union européenne a même imposé des sanctions.
Depuis que les États-Unis ont réimposé les sanctions à l’Iran, des groupes d’opposition sunnites (dont certains sont affiliés à l’Etat islamique) et des séparatistes arabes (dont la plupart sont des chiites, qui représentent plus de 30% de la population du Khuzestan) se sont employés à se libérer du joug de « l’occupation iranienne ». Ils ont mieux fait connaître leurs activités, apparemment pour provoquer la désobéissance civile tout en tirant parti de la détérioration de la situation économique.
Les attaques terroristes visent principalement les membres des forces de sécurité iraniennes, les infrastructures énergétiques et les institutions financières (banques) du Khuzestan. Jusqu’à présent, le régime avait réussi à traiter ces menaces principalement par des arrestations et des assassinats – mais si elles devenaient plus fréquentes et causaient des dommages financiers importants, le régime pourrait se trouver confronté à une détérioration de la situation économique causée par les sanctions américaines. Elles visent principalement des provinces ethniques et religieuses, celle de la minorité sunnite dans la province Sistan- Baloutchistan et celle de la minorité arabe du Khuzestan.
JCPA-Le CAPE de Jérusalem
Pour citer cet article
JCPA-CAPE de Jérusalem, « L’industrie de l’armement des ayatollahs et la déstabilisation du régime islamique », Le CAPE de Jérusalem, publié le 11 février 2019 : http://jcpa-lecape.org/industrie-armement-des-ayatollahs-et-la-destabilisation-du-regime-islamique-iran/
Illustration de couverture : la nouvelle génération de missiles balistiques Khorramshahr.
NB : Sauf mention spéciale, toutes les illustrations sont libres de droits.