Désormais, des représailles contre les bases terroristes sont compliquées
Suite aux attentats terroristes du 18 août dernier perpétrés le long de la frontière avec l’Egypte, et coûtant la vie à huit israéliens, des représailles étaient justifiées mais le gouvernement israélien a choisi pour plusieurs raisons la politique de la retenue.
Depuis la chute de Moubarak, la situation en Egypte demeure fragile, alors que le pays est gouverné par un Conseil militaire suprême dirigé par le général Tantawi.
Une opération militaire, légitime soit-elle, aurait pu être exploitée par la confrérie des Frères musulmans pour saper le nouveau régime et même menacer son effondrement.
Dans ce contexte, le gouvernement égyptien aurait pu répondre aux appels de la rue égyptienne en vue d’annuler le Traité de paix signé entre les deux pays. Cependant, Israël a réagi en liquidant les dirigeants des Comités de résistance populaire, responsables des attentats terroristes, mais n’a pas lancé une opération de grande envergure contre l’arsenal de roquettes dans la bande de Gaza lancées contre les villages et les villes israéliennes.
En effet, la réponse israélienne a servi une fois encore à rappeler les contraintes et les marches de manœuvres limitées de tout gouvernement israélien face aux actes terroristes perpétrés depuis la bande de Gaza.
Lorsqu’en 2005, l’ancien Premier ministre, Ariel Sharon, a conçu son plan de désengagement, ses conseillers militaires lui ont surement dit que si des attaques terroristes seront lancées après ce retrait, il serait pleinement justifié et légitime d’y répondre avec toute la puissance de Tsahal. D’ailleurs, des avis ont été entendus sur ce sujet et notamment par des officiers de réserve parlant de la mobilité des unités et leur capacité d’intervenir rapidement en territoire ennemi en glorifiant l’effet de dissuasion efficace même après un retrait sur des frontières problématiques.
La réalité en général et sur le terrain est tout autre et beaucoup plus compliquée.
Tsahal avait toutes les raisons de mener une vaste opération anti-terroristes dans la bande de Gaza dans l’année qui a suivi le désengagement, puisque les attaques contre les villages israéliens n’avaient pas diminué même après le départ de ses derniers soldats. En fait, les tirs de roquettes sur Israël ont augmenté de plus de 500 pour cent en une seule année soit de 179 roquettes à 946 en 2006.
Et pourtant, le gouvernement israélien n’a pas réagi par des opérations foudroyantes et ainsi la dissuasion s’est érodée.
Depuis 2005, trois principaux facteurs ont contribué à freiner les réactions israéliennes. La première contrainte demeure dans les évolutions régionales qui sont toujours à prendre en considération. Aujourd’hui, ce sont les relations futures avec l’Egypte et en particulier les intentions de détourner l’attention du monde arabe loin de ses préoccupations actuelles de mettre fin à la brutalité du régime Assad et ainsi remettre à l’ordre du jour la question palestinienne. Un tel changement jouerait en faveur de l’Iran qui souhaite préserver le pouvoir de son allié, Bachar al-Assad.
La deuxième contrainte est celle de la réaction internationale qui a toujours tendance à accuser Israël sans toutefois condamner les terroristes qui ont provoqué les représailles. Durant le mandant du président Bush, dont la vision du monde a été modelée après les attentats du 11 septembre 2001, voilà déjà une décennie, les réactions israéliennes furent plus ou moins compréhensives. Les affaires se sont compliquées depuis l’avènement de Barak Obama à la Maison Blanche bien que lui-même a intensifié le combat contre les terroristes dans des pays comme le Pakistan. Toutefois, Obama a mis surtout l’accent sur le consensus international autour du Proche-Orient, et le résultat de cette approche a offert plus de poids aux Européens quant à leur politique à l’égard d’Israël.
Enfin, le troisième facteur est celui de la leçon tirée du rapport Goldstone accusant faussement Israël d’avoir commis des crimes de guerre, comme le meurtre délibéré de civils palestiniens. Bien que Richard Goldstone s’est rétracté des conclusions principales, son rapport a néanmoins porté fortement préjudice et Israël a subi des épreuves très difficiles suite aux diverses résolutions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et au sein de l’Assemblée générale. Cela a illustré les complications politiques dans toute intervention quoique légitime dans un territoire surpeuplé et contre des organisations terroristes responsables de la mort de nombreux civils israéliens.
La leçon des expériences du passé est qu’Israël devrait s’abstenir de se mettre dans une situation selon laquelle sa propre sécurité et ses capacités de contrer les menaces contre ses citoyens reposeraient sur la possibilité de pénétrer dans des territoires dont il s’est retiré précédemment.
Aujourd’hui encore, certains suggèrent de se retirer de la vallée du Jourdain, puisque Tsahal y pourrait revenir dans cette zone dans le cas où une nouvelle menace émergeait du front oriental. Compte tenu de l’incertitude totale quant à la stabilité future de nombreux régimes de la région, ce serait une erreur dangereuse de fonder notre système de défense sur cette hypothèse. Dans tous les cas, et dans tous les accords futurs de paix, Israël devrait conserver des zones sécuritaires vitales en Judée et Samarie.