L’Iran intervient au Sahara contre le Maroc
Les ambitions hégémoniques de l’Iran au Moyen-Orient, de la Syrie et du Liban jusqu’au Yémen, sont bien connues.Mais voilà que cet étendard chiite se répand dernièrement au-delà de notre région vers les extrémités de l’Afrique du Nord.
Nous apportons ces jours-ci une preuve irréfutable qui confirme que le régime iranien cherche à intervenir dans le conflit sur le Sahara occidental en soutenant les forces du Polisario qui combat contre l’armée marocaine, un allié fidèle de l’Occident.
Ces jours-ci, le Maroc a rompu ses relations avec l’Iran, en raison justement du soutien militaire apporté par l’Iran, via son allié le Hezbollah, au Front Polisario, mouvement indépendantiste du Sahara occidental.
« Le Maroc a des preuves irréfutables sur ce soutien militaire », a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à l’agence officielle MAP. Rabat soutient que l’Iran et son allié le Hezbollah auraient entraîné des combattants sahraouis et leur auraient fourni des armes.
Soulignons également que les Gardiens de la Révolution islamique entraînent dans le cadre de la brigade el Qods des dizaines de Marocains chiites, en majorité des binationaux ayant également la nationalité européenne, pour les déployer dans les zones de conflit. Malgré les démentis officiels de l’Iran sur « le maintien d’un « gel de ses relations avec le Polisario », l’objectif de l’Iran est de déstabiliser toute la région du Sahara occidental. Téhéran collabore étroitement avec l’Algérie, dont le régime adopte depuis plusieurs décennies une politique radicale au sein du monde arabe sunnite.
Le Front Polisario refuse tout compromis et cherche, par tous les moyens, à faire rompre la zone du Sahara Occidental avec le Maroc, créant un mouvement irrédentiste qui menacera l’intégrité territoriale du Royaume chérifien.
Amir Mousavi, l’attaché culturel iranien à Alger, s’active auprès du Polisario
L’Iran utilise son ambassade en Algérie pour faire avancer ses objectifs. C’est par ce canal diplomatique que passe la fourniture d’armes et l’aide financière. Les Iraniens ont utilisé leur satellite libanais, le Hezbollah, pour cette opération. Le Hezbollah est un bras opérationnel pour l’Iran au Moyen-Orient puisque ses membres parlent l’arabe, par opposition au farsi (persan), la langue parlée en Iran.
Le Maroc dispose désormais d’une riche documentation sur les livraisons d’armes effectuées par le Hezbollah au Polisario. Celles-ci comprennent des missiles sol-air SAM-9 et SAM-11, mais aussi des missiles SAM-7 (Strela) bien connus dans la région et capables d’abattre des avions civils.
L’un des personnages clés de la relation entre l’Iran et le Polisario est l’Attaché culturel iranien à Alger, Amir Mousavi. Le Hezbollah forme le Polisario depuis 2016. Une délégation du Hezbollah a visité le siège du Polisario dans la région de Tindouf, dans l’ouest de l’Algérie. Le Ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a révélé que la première cargaison d’armement iranien avait été envoyée au Polisario en avril 2018. L’assistance civile iranienne en Afrique se poursuit depuis des années. En 2009, suite à la rupture des relations de la Mauritanie avec Israël, Téhéran avait pris en charge un hôpital unique en Afrique pour le dépistage du cancer. Il fut construit et suivi à Nouakchott par des ingénieurs et conseillers médicaux israéliens.
L’escalade au Sahara aura des conséquences graves pour toute la région. La forte implication de l’Iran en Irak et en Syrie a déjà conduit à une vague de réfugiés arabes, pour la plupart sunnites, vers l’Europe. Au cours de ces dernières années, s’ajoute une vague croissante de migrants africains vers l’Italie via la Libye.
Un conflit au Sahara occidental pourrait potentiellement créer un nouveau centre d’instabilité menant à une nouvelle vague de réfugiés en Europe. Le Maroc se trouve à l’autre bout du détroit de Gibraltar, à environ 15 kilomètres de l’Espagne, et pourrait présenter un nouveau point de départ pour tous ces réfugiés qui souhaiteront échapper à la violence.
Selon certains observateurs et commentateurs de la presse arabe, la crainte que les Iraniens espèrent recruter des terroristes pour déstabiliser le Moyen-Orient et même menacer l’Europe est à prendre avec vigilance et sérieux.
Dore Gold et Shimon Shapira
Pour citer cet article :
Dore Gold et Shimon Shapira, « L’Iran intervient au Sahara contre le Maroc », Le CAPE de Jérusalem, publié le 9 mai 2018 : http://jcpa-lecape.org/liran-intervient-au-sahara-contre-le-maroc/