Dans une période d’incertitude défendons nos principes

Dans le contexte des bouleversements au Moyen-Orient et au Maghreb et en dépit du renforcement de la présence des « Frères Musulmans » dans les pays arabes, les pressions exercées sur Israël pour abandonner ses  principes et faire des concessions aux Palestiniens augmentent chaque jour. Par conséquent l’importance de se doter de frontières défendables devient une nécessité absolue.

Israël traverse une période très difficile et jusqu’à la fin de cette année il devra tenir ses  principes et réagir aux pressions régionales et internationales qui parfois sont complètement contradictoires.

Les soulèvements dans le monde arabe commencent à susciter des inquiétudes profondes au sein des observateurs occidentaux quant à la réalité du « lendemain ». Le 22 mars dernier, le secrétaire à la Défense Robert Gates dans une interview au « Washington Post » déclare : « je pense que nous sommes conscients au fait que les résultats ne sont pas connus par avance, ce n’est pas évident que la fin sera la meilleure…nous tâtons dans l’obscurité  et personne ne sait quelles seront les conséquences. »

Si nous appliquons la logique de Gates concernant Israël, nous constatons  également une incertitude stratégique complète sur l’avenir du Moyen Orient, ce qui en exige une grande prudence avant de prendre un engagement sur un retrait éventuel de nos forces.

Par contre, certains et des prtendants amis  exigent d’Israël d’accélérer le processus de paix en proposant de nouvelles concessions.

Le mois dernier, la Grande Bretagne, la France et l’Allemagne ont exercé des pressions sur l’ONU et sur la Communauté européenne – deux  membres du Quartet, dans l’espoir qu’un soutien international aux exigences clé palestiniennes encouragerait Mahmoud Abbas de reprendre les pourparlers. Le cadre proposé sera étudié probablement à la prochaine réunion du quartet le 15 avril prochain.

Trois pays européens font valoir que les parties doivent parvenir à un accord sur les frontières, basé sur les lignes d’avant juin 1967. Cette position vise à définir d’avance les résultats des négociations et le prix qu’il faudrait payer afin d’amener les Palestiniens à la table des négociations. L’hebdomadaire britannique « The Economist »a signalé le 17 mars denier que la pression grandissante sur Israël est coordonnée avec la Maison Blanche.

Bien qu’il soit difficile de déterminer à ce stade les conséquences des soulèvements qui se manifestent dans le monde arabe, quelques tendances commencent déjà à s’éclaircir.

Premièrement, il semble que la confrérie des Frères musulmans  a subi dernièrement un processus de radicalisation et réussit à cumuler des forces dans la région. En Egypte, et contrairement au profil bas qu’elle a maintenu autour du renversement du Président

Moubarak,  elle avance dans le sens d’acquérir le pouvoir. Les jeunes laïcs égyptiens qui semblaient diriger le soulèvement place  Tahrir, sont moins influents aujourd’hui. Certains observateurs estiment que « les Frères musulmans » sont parvenus à des accords discrets  avec l’armée égyptienne. Ainsi, lorsque le nouveau Premier ministre, Issam Sharaf, s’est rendu sur cette place, un membre influent du mouvement était à ses côtés.

En Jordanie, le Premier ministre Marouf-Bakhit, a accusé  les « Frères musulmans » de son pays d’avoir encouragé des manifestations en coordination avec leurs confrères d’Egypte et de Syrie. Une affirmation confirmée par le chef local, Hamann Saïd, et qui revendique le droit des « Frères musulmans» de Jordanie à rencontrer ces homologues d’Egypte et de Syrie.

Le 25 mars dernier, CNN a rapporté que des dirigeants libyens en exil, membres des « Frères musulmans » ont quitté Londres pour Benghazi, dans le but d’assurer leur participation à un gouvernement élu de transition après la chute de Kadhafi.

Le dirigeant des rebelles libyens a avoué que certaines troupes qui combattent contre Kadhafi sont composées des membres du djihad qui ont lutté contre les forces américaines en Irak aux côtés d’Al Qaïda.

Même si les Frères musulmans et les divers groupes islamiques n’arriveront pas au pouvoir dans un premier stade, il ne fait aucun doute qu’ils feront partie des coalitions politiques futures. Parallèlement au processus de radicalisation et accumulation des forces, la confrérie islamique  fera tout de son pouvoir pour inciter les pays voisins d’Israël, à provoquer l’escalade et apporteront un soutien non négligeable à une action militaire future contre l’Etat juif.

La nouvelle vague des protestations contre les régimes arabes compliquent aussi le contrôle sur des régions vastes et désertiques.

Dans de nombreuses régions le vide produit a été  facilement comblé par des organisations telles qu’Al Qaïda. Ce processus est éloquent au Yémen, mais semble aussi s’instaurer clairement en Egypte, en particulier dans la péninsule du Sinaï, où les bédouins sont considérablement influés par Al Qaïda et le Hamas.

Durant la guerre en Irak, Al Qaïda a tenté d’établir des positions dans la ville jordanienne Irbid mais les forces de sécurité jordaniennes ont réussi à relever le défi, mais pourrions-nous être certains que cela se produira dans l’avenir ?

A l’ère d’une incertitude croissante, Israël devrait réagir en tenant uniquement compte de la réalité sur le terrain. Il ne peut prendre des mesures qu’en obtenant de simples garanties.

Personne ne pourra nous garantir que les régimes arabes situant à l’Est d’Israël existeront dans deux, cinq ou dix ans. On ne peut non plus dénier la possibilité que des groupes islamiques extrémistes remplaceront  les régimes des pays limitrophes.

Un retrait israélien complet de Cisjordanie, aux lignes d’avant juin 1967,  non seulement divisera Jérusalem en deux, mais nous laissera sans la vallée du Jourdain. Celle-ci sert de tampon géographique et stratégique et elle permet une défense efficace contre toutes les menaces. Cette barrière est existentielle.

Certes, Israël a la possibilité de se défendre contre toute menace mais sa plus grande vulnérabilité sera sans doute si elle  renonce un jour aux frontières défendables suite à des pressions extérieures.