Les menaces contre Israël face aux arrangements sécuritaires
Dans le cadre d’un accord de paix avec les Syriens, comment résoudre le dilemme d’un retrait du Golan et pouvoir se défendre sans ce plateau stratégique? Sur ce point, nous pouvons inclure des mesures de sécurité spécifiques. Pourtant cette approche est basée sur un certain nombre d’hypothèses et qui au fil des ans ont bien évolué.
Les événements de la dernière décennie ont révélé également un changement marqué dans les types de menaces présumées concernant la création d’un Etat palestinien ou de l’entité palestinienne existante. Cela implique un virement à trois types d’armement qui contredisent l’orientation discutée pour les arrangements de sécurité.
Les roquettes et missiles positionnés en Cisjordanie couvriraient facilement le rayon des dimensions de l’Etat d’Israël. Les missiles anti-aériens sophistiqués seraient capables d’abattre non seulement les avions de ligne en vol à destination de l’aéroport international Ben Gourion, mais aussi des hélicoptères et même des avions de chasse. Les missiles antichars, très efficaces, et à une portée de 5 km peuvent facilement atteindre des positions stratégiques, telle que l’autoroute nord-sud d’Israël mais aussi d’autres objectifs et artères routières.
Le dénominateur commun consiste sans doute par les facilités de la contrebande et de la fabrication de matériel militaire et d’explosifs, existant déjà dans la bande de Gaza. Aucun système de surveillance ne sera en mesure de contrer le phénomène. Seuls une présence et un contrôle efficace dans la vallée du Jourdain et le long de la frontière israélo-jordanienne pourront empêcher la contrebande des divers types d’armes.
En outre, un retrait d’Israël sur les lignes d’armistice de 1949, transformera la Cisjordanie non seulement en propriété de l’Autorité palestinienne, mais deviendra aussi une arène hostile pour nos ennemis tels le Hezbollah et la Syrie. De ce fait, en déterminant les mesures de sécurité en Cisjordanie, nous devons étudier une approche plus large, au-delà des besoins sécuritaires vis-à-vis des Palestiniens.
Durant l’année 1999-2000, Israël a négocié avec les Syriens et les Palestiniens simultanément. Lors de ces pourparlers, Israël était prêt à abandonner le plateau du Golan afin de parvenir à un accord de paix avec la Syrie, et une grande partie de la Cisjordanie en faveur des Palestiniens. Des mesures de sécurité étaient censées compenser Israël pour la perte de ces territoires. A l’époque, cette approche était partiellement juste bien qu’elle a été traitée à court terme.
Les négociations avec et les mesures de sécurité
Quand les questions de défense ont été débattues pour aboutir à un accord de paix avec la Syrie, le Premier ministre et son ministre de la Défense ont affirmé (à mon avis, à juste titre) que sans les Hauteurs du Golan le pays serait incapable de se défendre. Dans ce cas précis, nous devons assurer que dans tout accord de paix des mesures de sécurité spécifiques éloigneraient les divisions armées syriennes vers l’Est, tandis que les divisions israéliennes seraient stationnées sur les rives du Jourdain près du plateau du Golan.
Il est stupéfiant de constater que durant le gouvernement Olmert, Israël a négocié avec la Syrie, quoique indirectement par l’intermédiaire des Turcs, sans préalablement étudier professionnellement les enjeux sécuritaires sur les implications possibles en cas de retrait des Hauteurs du Golan. J’affirme sans équivoque que depuis l’an 2000 à ce jour, aucune discussion ou simulation, même au niveau le plus élémentaire, n’ont été tenues pour examiner la capacité d’Israël à se défendre sans le plateau du Golan. Ce n’est seulement qu’après une étude approfondie de la question que le gouvernement serait capable de prendre des risques.
Préparation face aux nouvelles menaces.
Durant les négociations avec les Palestiniens Israël a perçu deux types de menaces.
La menace militaire – suite aux développements possibles en Jordanie, en Irak (Lorsque Saddam Hussein gouvernait encore) ainsi que d’autres menaces sur le front Est.
Le terrorisme – en provenance de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il s’agissait de terroristes palestiniens tentant de mener des attentats suicides en Israël. La réponse à de telles menaces a pris la forme d’un obstacle, d’une barrière de sécurité, d’un véritable mur et de l’appui des services de renseignements.
Mais les évènements au cours des dix dernières années ont modifié les types de menaces avec l’approche de la création d’un Etat palestinien. Cela a impliqué des problèmes difficiles à gérer.
1. Les roquettes et missiles de différents calibres et types stationnés en Cisjordanie facilement capables de couvrir tout le territoire de l’Etat d’Israël.
2. Les missiles anti-aériens sophistiqués capables d’abattre des avions civils, des hélicoptères et même des avions de combat.
