A la veille d’un Iran nucléarisé- les dangers et les enjeux

Le report d’une action militaire américaine contre l’Iran causera des implications dramatiques à l’Etat juif car une attaque de la ” dernière minute” contre un Iran nucléarisé pourrait porter un lourd tribut aux Etats Unis et nuire à ses relations avec les pays du Golfe persique.

Comme nous l’avons indiqué auparavant la différence essentielle entre Israël et les Etats Unis est que Washington souhaite patienter  longtemps jusqu’au jour où elle définira la réalité sur le terrain et utilisera sa force militaire pour éliminer le programme nucléaire iranien. Les Etats-Unis peuvent se le permettent en raison de leur suprématie écrasante de leurs forces aériennes par rapport à l’aviation israélienne, et dans cette hypothèse l’Iran ne pourra  plus protéger ses installations nucléaires contre les bombardiers B-12.

Dernièrement, le chef d’état-major américain le général Martin Dempsey a déclaré aux journalistes qui l’accompagné en Afghanistan: “Israël considère la menace iranienne beaucoup plus sérieusement que les Etats Unis, car un Iran nucléarisé est une menace existentielle pour l’Etat d’Israël.” Les Etats Unis peuvent aussi attendre car ils sont convaincus d’obtenir au moment voulu les renseignements nécessaires pour affirmer que l’Iran a franchi le seuil nucléaire.

Au mois de mars dernier, le président Barack Obama  avait déjà déclaré au journaliste Jeffrey Goldberg du journal Atlantic: ‘l’Iran ne possède pas d’arme nucléaire et n’est pas en position d’en acquérir sans nous laisser le temps de savoir qu’il essaye de le faire”. Le président Obama suppose que tant que Téhéran n’a pas expulsé les inspecteurs de l’AIEA et éteint les projecteurs et les caméras, mesure qui sera prise probablement en  dernière étape du processus de nucléarisation, à savoir “percée nucléaire”, les Etats Unis n’envisageront pas d’utiliser leur force contre l’Iran.

Bien qu’il ne l’ait pas souligné explicitement, le président Obama n’a pas exclu la possibilité que dans les mois à venir l’Iran poursuivra de plus belle son projet. Selon cette logique, Téhéran pourra peut être face à des sanctions et à des pressions diplomatiques, mais tant qu’elle n’a pas vraiment franchi le seuil nucléaire, elle n’aura pas à confronter une attaque américaine.

Le fait que les Etats Unis se résignent avec une situation qui prouve que l’Iran se trouve “au seuil nucléaire”, permet à l’Iran de démanteler progressivement les alliances que les Etats-Unis ont tissées au Proche- Orient.

Sur ce point et déjà en 2010, l’ancien Secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a mis en garde le fait accompli de la politique iranienne selon laquelle il est nécessaire d’aboutir au “seuil nucléaire” mais ne pas fabriquer une bombe, les Etats Unis n’auraient aucun moyen de le savoir en temps réel, précise t-il.  Soulignons que l’Iran a déjà tenté de raccourcir la procédure pour pouvoir atteindre ce seuil, et ainsi accroitre  encore plus le défi des services des renseignements.

C’est clair, en produisant une quantité croissante d’uranium enrichi à 20%, Téhéran raccourci de moitié le temps nécessaire pour enrichir de l’uranium à 90% a des fins militaires.

Actuellement, et jusqu’au printemps prochain, le stock de l’uranium enrichi à faible niveau suffirait pour composer au moins huit bombes atomiques, au moment où cet uranium subira un enrichissement supplémentaire.

Selon les rapports de l’AIEA, l’Iran a déjà adapté ses ogives de missiles Shahab 3 de la sorte qu’ils puissent porter une arme nucléaire à une distance de 1300 kms. Toutefois, nous ne savons pas quel est le  rythme de leur production et adaptation. Cependant, la production d’armes nucléaires en laps de temps court de quelques semaines  permettra à l’Iran d’aboutir au seuil de sa capacité nucléaire. Ce procédé est très dangereux pour des raisons évidentes car une fois que la percée nucléaire est franchie  l’Iran pourrait construire rapidement et sans difficulté majeure un arsenal nucléaire considérable.

Au fil que le temps passe, plusieurs pays en particulier ceux du Golfe, concluront que les Etats-Unis n’agiraient pas contre l’Iran malgré toutes les menaces. Cette situation néfaste  pourra conduire à la désintégration du système des alliances américaines dans la péninsule arabe. Pour exemple, les Qataris commencent depuis quelques temps  à s’interroger sérieusement sur la volonté des Etats  Unis de faire face au défi iranien. Ainsi, le Qatar a modifié sa politique envers Washington et a adopté une ligne d’orientation pro-iranienne dans le but, probablement, de se défendre. Dans ce contexte, les tensions avec les Etats-Unis pourront s’étendre également à l’Arabie saoudite et à d’autres pays du Golfe, ce qui provoquerait entre-autres une hausse des prix du pétrole dans le cadre de l’OPEP.

En janvier 2012, la secrétaire d’Etat, Hilary Clinton, avait déclaré devant le Congrès américain que les Etats Unis s’opposent  à ce que l’Iran possède la capacité de produire une arme nucléaire. Comment donc les Etats Unis pourront t-ils traduire cette ferme position dans la pratique, le jour où la Maison Blanche sera consciente du fait que la diplomatie se trouve dans une forte impasse?!