Armes iraniennes au Hezbollah : enjeux et risques
Un haut responsable israélien a expliqué à Mark Landler du New York Times que son gouvernement était déterminé à empêcher le transfert d’armes sophistiquées au Hezbollah. Par ce geste exceptionnel, et tout en gardant l’anonymat, le responsable israélien a affirmé que toute riposte de la part du président syrien Bachar el-Assad contre Israël, quelle soit directe ou par le biais d’une autre force, risquerait de faire perdre le pouvoir à Assad.
La politique israélienne visant à empêcher l’approvisionnement d’armes modernes au Hezbollah n’est pas nouvelle et à maintes reprises la marine de Tsahal a intercepté au large de la Méditerranée des navires transportant de l’armement iranien. Selon des sources américaines, Israël a concentré récemment ses efforts, principalement en territoire syrien. Il est évident que les Syriens ne souhaitent pas que certaines armes sophistiquées tombent dans les mains de groupes extrémistes sunnites liés à Al-Qaïda, telle que la force Jabhat al-Nosra. Toutefois, nous constatons que l’Iran est déterminé à sauvegarder son emprise sur la Syrie, considérée par les ayatollahs comme la « 35ième province de l’Iran ». Dans le cas où Assad tombait, l’Iran ferait tout ce qui est en son pouvoir pour intervenir. Il a déjà déployé sur le sol syrien ses propres forces au sein des Gardiens de la révolution et prévoit de former une armée expéditionnaire composée du Hezbollah libanais et d’autres milices chiites.
Des responsables israéliens ont souvent déclaré que la fourniture de nouvelles armes modernes et non conventionnelles au Hezbollah ne sera plus tolérée. Les généraux de l’état-major de Tsahal avaient même énuméré le type d’armements classés au-delà des lignes rouges :
-Les armes chimiques ;
– Les missiles iraniens équipés d’ogives de 600 kg, tel que le Fatah 110. Durant la Seconde guerre du Liban, le Hezbollah avait utilisé des roquettes transportant des ogives de 30 kg seulement ;
– Des missiles de longue portée et anti-aériens fabriqués en Russie, tels les SA-17, lancés à partir de rampes mobiles et pouvant limiter la liberté d’action de l’aviation israélienne. Jérusalem est particulièrement préoccupée par les intentions de Moscou de livrer des missiles S-300, mais à ce stade il n’y a aucune indication que le Hezbollah pourra les utiliser ;
– Des missiles de croisière supersonique Yakhont d’une portée de 300 km et équipés de puissants radars, capables d’attaquer nos sites offshore de gaz naturel en Méditerranée. Lors de sa prestation devant le Comité des services interarmées au Sénat, le général Ronald L. Burgess a souligné que le missile Yakhont est une réelle menace pour la marine américaine en particulier en Méditerranée orientale.
Rappelons qu’à la fin de la Seconde guerre du Liban, les Etats-Unis et la France avaient rédigé un texte, adopté à l’unanimité le 11 Août 2006 au Conseil de sécurité de l’ONU. Soulignons que la Résolution 1701 avait obtenu le soutien des Russes et des Chinois. Selon l’article 15 de cette résolution il est interdit à tous les Etats membres de l’ONU de s’engager dans « la vente ou la fourniture de matériel militaire à toute entité ou individu installé au Liban ».
En d’autres termes, le transfert d’armes iraniennes au Hezbollah constitue une violation flagrante d’une décision du Conseil de sécurité des Nations unies. D’ailleurs, le même Conseil de Sécurité avait adopté la résolution 1559, qui appelait également à la dissolution et au désarmement de toutes les milices libanaises et non-libanaises sur le sol libanais.
En outre, le paragraphe 5 de la résolution 1747, adoptée le 24 Mars 2007, concernant les sanctions contre l’Iran, stipule expressément que « l’Iran ne doit fournir, vendre ou transférer, directement ou indirectement, à partir de son territoire ou par l’aide de ses ressortissants, de ses navires ou de ses avions, des armes ou du matériel à des fins militaires. Tous les États devront aussi interdire l’acquisition de ce matériel auprès de l’Iran. »
La résolution 1747 a été adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies et elle est donc considérée à l’ONU au plus haut niveau de gravité juridique.
En prenant des mesures préventives adéquates, Israël a donc agi conformément à ses propres intérêts défensifs, mais également en adéquation avec les décisions successives de la communauté internationale. Malheureusement, l’ONU n’a jamais appliqué efficacement ses propres résolutions, et donc Israël se trouvait dans l’obligation d’agir en légitime défense.
L’Iran continue à ignorer et à violer systématiquement les résolutions de l’ONU. Jérusalem a obtenu un fort soutien de la part des États-Unis et de la Grande-Bretagne, justifiant sa position contre les livraisons d’armes iraniennes au Hezbollah. En dépit des critiques de certaines chancelleries contre la politique israélienne, il est évident que la communauté internationale a échoué dans son entreprise à l’égard de l’Iran.
Dore Gold
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