Non, les ripostes de l’armée israélienne ne sont pas disproportionnées

 

wikipedia-dore-gold3Depuis plusieurs jours nous entendons la même rengaine. Des mots rabâchés sur les images de destruction provoquées par la bataille qui oppose Tsahal au Hamas dans le quartier de Chajaya, situé dans la bande de Gaza. Certains observateurs critiquent la conduite de l’armée israélienne qui utilise selon eux une « force excessive ». D’autres accusent l’Etat juif de violer les lois de la guerre, en particulier la doctrine de la proportionnalité. Ces accusations n’ont aucun fondement sur le terrain.

Chajaya n’est pas un quartier paisible de Gaza, mais un bastion militaire du Hamas. Le mouvement palestinien a choisi de creuser un réseau complexe de bunkers et de tunnels sous cette zone civile surpeuplée pour y fabriquer et y stocker des missiles et des roquettes et les lancer sur les villes israéliennes. Le Hamas a agi de la sorte précisément pour obliger Tsahal à se battre dans ces conditions et pour encourager la condamnation d’Israël par la communauté internationale.

Les nombreux tunnels d’attaque qui ont été découverts en territoire israélien ont été creusés justement depuis le quartier de  Chajaya. C’est à partir de là que les combattants du Hamas entraient dans les tunnels puis qu’ils traversaient sous terre la clôture frontalière pour s’infiltrer en territoire israélien et mener leurs attaques contre notre population. Les mères de ces villages israéliens vivaient un cauchemar quotidien. Elles craignaient à chaque moment que des terroristes n’émergent des tunnels pour enlever leurs enfants et les emmener en otages dans la bande de Gaza. Un cauchemar qui s’est avéré être d’un réalisme terrifiant après qu’on a découvert dans ces tunnels des menottes et des tranquillisants…

Dans cette situation intenable, comment Israël devrait agir et se défendre sans pour autant être accusé de violer le « principe de proportionnalité » ?

Pour résoudre les problèmes si complexes et sensibles de Chajaya et des autres quartiers de Gaza, Israël avait le choix entre trois options. La première était de recourir à la puissance aérienne, en ignorant les dommages collatéraux, comme les bombardements des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, ou ceux de l’OTAN au Kosovo, en 1999, qui avaient détruit en trois mois plus de 40 000 maisons.  Cette option n’a jamais été envisagée par l’armée israélienne.

La deuxième option était de laisser faire le Hamas et de lui permettre de renforcer ses capacités militaires en toute impunité. Une telle décision aurait accordé au mouvement islamiste le « droit de tuer » aveuglement nos citoyens. Aucun gouvernement israélien – aucun  Etat démocratique responsable – n’aurait toléré pareille situation .

Finalement, Israël a pris la décision  de séparer, autant que possible, la population civile palestinienne des combattants et des installations terroristes du  Hamas qui se trouvent en son sein. Pour ce faire, plusieurs mesures préalables ont été prises, dont des demandes à la population palestinienne d’évacuer les zones ciblées. Des tracts en langue arabe ont été largués, des messages téléphoniques et des appels radio avaient précisé les itinéraires de fuite, tandis que des drones israéliens survolaient la zone pour s’assurer du départ des familles. Le Hamas a empêché la population locale de suivre nos directives et de quitter ses foyers. L’un de ses porte-parole, Sami Abou Zouhri, est apparu sur les écrans de la télévision palestinienne et a appelé tous les Gazaouis à servir de boucliers humains contre les attaques aériennes israéliennes. Les chefs du Hamas ont empêché par des moyens abjects la fuite des habitants en piégeant des centaines de maisons et d’appartements, espérant ainsi éviter une incursion terrestre israélienne dans des quartiers comme Chajaya. Cette stratégie ignoble du Hamas a évidement amplifié les dégâts collatéraux et les destructions. Soulignons que le mouvement islamiste utilise les écoles de l’UNRWA pour stocker des roquettes et des explosifs, en violant le principe même du statut de la protection des installations onusiennes.

Il convient de rappeler que la proportionnalité a un sens très précis en Droit international : elle correspond au calcul que chaque commandant militaire doit faire sur le terrain face à une population civile environnante. Toute personne se plaignant de «disproportion» devrait  nous expliquer ce que l’armée israélienne aurait dû faire pour neutraliser la menace terroriste de Chajaya tout en causant le moins de dégâts possible.

Toute guerre déclenchée entre une démocratie assiégée, comme Israël, et une organisation terroriste, telle que le Hamas, produit inévitablement des asymétries. Israël a fortement investi dans la défense de sa population, notamment par des abris antiaériens ainsi que par le système  antimissile connu sous le nom de “Dôme de fer”. Le Hamas, lui, a préféré que les milliards de dollars qu’il a reçus du Qatar et de l’Iran soient investis dans la construction de tunnels d’attaque et la fabrication d’un arsenal considérable de missiles. Le ciment doit être destiné aux écoles de Gaza et non aux tunnels terroristes!

Bien que le Hamas ait refusé à sept reprises d’appliquer la trêve, Israël a pris l’initiative d’un redéploiement de ses forces. La reconstruction des infrastructures à Gaza devrait être liée à une véritable démilitarisation comme le souhaitent les Etats-Unis et l’Union européenne.

Tandis que le Hamas choisit de sacrifier la vie de sa propre population pour tenter d’atteindre ses objectifs extrémistes, on accuse, comme de coutume, Israël d’être responsable de ses calamités par une conduite « disproportionnée ». C’est bien le comble !

Dore Gold est ancien ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies. Il est aujourd’hui  président du CAPE de Jérusalem et conseiller diplomatique du Premier ministre Benjamin Nétanyahou

Cet article est paru le 5 août 2014 dans la rubrique “Débats, Opinions et Controverses” du Figaro.