Vers une escalade du Hezbollah ?
Pour la première fois depuis la Seconde guerre du Liban de l’été 2006, le Hezbollah revendique sa responsabilité dans un attentat commis le 7 octobre dernier contre les forces israéliennes dans la région des fermes de Chebba, à la frontière israélo-syro-libanaise. Deux soldats de Tsahal ont été blessés lors de cette embuscade.
Le Hezbollah a précisé que l’attaque avait été réalisée par l’unité militaire Shahid Hassan Ali Haydar, du nom d’un ancien expert en explosifs, tué le 5 Septembre 2014 en essayant de désamorcer plusieurs engins reliés au réseau de télécommunications du Hezbollah au sud Liban.
Suite à cet incident, le Hezbollah a voulu passer un message précisant qu’il ne permettrait plus à Israël d’agir librement au Liban et que tous se trompaient s’ils pensaient que la milice chiite était si préoccupée dans la guerre civile en Syrie qu’elle ne pouvait réagir aux « provocations israéliennes ». Le Hezbollah a donc tenu à préciser à Israël, et non moins important, à ses fidèles militants au Liban, qu’il pourrait combattre sans difficultés sur deux fronts à la fois, et que le Djihad contre les « Sionistes » demeurait sa raison d’être.
C’est dans ce contexte que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, revendique la responsabilité de l’attaque du 7 octobre dernier. Selon lui, la zone des fermes de Chebba est contrôlée injustement par Israël car elle est considérée comme territoire libanais par le Hezbollah, et donc il est légitime d’y attaquer les Israéliens. Il convient de souligner que lorsqu’Israël s’est retiré unilatéralement du Liban en mai 2000, le Conseil de Sécurité de l’ONU avait approuvé la ligne de démarcation du retrait de Tsahal. Donc, depuis plus de 14 ans Israël n’occupe aucune parcelle du territoire libanais.
Le Hezbollah souhaite actuellement rétablir un équilibre de dissuasion face à Israël. Dans ce « nouvel équilibre », le Hezbollah signale qu’il répondra par la force à toute action israélienne contre le Liban.
De nombreux officiers de Tsahal, dont le chef d’état-major Benny Gantz, ont lancé récemment des avertissements concernant les possibilités d’une nouvelle escalade au nord du pays, ainsi que sur capacités du Hezbollah de lancer des missiles contre l’Etat Juif et sur ses intentions d’envahir la Galilée.
Certains pensent même que l’intervention militaire du Hezbollah en Syrie serait bénéfique pour la milice chiite car ses forces seraient désormais mieux expérimentées pour affronter une guerre contre Israël.
La machine de propagande bien huilée du Hezbollah exploite à fond les citations d’officiers supérieurs de Tsahal et veut y voir une crainte d’Israël de se confronter au mouvement chiite.
Soulignons que l’intervention du Hezbollah en Syrie a causé de nombreux morts dans ses rangs, en particulier dans les combats qui l’ont opposé à Jabha al Nosra. Ce groupe terroriste anti-Assad a filmé ses combats et montré à travers ces images que le Hezbollah avait perdu plusieurs bastions dans la zone frontalière entre la Syrie et le Liban. D’autres images montrent de nombreux corps de combattants du Hezbollah jonchés sur le champ de bataille, prouvant aux yeux du monde que le Hezbollah n’est pas si courageux qu’on le pensait.
Ces images de défaite menacent de briser le mythe du Hezbollah, celui d’un d’un mouvement chiite toujours triomphant. Depuis lors, s’inscrit la dernière revendication du 7 octobre contre Tsahal. Pour la première fois depuis huit ans, les Iraniens ont accordé leur consentement pour focaliser l’attention sur l’Etat Juif.
Il semble qu’à ce stade ni l’Iran ni le Hezbollah ne soient intéressés à changer l’équilibre des forces avec Israël. La retenue de Hezbollah provient principalement d’une décision stratégique iranienne et ne concerne pas directement la dissuasion israélienne.
La politique de l’Iran sur l’utilisation de la force par le Hezbollah est destinée à dissuader Israël d’attaquer les installations nucléaires iraniennes. Si Israël devait un jour attaquer l’Iran, la puissance de feu du Hezbollah sera immédiatement activée sans même obtenir préalablement un ordre précis et direct de l’Iran.
Shimon Shapira