3. Les missiles antichars menaçant les artères routières et les cibles sensibles.
La nécessité de contrôler le territoire
Il y à peine dix ans, la réponse pour faire face à la menace palestinienne était la création nbsp;un Etat palestinien démilitarisé. Mais qu’est ce que cela signifie ? Si un tel Etat est démuni de chars, d’artillerie, et d’avions, il est probable qu’un accord détaillé à cet effet sera signé et un système de suivi sera mis en place pour superviser son application. Cependant, la véritable menace provient des tirs de roquettes, de missiles anti-aériens et des missiles antichars et des facilités de la contrebande et de la fabrication clandestine et artisanale.
Aucun système de surveillance n’est pas en mesure de contrecarrer cette infrastructure qui est déjà florissante dans la bande de Gaza.
Pour exemple, dans un convoi de plusieurs dizaines ou même centaines de camions transportant des produits agricoles, il est presque impossible de détecter des roquettes dissimulées dans le tas.
Un stockage de telles armes est aussi possible dans les caves et greniers des maisons situées dans les quartiers de Toulkarem, de Kalkilya, ou Naplouse. Nous pourrions savoir leur existence le jour où elles seront utilisées contre Israël. Il est plus “facile” de combattre des chars où des tirs d’artillerie que de lutter contre la contrebande ou la production locale de roquettes. “L’Etat démilitarisé” est presque un concept dénué de sens, s’il n’est pas accompagné par un système de surveillance et de contrôle.
Accord avec les Palestiniens – le lien régional
Dans ce contexte, seul un contrôle efficace de la vallée du Jourdain, le long de la frontière israélo-jordanienne, pourra empêcher la contrebande de ces types d’armes. Actuellement, 14 kms de la frontière Gaza-Egypte ne sont pas sous contrôle israélien et donc l’infiltration ou la contrebande d’armes à Gaza est active. Un renoncement israélien au contrôle des villes palestiniennes en Cisjordanie, n’entraînera que des risques.
En l’an 2000, certains souhaitaient traiter le terrorisme par le biais des services de renseignement, de la coopération, et de la mise en place d’une barrière efficace de sécurité. Aujourd’hui, le terrorisme a pris une forme différente avec les menaces du Hezbollah et d’une guerre éventuelle avec la Syrie.
Contrôle sur le terrain –aspects tactiques
Il existe un certain nombre d’aspects tactiques qui devraient être considérés sur la capacité défensive réelle.
1. la ligne de visibilité est un avantage très significatif dans la capacité de tir et donc il est essentiel de ne pas permettre à l’ennemi sa maîtrise sur la ligne de visibilité et le déplacer de la frontière vers plusieurs kms à l’Est, non seulement en distance mais aussi en ligne topographie. Dans ces conditions, les Palestiniens ne seraient pas en mesure de contrôler, pour exemple, l’autoroute 6 israélienne et différents sites sensibles.
2.Une distance minimale est nécessaire pour détecter les postes ennemis et pouvoir déployer les forces requises. Cette largeur n’existe pas dans la « ceinture » étroite des 15 kilomètres qui sépare les lignes d’armistice de 1949 de la Méditerranée.
Ces questions fondamentales sont importantes en l’absence d’une « marge » de sécurité et illustrent les exigences élémentaires impliquées dans des scénarios probables.
Les changements dans la politique américaine concernant le droit d’Israël à l’auto-défense indépendante.
Il existait toujours une différence entre la politique américaine et européenne. L’ancien Président Bush a reflété une attitude qui était acceptable par toutes les administrations américaines durant les deux dernières décennies – “Israël devrait être assez fort pour pouvoir se défendre seul contre toute menace possible.”
L’attitude européenne est différente. Les Européens estiment qu’il est important de sauvegarder l’existence d’Israël et sa sécurité mais ne sont pas convaincus que l’Etat juif serait capable, tout seul, d’assurer sa propre sécurité. Ils suggèrent donc différentes solutions, telles que la démilitarisation de la Cisjordanie, une force internationale, ou des garanties internationales. Pourtant, l’Histoire nous rappelle de nombreux exemples négatifs dans la mise en œuvre de telles solutions.
Aujourd’hui, nous assistons à un changement significatif dans la politique américaine et elle demeure notre source de préoccupation. L’impatience domine les intentions et nous l’avons constaté dans le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) et dans l’affaire de la flottille de Gaza.
Les Etats-Unis se rapprochent en effet de la politique européenne sur la solution du conflit et Israël perd sa principale source de soutien pour pouvoir parvenir à des mesures de sécurité viables. Israël pourrait être entraîné à une solution impliquant une force internationale et des garanties internationales et ainsi pourrait conduire le pays à un niveau sécuritaire bien bas.
Extraits d’une étude du général Guiora Eiland présentée au JCPA. Voir aussi son étude concernant les “frontières défendables sur le plateau du Golan” publiée par le JCPA-CAPE.