Nasrallah ne souhaite pas une nouvelle guerre civile
Des violences meurtrières à Beyrouth ont causé récemment la mort de sept membres du Hezbollah et d’Amal et en a blessé une soixantaine. Cela s’est passé en plein jour lors de tirs pendant une manifestation organisée à Beyrouth par les mouvements chiites Hezbollah et Amal pour exiger le limogeage du juge, Tarik Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion survenue en août 2020 dans le port de la capitale libanaise.
Le parti chrétien des « Forces libanaises », dirigé par Samir Geagea fut mis sur la sellette et accusé de provocation, tandis que le Hezbollah a préféré maitriser l’incident pour empêcher tout acte de représailles ou de vengeance.
La décision du mouvement chiite libanais a été prise conjointement avec l’Iran pour éviter l’escalade et détériorer la situation en une nouvelle guerre civile. Le Hezbollah a aussi autorisé l’armée libanaise à déployer ses forces dans certains quartiers de Beyrouth.
Mohammad Raad, chef de la représentation du Hezbollah au parlement libanais a précisé : « le Hezbollah ne sera pas entraîné dans une guerre civile et ne menacera pas la paix civile car ce sera Israël qui profitera de la situation pour envahir une fois le pays. »
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait accusé Samir Geagea d’essayer d’entraîner le Liban dans une guerre civile qui conduirait à des changements démographiques et à la création de cantons chrétiens sous son contrôle. Nasrallah a clairement indiqué que le Hezbollah n’avait pas répondu à la tentative de l’entraîner dans la guerre civile. Il a accusé Geagea d’être le plus grand danger pour les chrétiens, soulignant que le Hezbollah n’était pas l’ennemi des chrétiens. Selon lui, c’est bien injuste parce que le Hezbollah a soutenu les chrétiens en Syrie, les a aidés dans la guerre contre l’Etat islamique et le Front Al-Nusra, et a sacrifié ses combattants d’élite dans ces batailles.
Nasrallah a précisé qu’après le retrait d’Israël du Liban le 1er mai 2000, le Hezbollah avait empêché ses combattants et ceux appartenant au mouvement Amal d’entrer dans les villes chrétiennes du sud du Liban. Selon lui, mêmes les collaborateurs de « l’ennemi israélien » ont été remis à l’armée libanaise pour éviter des tensions entre musulmans et chrétiens.
Nasrallah a révélé que le Hezbollah dispose d’une force militaire de 100 000 combattants organisées et équipées des meilleures armes non pour combattre contre nos compatriotes mais pour « pour défendre notre terre, notre pétrole et notre gaz, pour protéger la dignité et la souveraineté du Liban de toute agression et terrorisme » … « Nous dévoilons pour la première fois le nombre de nos combattants pour éviter une guerre civile. Aux Forces libanaises [chrétiennes] et à leurs dirigeants, je dis : « Si une guerre éclate demain, Israël, les États-Unis ou l’Arabie saoudite viendront-ils à votre aide » ?
Par ses propos, Nasrallah surestime le nombre de ses forces pour améliorer l’image de la puissance militaire du Hezbollah, mais en réalité il confirme que le Liban est un État au sein du mouvement chiite, non seulement un mini-État au Liban.
L’objectif stratégique du Hezbollah et de l’Iran est de maintenir la stabilité interne et le contrôle continu du Liban à travers les institutions légitimes du pays. Aux yeux de l’Iran, le Hezbollah demeure le plus grand succès de la politique étrangère iranienne au Moyen-Orient, et les ayatollahs sont déterminés à le protéger et à le préserver.
Dans ce contexte, le Hezbollah et l’Iran ne permettront pas non plus au juge Tarik Bitar, qui enquête sur l’explosion du port de Beyrouth, de porter atteinte à la réputation du Hezbollah et de lui reprocher les méfaits qui ont conduit à la catastrophe. Par conséquent, ils insistent sur la révocation du juge. Dans le même temps, le Hezbollah exige des poursuites contre ceux qui ont tué des civils chiites le 14 octobre 2021.
À ce stade, la menace pour la sécurité intérieure du Liban demeure. Malgré les efforts du Hezbollah pour éviter une violente détérioration, les tensions provoquées par les « Forces libanaises » peuvent devenir incontrôlables, précisément au moment où le Liban est confronté à une crise économique et se trouve au bord du gouffre.